En tête du cortège de 200 jeunes qui descendaient les rue de Papeete (Tahiti) le 16 mars dernier, Nathalie Hoang, élève en Terminale économique et sociale, espère que le mouvement perdurera dans le temps. Elle nous explique pourquoi, du haut de ses 17 ans, elle marchait le week-end dernier.
Mr Mondialisation : À Tahiti, quelle menace concrète représente le changement climatique ?
Nathalie Hoang : Le dérèglement climatique reflète une crise à la fois écologique, économique, mais aussi existentielle. En effet, nous (militant.e.s écologiques) avons la volonté de faire évoluer un mode de vie qui est devenu écologiquement insoutenable. À Tahiti, en Polynésie française, et notamment dans les autres pays du pacifique, nous sommes face à des menaces environnementales.
Tout d’abord, nous constatons une modification des zones côtières avec la montée des eaux. Le dérèglement climatique imposera un déplacement massif de populations vers des zones déjà surpeuplées (des atolls vers les îles hautes). Puis, la montée des eaux entraîne une salinisation des sols qui entrave les cultures, ce qui influencera l’accès à l’eau et la biodiversité.
De ce fait, les îliens vont de plus en plus dépendre des importations. Enfin, les changements climatiques induisent une augmentation en nombre et en intensité des catastrophes dîtes naturelles (tempêtes, inondations, sécheresses, incendies, etc.).
Mr Mondialisation : Pourquoi vous êtes-vous mobilisée le 16 mars dernier ?
Nathalie Hoang : Le Samedi 16 mars 2019 était un éveil des consciences sur le plan écologique. Je souhaiterais que la Polynésie française soit en phase avec les valeurs de progrès, mais également de protection de l’environnement. Cette mobilisation devrait inciter le gouvernement à l’innovation environnementale et à la création d’emplois.
En 2015, selon l’Institut des Statistiques de la Polynésie française, vingt pour cent des Polynésiens vivaient sous le seuil de pauvreté. Nous souhaitons agir au niveau des plus hautes instances des pays afin de faire diminuer ces injustices. Depuis mon plus jeune âge, j’ai cette conscience écologique. Au fil des années, j’ai entrevu la nécessité d’éveiller, mais surtout de réveiller une conscience écologique collective. Le 15 et 16 mars 2019 ont été une opportunité d’échanger sur des sujets écologiques et sociétaux, ce qui nous a notamment donné la possibilité de nous exprimer et mettre nos dirigeants face à leurs responsabilités. In fine, nous devons pérenniser ce type d’actions pour sensibiliser les citoyennes et les citoyens que nous sommes au développement durable.
Mr Mondialisation : Quel message souhaitez-vous adresser à la société ?
Nathalie Hoang : Nos convictions écologiques n’ont de sens que si elles se manifestent également à travers notre mode de vie. La prise de conscience ne doit pas être seulement individuelle, mais également collective. Soyons toutes et tous des citoyennes et citoyens écologiquement responsables !
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Mr Mondialisation : Quel était votre sentiment à l’issue de la manifestation et quelle suite proposez-vous pour ce mouvement climatique en train de naître ?
Nathalie Hoang : Pour la première fois de l’histoire de la Polynésie française, la jeunesse s’est sentie concernée et s’est mobilisée en masse pour l’avenir du Fenua. Nonobstant, c’est toute une population qui doit se lever. Alors, je suis fière de cette jeunesse qui a su se mobiliser, s’unifier. C’est maintenant aux jeunes d’initier le mouvement, de porter les initiatives ou/et de les créer, de sensibiliser. Nous nous sommes mobilisé.e.s pour les générations futures. Nous avons pris et nous prenons notre part de responsabilité et avons appelé, appelons donc le gouvernement, et vous tout.e.s à prendre les siennes pour mettre en œuvre les mesures qui s’imposent. La mobilisation exceptionnelle et grandissante de notre génération pour le climat doit bien être comprise comme un signal que des seuils ont largement été franchis. Il n’y aura pas de marche arrière. J’ai vu des élèves, étudiant.e.s qui se sont engagé.e.s pour notre Fenua, mais surtout comme citoyen.ne.s du monde.
De nombreuses propositions ont été présentées au gouvernement polynésien, tel que le projet « STOP GOOGLE!!! ». Nous souhaiterions mettre en place dans tous les établissements scolaires une page qui s’ouvrirait automatiquement pour mettre en avant des moteurs de recherche « alternatifs », ayant des objectifs sociaux et/ou environnementaux. Remplacer Google par Lilo, Ecosia, etc. Cette mobilisation pour le climat qui s’est manifesté dernièrement est amenée à se poursuivre dans l’avenir.
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