En ligne, de plus en plus d’arnaqueurs en tout genre vous promettent de vous soigner « naturellement », grâce à une nouvelle alimentation ou un remède miracle, reniant la science et la médecine et mettant en danger la vie des gens. Le tout pour générer de l’argent sur le dos du désespoir.
Certains individus n’ont absolument aucun scrupule, tandis que d’autres sont au bord du gouffre. Dans ces conditions, il devient aisé pour les premiers de profiter des seconds. Sur le web, de véritables gourous de la santé sont prêts à tout pour faire tourner leur business.
Promettre monts et merveilles
Les publicités fleurissent partout en ligne : réseaux sociaux, vidéos, courriels, sites web… À chaque fois, la technique est la même. On vous promet tout ce dont vous pouvez rêver : perdre du poids, guérir toute sorte de maladies, y compris les plus graves, ou tout simplement améliorer votre santé et votre bien-être.
Évidemment, les prédicateurs qui vous font ces promesses ne sont pas des philanthropes. Ils réclament toujours des compensations financières pour vous dévoiler leurs méthodes miracles. Et parfois, les tarifs demandés sont littéralement exorbitants.
Surfer sur une vague de désespoir
Seulement, ces escrocs utilisent un levier très puissant pour arriver à leur fin : le malheur des gens. Imaginons, par exemple, que vous souffriez de surpoids et que malgré tous vos efforts, vous ne parveniez pas à surmonter cette situation. Poussé par une société superficielle où le paraître a pris le pas sur l’être, vous pourriez facilement succomber aux sirènes d’un « remède miracle ».
Pire encore, si l’on vous annonce que vous êtes atteint d’une terrible maladie, comme un cancer, et que l’on vous explique que vos chances de survie sont presque inexistantes, vous seriez peut-être tenté d’essayer n’importe quoi pour vous en sortir. Ayant bien conscience de la détresse psychologique de ce genre de personne, de nombreux arnaqueurs n’hésitent donc pas à profiter de ces faiblesses pour générer de l’argent.
Rupture de confiance avec « l’officialité »
L’une des autres cordes sur laquelle les gourous de ces méthodes miracles jouent est celle du complotisme. Ils exploitent ainsi la rupture de confiance qui s’est opérée entre une bonne partie de la population et les autorités. Ces dernières ont d’ailleurs une responsabilité immense dans cette affaire puisqu’en maltraitant et méprisant le peuple pendant des années, elles ont fini par inciter de nombreuses personnes à rejeter tout ce qu’elles pourraient défendre, uniquement par principe.
On arrive donc dans une situation ubuesque où la défiance envers l’État et les promoteurs du capitalisme est telle que, même lorsqu’ils vont énoncer une réalité, ils seront directement repoussés. Ainsi la science et la médecine sont englobées dans ce système qu’il faudrait intégralement écarter. On l’a d’ailleurs particulièrement constaté lors de la crise sanitaire où une bonne partie de la population s’est opposée à la vaccination. Ce rejet des vaccins en général était, en outre, palpable dans une enquête de 2019 qui affirmait que 66 % des manifestants pensaient que les autorités tentaient de cacher la nocivité de ces injections.
Ce refus sans aucune nuance de tout ce qui est défendu par l’État conduit certaines personnes à véritablement entrer dans une réalité parallèle. Happés par le biais de confirmation, ils absorbent ainsi toute « information » qui peut aller à contresens du « discours officiel ».
L’extrême droite en pole position
Ce phénomène est d’ailleurs très présent dans les milieux identitaires. Le collectif citoyen « l’extracteur » en a largement fait la démonstration avec une cartographie des nombreux liens entre l’extrême droite et le complotisme. On l’a aussi particulièrement constaté avec l’émergence du mouvement QAnon.
En s’érigeant en « résistants » ou en « dissidents », les leaders de ces mouvances complotistes s’attirent la sympathie de nombreux laissés pour compte de la société capitaliste. Seulement, ce sont finalement encore eux qui sont les dindons de la farce, puisque l’objectif réel de ces prédicateurs est simplement d’engendrer un maximum de revenus.
Alain Soral est sans doute l’un des exemples les plus parlants dans ce type de comportement. Déjà en 2015, l’Obs révélait les dizaines de milliers d’euros que le polémiste, chantre de l’antisémitisme, générait grâce à son discours obscurantiste.
Le pire avec les théoriciens du complot, c’est que pour faire fructifier leurs revenus, ils n’hésitent pas à embrasser toujours plus d’hypothèses farfelues, quitte même à se contredire. Certains affirmaient ainsi, d’un côté, que le Covid-19 était inoffensif et de l’autre, qu’il s’agissait d’un virus sciemment répandu pour nous exterminer. Le but est évidemment ici de toucher un maximum de personnes possibles en flattant leur a priori, les gens ne retenant généralement que ce qui les arrange.
Au diable la science
Évidemment, parmi les théories les plus surprenantes, certaines s’opposent radicalement au discours scientifique. On peut par exemple entendre dans la bouche de certains que la lune serait creuse, que les dinosaures n’auraient jamais existé, ou encore que la terre serait plate.
On pourrait presque en rire si certaines allégations n’allaient pas jusqu’à risquer la vie des gens. En effet, lorsque l’on gravite dans ce genre de sphère, on peut très vite adhérer à un certain nombre de soins alternatifs. Le problème, c’est que bien souvent, ces pratiques ne fonctionnent tout simplement pas. Et en rejetant une médecine qui a, elle, fait ses preuves, on peut définitivement se mettre en danger. Thierry Casasnovas, lui aussi lié l’extrême droite, prétend ainsi pouvoir guérir n’importe qui avec son alimentation basée sur le cru (qui n’a en plus rien de sain). Pire encore, il tient régulièrement des propos anti-science, n’hésitant pas à aller jusqu’à nier l’existence du sida et décrivant le traitement comme nocif.
Le problème, c’est que certains finissent par croire à ce genre de sornettes. On peut prendre l’exemple de l’ancien chanteur canadien Bernard Lachance. Séropositif, il avait complètement stoppé son traitement après avoir adhéré à des théories du complot. À tel point qu’il était lui-même devenu une figure de proue des conspirationnistes au Québec. Des idées qui lui ont finalement coûté la vie puisqu’il a succombé à sa maladie en 2021.
Il s’agit en tout cas d’une démonstration que les prédicateurs sont parfois sincèrement convaincus par ce qu’ils racontent, au point de mettre en danger leur propre existence. Et pire encore, dans ce genre de cas, ils peuvent aussi transmettre le virus à des personnes innocentes en ne se protégeant pas durant leur rapport sexuel.
L’appel à la nature
La méfiance envers la médecine occidentale et de la science trouve également un écho au sein de certains milieux de gauche et de la mouvance « new age ». Avec l’accélération technologique et la folie consumériste, certains cherchent alors à « se reconnecter avec la nature » et finissent donc par tomber dans le panneau.
On rejette ainsi les médicaments parce qu’ils sont fabriqués par des industries pharmaceutiques parfois liées à des scandales importants (et là encore, comme pour la rupture de confiance entre l’État et les citoyens, la responsabilité des firmes est immense).
Et pourtant, le fait que des problèmes aient pu exister sur certains médicaments ne remet pas en cause l’utilisation de chacun d’entre eux, en particulier ceux dont l’usage est éprouvé depuis des décennies.
De plus, ce n’est pas parce que la technologie est devenue omniprésente dans notre société qu’il faut renier l’idée même de science. Un remède de grand-mère ne remplacera jamais un vrai traitement, spécialement pour une pathologie très grave.
Il n’existe pas de remède miracle
Bien évidemment, se nourrir correctement, faire du sport et avoir une bonne hygiène de vie ne peut être que bénéfique pour le corps humain. En revanche, décrire cette simple routine comme suffisante pour affronter toutes les maladies n’est rien de plus qu’une chimère.
De manière générale, il n’existe aucun remède miracle répondant à toute embûche. Et c’est bien à cela que l’on reconnaît généralement les escrocs : contre tout problème est présentée une solution unique. On le constate encore aujourd’hui avec des arnaques basées sur des « soins énergétiques » ou des « chambres à tachyons ».
Ces méthodes, souvent fondées sur une pyramide de Ponzi, peuvent très vite dégénérer et conduire leurs adeptes jusqu’à rejoindre des mouvements sectaires. Et il n’y a évidemment rien à y gagner, ni pour la santé ni pour son porte-monnaie. Sauf bien sûr pour l’instigateur du système.
Aujourd’hui, c’est la Miviludes qui observe et analyse le phénomène sectaire, coordonne l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre de ces dérives, et informe le public sur les risques et les dangers auxquels il est exposé.
– Simon Verdière
Photo de couverture de Elia Pellegrini sur Unsplash