Dans l’Aude, département du sud de la France, les paysans sont de plus en plus nombreux à réaliser l’importance de préserver les sols en faisant évoluer les pratiques agricoles. Le webdocumentaire Terres d’espérances, réalisé par cinq jeunes étudiants de manière indépendante, nous propose d’aller à leur rencontre.

L’Aude fait partie des départements français où l’agriculture biologique a le vent en poupe. S’y pose néanmoins, comme partout ailleurs, la question de la dégradation accélérée des sols, véritable menace mondiale pour l’avenir de la production agricole. Dans son dernier rapport très commenté sur la biodiversité, la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) soulignait que « la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale ». Ce chiffre inquiète au plus haut point, puisqu’au moment où la population mondiale ne cesse d’augmenter, il met en lumière le risque que la faim, qui touche aujourd’hui environ 820 millions de personnes dans le monde, recommence à progresser (ce qui est déjà le cas selon les chiffres les plus récents).

Crédit image : Terres d’espérances

Les nouveaux visages d’une agriculture en recherche d’une rupture

Le webdocumentaire de la jeune équipe d’étudiants en photographie âgés de 20 à 23 ans Aline Lafoy, Jeanne Fourneau, Lilian Cazabet, Quentin de Groeve et Valentino Belloni ne se limite pas à ce constat. Il propose de partir à la découverte, dans l’Aude, de professionnels du monde agricole qui tentent à leur échelle de lutter contre le phénomène en réinventant la pratique de leur métier. Les auteurs du webdocumentaire nous emmènent ainsi dans la coopérative La Cavale à Limoux, où les résidus de vinification sont utilisés pour produire un compost appelé « Marc de raisin », substrat qui est ensuite réintroduit dans les vignes audoises. Ils nous proposent également de rencontrer Sabine Cros, une productrice d’herbes aromatiques à Belpech. L’agricultrice produit des lavandes pour les transformer en huiles essentielles et pratique le couvert végétal : la couverture permanente ou temporaire des sols permet en effet de lutter contre leur érosion. Dernier exemple frappant, celui de Marc Zindel, qui pratique la permaculture à Rieux-Minervois. Ce dernier constate la différence de niveau entre son terrain et les terres érodées de son voisin viticulteur.

Tous ces professionnels racontent comment ils expérimentent des techniques pour rompre avec les pratiques intensives et réduire ainsi de manière significative le processus de dégradation des sols, voire enrichir leurs terres. Avec nuances, le webdocumentaire expose leurs réussites, mais également les difficultés techniques et économiques qu’ils peuvent rencontrer. Mais ce n’est pas tout. Leur expérience est confrontée aux témoignages de plusieurs scientifiques et agronomes, dont celui de Claude Bourguignon, connu pour alerter depuis plusieurs années déjà avec sa femme Lydia Bourguignon sur l’importance de préserver la qualité des sols.

Crédit image : Terres d’espérances

« Le sol représente le capital de l’agriculteur »

« On a décidé de repartir de la base de l’agriculture », détaille Lilan, l’un des réalisateurs, pour expliquer le point de vue choisi. « Le sol représente le capital des agriculteurs. Nous voulions explorer les méthodes auxquelles ils peuvent recourir pour en prendre soin« , précise-t-il. Traction animale plutôt que traction mécanique pour éviter le tassement, enrichissement des sols grâce à des amendements en matières organiques, voici certaines des méthodes présentées dans les courtes et instructives vidéos de Terres d’espérances.

L’ensemble du webdocumentaire est en libre accès sur le site de Hans Lucas. Pour suivre l’actualité de ce webdocumentaire, ici.

Crédit image : Terres d’espérances
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