Ce sont de drôles de silhouettes à qui l’artiste plasticien Florent Arnaud donne vie. Cela peut-être d’autant plus surprenant que les matériaux ne sont pas ceux auxquels ont s’attend dans l’art classique. De vieux jouets, des fûts de bières… surtout, les déchets dont on ne veut plus, que l’on ne veut pas voir, se transforment en œuvres originales.
Dans le Gard, Florent Arnaud a donné vie à des locomotives et même à un bateau. Cet artiste plasticien originaire de Durfort crée des œuvres d’art à partir d’objets de récupération. Chaque pièce est unique, tout comme l’histoire des éléments qui ont été nécessaires à sa composition. Pour Florent, ces créations pourraient être nommées « les trains des souvenirs », avec des wagons remplis de tout ce qui traîne dans les fonds de nos tiroirs et qui sont autant de témoignages d’une mémoire et d’une histoire.
De la récupération à la transformation
Le matériau de récupération a donc eu une première vie avant d’être collecté par l’artiste. Il provient le plus souvent de son environnement personnel, mais aussi, et principalement de rencontres fortuites dans la nature. « C’est incroyable ce que l’on trouve dans la nature. J’ai récupéré deux fûts de bière de 5 litres dans la rivière. On trouve malheureusement beaucoup de choses dans les ruisseaux, sur les bas-côtés des routes ou au pied des conteneurs à ordures ménagères », indique-t-il au « Midi Libre ». De l’utile à l’agréable, il n’y a qu’un pas. Florent profitait de balades en forêt pour remplir son sac à dos de tout ce qu’il peut trouver dans la nature. Cela peut être des objets volumineux comme d’autres que l’on perçoit moins, mais qui sont autant de preuves de la folie des activités humaines et de notre incapacité collective à y faire face. Au fur et à mesure du temps, cela a alimenté sa volonté de participer à la sauvegarde de l’environnement et a débuté sa démarche artistique.
Une fois sa chasse au trésor terminée, l’artiste construit ses œuvres en s’inspirant de l’art du recyclage africain. Il associe ses trouvailles hétéroclites, condamné à la destruction ou à la déchetterie, pour en faire de drôles de maquettes. Les wagons chargés d’objets de notre quotidien attirent l’œil et font penser à d’étranges jouets pour enfant géant. Mais leur accumulation dérange aussi, nous faisant comprendre toute la portée de la problématique.
Une démarche écologique et citoyenne
Florent Arnaud veut sensibiliser les personnes à la surconsommation, en proposant une alternative artistique aux choses que l’on utilise plus. Il constate, comme beaucoup, que les sociétés modernes produisent de trop et croulent sous le gaspillage des matières, en encourageant le suremballage et l’achat d’objets pas toujours utiles ou dont on aurait pu se passer. L’artiste a pu lui-même observer la grande quantité d’objets jetés dans l’environnement, au cœur même de la France, mais aussi laissés à l’abandon au pied des containers à ordures ménagères ou dans les encombrants.
Pourtant, il affirme sans hésiter que l’on aurait beaucoup à gagner à revaloriser ces déchets et à leur donner une nouvelle vie. Il explique ainsi : « Sculptures d’un nouvel âge, elles sont la preuve que nous pouvons créer nos objets à notre image sans pour autant acheter du tout prêt. La fierté de faire soi-même son mobilier en palette par exemple ! ». Donner une seconde vie à des objets inutiles et déjà existants devient alors une expérience de pérennisation des souvenirs. D’autant plus que ses trains fictifs sont remplis de jouets usagers de son enfance. Cela permet aussi d’avoir des créations sur mesure, qui nous apportent satisfaction et fierté. Mais cet art ne devrait pas être un énième mirage confortable. Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.
L’artiste plasticien de Durfort dans le Gard diffuse désormais son art sur des sites internet de décoration, de recyclage et ainsi que sur les réseaux sociaux. Il pique la curiosité des gens par l’allure régressive de ses œuvres compréhensibles autant par les petits que par les grands. Aujourd’hui, il est à l’écoute de nouvelles opportunités pour exposer ses créations, dans un espace ou des structures liées à l’environnement qui seraient intéressés par sa démarche.
Sources : midilibre.fr