Parce qu’un petit classement fait toujours du bien pour avoir les idées claires, voici le top 5 des pires bilans carbone de nos politiciens.

Alors que les 1 % les plus riches explosent leur budget carbone en 10 jours seulement, et qu’un ministre sur deux du gouvernement français possède un patrimoine de plus d’un million d’euros – les plaçant parmi les 5 % des Français les plus riches, certains de nos responsables politiques affichent sans vergogne des modes de vie ultra-luxueux, en total désaccord avec l’urgence climatique.

Voici un top 5 des pires bilans carbone de nos chers politiciens. À noter que ce palmarès n’est pas exempt de rectifications dans les mois à venir, nous attendons les prochains scandales pour les mettre à jour ! 

1. François Fillon

Francois Fillon aux cérémonies du 11 Novembre 2008. Wikimedia.

Sans parler du détournement de fonds public, François Fillon, à ne pas confondre avec le poète François Villon, tout aussi margoulin dans l’âme, en tient une couche. 

27 000 euros. Pour certains, c’est un salaire annuel. Pour lui, un aller-retour dans sa résidence secondaire effectué chaque week-end, comme le relate un article du Monde, où on peut lire bon nombre d’informations croustillantes sur Fifi.

Par exemple, quand il était Premier ministre, Fillon utilisait régulièrement un avion Falcon 7X de la République pour rentrer chaque week-end dans sa résidence de la Sarthe, alors que le TGV aurait été plus rapide et beaucoup moins cher. Cela aurait couté, selon Révolution Permanente, environ 1,3 million d’euros par an et 1,8 tonnes de CO₂ par aller-retour, quasiment le nombre de tonnes (2 tonnes) que l’on doit respecter individuellement pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C.

En 2017, lors de la campagne présidentielle, il a également utilisé un jet privé pour un Calais – Lille (environ 110 km), qui prend peu ou prou 1h15 en voiture ou en train. Alors certes, « l’écologie, ce n’est pas sa tasse de thé » comme l’affirme cet article de Reporterre, pourtant Fillon, a déclaré que « l’écologie est trop importante pour être confiée à EELV », critiquant le parti écologiste pour ses divisions internes et ses « tactiques politiciennes » dans un article pour Le Point. On pourrait décidément aussi lui remettre le prix de l’hypocrisie. 

Car cerise sur le gâteau, Fillon a soutenu des « grands projets d’intérêt général » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il voulait accélérer ces projets en simplifiant drastiquement les recours juridiques, ce qui aurait limité la capacité des citoyens et associations à s’opposer à des chantiers à fort impact environnemental, selon le média GEO.

2. Christophe Castaner

Cet ancien ministre va vous surprendre ! 

Réunion publique en Marche du 14 juin 2017 à Carpentras, avec Brune Poirson, Christophe Castaner et Francis Adolphe. Wikimedia.

On ne va pas parler ici de son impact carbone personnel, mais décisionnel, disons, par effet ricochet. On aurait pu lui remettre la médaille d’or du greenwashing, mais restons sur notre palmarès actuel : l’ancien ministre de l’Intérieur a récemment été nommé conseiller au sein du comité Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) du groupe chinois Shein, leader mondial de la fast fashion. 

Castaner défend publiquement Shein, affirmant que l’entreprise «  a compris qu’il lui incombait de prendre des initiatives vertueuses  » et qu’elle vise «  zéro émission de carbone à l’horizon 2030  », des propos qualifiés de «  démagogiques et mensongers  » par les professionnels du secteur, selon un article du Monde.

On ne mord pas la main qui nous nourrit, n’est-ce pas ? Lors d’une conférence de presse en janvier 2025, Castaner s’est opposé à l’idée de taxer davantage Shein, déclarant : «  C’est vraiment un réflexe de feignant de considérer que quand il y a un problème, faut faire une taxe  ». Il dénonce la mise en place d’une TVA sur les produits jugés « trop polluants  », alors que la fast fashion est l’un des secteurs les plus polluants au monde et que les ONG réclament des mesures fiscales pour freiner cette industrie. 

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Pour finir, l’intègre personnage a été nommé président du conseil d’administration d’Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB) et du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille-Fos, deux infrastructures majeures du transport routier et maritime, secteurs parmi les plus émetteurs de CO₂ en France. 

3. Hollande partout, écologie nul part

Avec toutes autoriations FlickR – LimaGiraphe

Il n’a de mou que la prise de position, pourtant il a la bougeotte. François Hollande a été l’un des présidents français les plus actifs à l’international, réalisant 23 % de déplacements officiels de plus que Nicolas Sarkozy selon le Monde.

Lors de la campagne présidentielle de 2012, François Hollande a eu le plus mauvais bilan carbone parmi les candidats majeurs, avec 4 200 tonnes équivalent CO₂, principalement à cause de l’impression massive de documents (15 millions d’exemplaires de ses propositions) et des grands meetings qui ont nécessité de nombreux déplacements de militants en bus ou en train, ce qui représente plus que la plupart de ses concurrents, dont Nicolas Sarkozy.

Quand on vous dit mou du genou, c’est peu de le dire : la loi sur la transition énergétique, présentée comme un texte phare de son mandat, affichait des objectifs ambitieux (réduction des émissions, hausse des renouvelables, baisse de la part du nucléaire, selon Le Monde). Mais près de trois quarts des décrets d’application tardaient à sortir à la fin de son quinquennat, et la plupart des objectifs n’ont pas été atteints, ce qui a été dénoncé comme du greenwashing par les ONG. 

Il a tout de même fini par reculer devant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et pour finir, malgré l’organisation de la COP21 et la signature de l’Accord de Paris, la France n’a pas tenu ses objectifs de réduction des émissions sur la période. Ah oui, Notre-Dame-des-Landes est resté bloqué pendant tout son mandat, de même qu’une diminution du budget alloué à l’écologie, ce qui a freiné la mise en œuvre de politiques ambitieuses

4. Tsunami ou Tsarkozy, telle est la question !  

Là, on va sur du très lourd. En 11 mois de mandat, Nicolas Sarkozy a généré environ 7 061 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de l’empreinte moyenne annuelle de 1 000 Français.  Ce chiffre provient essentiellement de ses nombreux déplacements en avion présidentiel et en cortège officiel. Sur l’ensemble de son quinquennat, il est estimé que son bilan carbone a été l’un des plus élevés parmi les chefs d’État français récents, selon Le Monde

3 May 2019. Wikimedia.

Tandis que son fils aîné fait du rap, tout en se faisant rapatrier par jet privé depuis l’Ukraine pour la modique somme estimée de 40 000 euros, lors de la campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a généré près de 4 500 tonnes équivalent CO₂, principalement à cause de la logistique des meetings, des déplacements et de l’organisation de grands événements politiques.

Lors de ses vœux au monde rural, il critique les « règlements tatillons » sur l’environnement, appelle à « lever le pied » sur la protection de l’eau et prend la défense des chasseurs contre les restrictions sur la chasse aux oies. Il stigmatise la « boboïsation » de l’agriculture et se moque de la vente directe à la ferme, défendant un modèle productiviste. 

Après avoir séduit les écologistes en début de mandat, Sarkozy et sa majorité détricotent progressivement les rares mesures du Grenelle de l’environnement, sous la pression des lobbies agricoles et industriels. Une « connivence troublante » entre le discours politique et celui du syndicat agricole majoritaire (FNSEA), selon les syndicats et ONG, qui dénoncent une régression sur la politique de l’eau, les élevages et l’irrigation.

Pompon sur la Garonne, Sarkozy affirme à plusieurs reprises que «l’homme n’est pas le seul responsable du changement climatique », relativisant l’impact humain et reprenant des arguments climatosceptiques.

5. Macron, et le trajet à 500 000 euros 

Le Premier ministre lors d’une réunion bilatérale avec le président de la République française, M. Emmanuel Macron lors du sommet du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil, le 18 novembre 2024.

Quoiqu’il en coute pour supporter les bleus ! Emmanuel Macron a effectué deux allers-retours en avion présidentiel (A330 et Falcon 7X) pour assister à la demi-finale et à la finale de la Coupe du monde au Qatar en 2022.

Ces voyages ont généré 480 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 53 ans d’empreinte carbone moyenne d’un Français. Le coût total de ces trajets a dépassé 500 000 €, et ce, alors que la COP15 sur la biodiversité se tenait au même moment à Montréal – un sommet auquel il n’a pas assisté.

En mai 2023, Emmanuel Macron appelle à une « pause réglementaire européenne » sur les normes environnementales, afin de ne pas fragiliser l’industrie française face à la concurrence internationale, notamment de la Chine et des États-Unis.

Côté résidence et lieu de travail du président, le palais de l’Élysée, est une véritable « passoire thermique » : ses émissions carbone liées à la consommation d’énergie atteignent 70 kg/m²/an, soit une étiquette F  sur une échelle de A à G, bien en dessous de la moyenne des bâtiments publics (30 kg/m²/an).

Les émissions du site sont en augmentation entre 2018 et 2020, et la stratégie énergétique globale du palais reste floue. Les travaux d’économie d’énergie ont été engagés tardivement, et le remplacement des vieilles chaudières au fioul par une chaufferie au gaz (toujours émettrice de CO₂) n’a eu lieu qu’en 2021-2022. L’Élysée n’a pas encore de trajectoire claire vers la neutralité carbone, contrairement à ce que le président affiche dans ses discours.

L’écologie, chez nos politiciens, c’est surtout un mot-clé de campagne…

Ou un paillasson à fouler du pied en montant dans un jet privé. Entre les voyages à 500 000 euros, les alliances douteuses avec la fast fashion ou les grandes envolées sur la transition énergétique jamais suivies d’actes, ce top 5 montre une chose : la dissonance entre les discours et les actes atteint des sommets… de CO₂.

Pendant qu’on demande aux citoyens de baisser le chauffage et de trier leurs déchets, les élites, elles, continuent de carburer au kérosène et à l’hypocrisie. Bref, l’exemplarité attendra. Le climat, lui, non.

–  Maureen Damman 

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