Nouveau rebondissement dans l’affaire Julian Assange ; la Suède aurait détruit bon nombre de documents concernant le journaliste australien. Ce dernier est toujours persécuté par les États-Unis pour avoir révélé les crimes de guerre américains en Irak. Un geste qui est loin d’être anodin. Explications. 

Privé de liberté depuis 2010, Assange est encore aujourd’hui enfermé dans un pénitencier anglais en attendant une possible extradition vers l’Amérique où il risque 175 ans de prison. Depuis toutes ces années, il est victime d’une justice soumise aux intérêts américains.

Parodie de justice

À maintes occasions, on a pu constater à quel point les accusations contre le créateur de Wikileaks n’avaient aucun fondement. Enchaînant scandale sur scandale, la justice et l’État anglais se sont ridiculisés à plusieurs reprises. On se souvient par exemple que des courriels capitaux dans cette histoire avaient été supprimés par le service de poursuite judiciaire du pays.

Selon des révélations du média italien il Fatto Quotidiano, le parquet suédois a lui aussi fait détruire de nombreux documents concernant Julian Assange. Des procureurs scandinaves avaient notamment enquêté sur une fausse affaire de viol, montée de toutes pièces, afin de discréditer le journaliste. Les accusations ont d’ailleurs depuis été abandonnées.

Entreprise de destruction de réputation

Ce sont notamment les correspondances entre les services anglais et suédois qui ont été détruits par l’État nordique. Les deux pays échangeaient ardemment à l’époque puisque Julian Assange se trouvait à Londres au moment des accusations orchestrées contre lui.

Si le véritable tort du lanceur d’alerte aux yeux du gouvernement américain et de ses subordonnés européens est bien d’avoir révélé des crimes de guerre, il était difficile de retourner l’opinion contre lui avec de tels faits, bien au contraire.

C’est donc grâce à ces accusations de viol que les autorités de ces différents pays comptaient bien rendre la population très hostile au journaliste australien. Et même si cette affaire ne reposait sur rien du tout, elle a en tout cas réussi à atteindre la réputation du concerné.

Les preuves d’une machination ?

Ce phénomène a, de fait, permis que la majorité de l’opinion publique ne s’émeuve pas trop du sort de Julian Assange. La destruction de la correspondance entre les deux nations pourrait pourtant laisser penser qu’il existait des indices d’un complot.

C’est d’ailleurs cette imputation qui a d’abord conduit Julian Assange à s’enfermer dans l’ambassade équatorienne de Londres, dans laquelle il a dû rester cloîtré pendant sept longues années, mettant ainsi en danger sa santé mentale.

Des milliers de pages d’échange disparues

La question est donc de savoir pourquoi les échanges entre les deux pays ont été effacés. D’après les autorités britanniques elles-mêmes, ces communications représentaient entre 7200 et 9600 pages de correspondances, ce que la Suède refuse de confirmer.

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Il Fatto Quotidiano a réussi à obtenir à peine 310 pages de ces échanges. C’est dans ce contenu qu’il a pu lire que Marianne Ny, la procureure suédoise, à l’origine des charges contre le journaliste, a évoqué la possibilité de détruire des documents.

Un mystérieux échange avec le FBI

Toujours selon le média transalpin, Marianne Ny aurait également échangé avec le FBI en mars 2017, et elle aurait supprimé toutes traces de cette conversation. Une période qui correspond au moment où les autorités américaines étaient particulièrement furieuses contre Wikileaks qui avait dévoilé des fichiers secrets du FBI. À tel point, qu’on apprendra plus tard qu’il avait été envisagé de faire assassiner Julian Assange.

Malgré les demandes répétées du journal, les deux instances britannique et suédoise refusent de divulguer ce que contenaient tous ces mails. Et ce, même si la vie de Julian Assange reste en suspend.

– Simon Verdière


Photo de couverture : Londres (Royaume-Uni), le 18 août 2014, le ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño et Julian Assange ont offert une conférence de presse en présence de médias internationaux. Photo : David G Silvers. Ministère des affaires étrangères de l’Équateur. Source : Flickr

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