Étudiants à l’école d’architecture de Toulouse, Hellen et Quentin ont voulu faire de leur projet de fin d’étude une expérience qui marquerait leur vie autrement que par l’obtention d’un diplôme. Pour ce faire, tous deux se sont lancés dans un voyage de six mois qui les mènera au travers de 19 pays, de Hanoï, au Vietnam, jusqu’à Toulouse. Une épopée qui leur permettra d’interroger nos conceptions occidentales de l’habitat au travers de l’étude d’architectures traditionnelles aussi diverses qu’étonnantes.
Quand l’architecture se fait baroudeuse
Quentin et Hellen sont en route pour une épopée au cours de laquelle ils espèrent avoir un aperçu large et formateur des différences architecturales qui existent entre nos conceptions occidentales et urbaines et un Orient plus rural. Au cours d’un périple qu’ils réaliseront à deux-roues et qui durera six mois, les deux jeunes hommes seront amenés à traverser une vingtaine de pays. De cette expédition, ils comptent ramener un savoir qu’ils tireront de leur exploration de ces différentes contrées, ainsi que des données précieuses et des photographies. C’est aussi un véritable travail documentaire qui s’annonce, censé donner aux deux voyageurs quelques clés sur l’influence de l’environnement sur l’architecture, et ses différentes variantes à travers le monde mais aussi les époques. Car en certains lieux du monde, de rares habitats semblent avoir été figés dans le temps, leur laissant un savoir à redécouvrir.
Pour Quentin, l’idée a germé à la suite de son premier voyage en Asie, mais aussi de ses diverses interventions sur des chantiers, à la suite d’un BTS en Système Constructif Bois et Habitat et d’une licence en architecture. Ses cours, également, l’éveillent à l’architecture des habitations, et à leur adaptation aux différents environnements. Pour Hellen, il s’agit également de prolonger de façon cohérente son appétence première pour l’habitat, et d’assouvir une certaine curiosité. Un intérêt et un engagement qui se sont déjà manifestés au travers de deux missions réalisées avec l’association Architecte Sans Frontières.
« Nous avons eu comme idée de relier Hanoï (où Quentin a effectué sa 4ème année d’architecture) et Toulouse par la route. Mais nous ne voulions pas faire seulement un voyage à travers deux continents mais aussi faire un voyage qui aurait du sens. Suites aux expériences chez Architectes sans frontières de Hellen, nous avons discuté de l’idée d’un tel voyage lié à un projet d’architecture. » nous expliquent-ils. Et Hellen d’ajouter : « J’ai également souhaité voir des méthodes de construction plus responsable, donc dans les différentes analyses de maison que j’ai réalisé, je me suis intéressé à l’auto-construction, à de l’architecture vernaculaire et à des méthodes de construction écologique. Je m’intéresse également aux techniques pouvant construire de façon économique. Car je pense que tout le monde à le droit à un logement, et à un logement de qualité. Les constructions d’architectes ne doivent pas être un produit de luxe réservé à une élite. »
Appréhender l’habitat dans ses différences à travers le monde
Leur but ? « Découvrir d’autres façons de vivre, d’autres façons de construire l’architecture, observer où et comment vivent les gens en dehors de nos pays occidentalisés afin de penser l’architecture de manière globale et plus raisonnée, appréhender l’architecture de la débrouille. » Apprendre à devenir des architectes responsables, conscients des divers enjeux liés à la profession, en somme. « En tant qu’architecte nous avons un rôle important à jouer dans la fabrication de nos habitats et de nos villes. Ce projet est donc pour moi très important dans la compréhension de notre habitat et afin de pouvoir relier l’homme avec son environnement, » nous dit Quentin.
Pour les deux jeunes hommes, il s’agit donc de mettre les voiles vers une aventure humaine construite au travers du prisme architectural. Il s’agit aussi pour ces deux aspirants architectes de se détourner d’une architecture internationale que l’on rencontre sur les pages de papier glacé des magazines spécialisés. Pour revenir à une architecture humaine, influencée par la pratique. Une architecture habitable et diverse, élaborée en prenant en compte des habitudes et des besoins humains.
« Nous sommes partis du constat que beaucoup trop d’architectures aujourd’hui peuvent être considérées comme « hors sol ». Ce qui a pour effet de produire des maisons et des bâtiments qui se ressemblent partout dans le monde. Ainsi une maison pourrait être la même, qu’elle soit construite en Amérique, en Afrique, en Europe ou en Asie. L’architecture ne répond plus alors à des caractéristiques environnementale (pas seulement dans le sens écologique du terme). Là est née la base de notre projet. L’idée était donc de comprendre comment l’architecture est une réponse à son environnement, en fonction des ressources naturelles, des conditions climatiques, de la culture, de la religion et de ses habitants. »
Car en effet, l’architecture subit elle aussi une influence occidentale à l’origine d’une standardisation, démarrant dés l’apprentissage, qui ignore parfois les besoins premiers des populations et la nécessité pour tous de pouvoir bénéficier d’un toit. « Ce voyage confirme bien ce que nous pensions au départ, que l’architecture s’appauvrit à cause d’un système qui a pour effet de standardiser notre monde. Nous découvrons au cours de ce voyage une richesse et une diversité architecturale incroyables ! » Voilà de quoi donner du grain à moudre aux adeptes du « toujours plus haut, toujours plus beau», pour une architecture plus responsable, elle aussi.
Sources : Architaketour.com / HelloAsso.com