Paris. Une association animalière a été filmée en train d’enlever un chien aux mains d’un SDF, prétextant le sauver de mauvaises conditions de vie. La vidéo, devenue virale, a créé un vent d’indignation. Elle soulève de nombreuses questions éthiques et légales sur ces pratiques d’un nouveau genre…


L’évènement se déroule au plein cœur de Paris, ce 19 septembre 2015, face aux regards médusés des passants. Nghi, un vietnamien de passage à Paris, a filmé cette scène à peine croyable en pleine journée-concert de soutien aux réfugiés. On peut y voir un sans-abri de Paris, visiblement un homme d’une cinquantaine d’années, être violemment jeté à terre. Des membres de l’association Cause Animale Nord se jettent alors sur le chien apeuré qui se met immédiatement à hurler. Le sans-abri se met à gémir en tentant péniblement de rattraper ceux qui viennent d’enlever son chien.

Immédiatement, l’homme va publier la vidéo sur les réseaux sociaux en témoignant : « Trois Français qui représentent l’association « Cause Animale Nord » (…) ont pris violemment, sans pitié, l’ami d’un SDF, un petit chien. Le SDF a pleuré auprès d’eux, suppliant ces trois personnes ! J’étais sous le choc quand j’ai vu cette scène en pleine rue de Paris (…) » En quelques heures, la séquence va être visionnée par plus d’un million d’internautes, créant une vague d’incompréhension. La page de l’association se voit également submergée de messages d’indignation et d’insultes en réaction spontanée à une scène jugée choquante. Une question se pose alors, les sans-abris sont-ils des citoyens de seconde zone ayant moins de droits que les autres ?


La vindicte populaire contre des SDF

De son côté, l’association justifie son geste en prétextant que le sans-abri était un ROM, ce qui, selon sa conception des choses, placerait l’individu en dessous des lois ou nécessairement coupable de maltraitance animale. Le groupe avance également, sans aucune preuve tangible, que l’animal aurait été drogué pour rester calme dans les bras du sans-abri. En effet, en 2014, en Belgique, un sans-abri fut pris la main dans le sac droguant son chien pour attendrir les passants et recevoir plus d’argent. Plus tôt, en 2012, la police de Paris avait mis en évidence le cas des « chiens-vitrines » adoptés par certains ROMS pour la mendicité et revendus aux passants. De ces quelques faits divers, et par un effet de « buzz » et d’exagération sur les réseaux sociaux, le rumeur s’est répandue et le doute s’est insinué dans les esprits concernant tous les SDF, justifiant ce type d’enlèvement illégal.

Contredisant cette version, de nombreux internautes ont réagit, témoignant que la chienne volée s’appelait Linda et était en bonne santé. Née le 23 juin, elle aurait été vaccinée et offerte à ce sans-abri dont on ignore toujours l’identité, indique un internaute. Celui-ci résiderait dans les rues de Paris depuis 17 ans. Mais ces informations sont-elles bien certaines ? « C’est toute la problématique d’agir en dehors de la loi. Les rumeurs et la vindicte populaire s’improvisent juges et parties. » exprime un autre utilisateur sur facebook. Pourtant, dans le cas où une maltraitance est avérée par plusieurs témoignages et des preuves solides, il existe une procédure légale qui évite un traumatisme à la personne concernée (sans-abri ou non) autant qu’a l’animal même.

De l’indignation à la pétition

Plusieurs textes de lois permettre d’intervenir légalement sans utiliser ces méthodes violentes. L’article R. 654-1, relatif au mauvais traitement animal et l’article 521-1, relatif aux actes de cruauté permettent notamment de faire intervenir les forces de police si nécessaire. Par ailleurs, sur base du Code pénal (644-3), la vente sur la voie publique d’animaux sans autorisation préalable est strictement interdite. Ainsi, les témoins de ces délits peuvent alerter le commissariat le plus proche afin que des agents viennent constater les faits. Si, effectivement, l’animal est jugé en danger, le procureur de la République sera saisi et l’animal confié à des associations. Ainsi, ces lois permettent d’éviter ce type d’altercation où des citoyens s’organisent en quasi-milice pour rendre leur propre justice arbitraire, s’octroyant un animal qui sera revendu sur internet. Si on comprend bien que l’action de l’association part d’un bon sentiment (vouloir sauver un animal de la misère), celle-ci doit respecter les droits de chacun, un sans-abri n’étant pas moins un être humain que les autres.

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Quelques jours après l’évènement, le chien était proposé à l’adoption à 195 euros sur le site de Cause Animale Nord. L’association a également rebaptisé l’animal « Vegan » pour symboliser leurs convictions. Tentant d’attendrir les critiques, le groupe diffuse des images de l’animal qui est visiblement en pleine forme. En face, une masse d’internautes réclament que l’animal soit rendu à son propriétaire. Par ailleurs, l’association Cause Animale Nord fut épinglée à plusieurs reprises par le réseau éthique pour les animaux pour propos incitant à la haine raciale sur leur page facebook. Une pétition adressée au Tribunal de Grande Instance de Lille fut ouverte et recueille déjà plus de 30.000 soutiens.

Mise à jour – 24 sept. 14:22

Le journal metronews a contacté Anthony Blanchard, président de l’association, visible sur la vidéo avec une casquette blanche. Il se justifie « En marge d’une manifestation pour le droit des animaux qui se tenait à Paris, samedi 19 septembre, une dame est venue nous voir (la femme blonde sur la vidéo, ndlr). Elle nous a dit qu’un Rom mendiant avait un chiot drogué avec lui. J’ai constaté de moi-même que le chien n’était pas dans son état normal. » L’action s’est ainsi déroulée sans aucune enquête préalable sur base d’une demande d’une seule et unique personne privée. C’est à la vue du chien que le groupe va soudainement décider de « foncer » (comme ils l’expriment sur leur page facebook) et de capturer le chien de manière totalement arbitraire.

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Source : video.lefigaro.fr / facebook.com / change.org / metronews.fr

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