Face aux problèmes environnementaux, les personnes qui interrogent les systèmes de production d’énergie sont de plus en plus nombreuses. Par l’intermédiaire de projets collectifs, elles souhaitent désormais apporter des solutions nouvelles et originales en augmentant l’autonomie locale tout en préservant, autant que faire se peut, le climat. Récemment née de ces réflexions, Citoy’enR est une SCIC de production d’énergie toulousaine qui propose aujourd’hui aux citoyen.ne.s de s’investir au niveau local dans l’accélération de la transition énergétique. 

Citoy’enR est une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) qui souhaite défendre les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Sa volonté est de créer des moyens de production d’énergie renouvelable sur l’ensemble de l’aire urbaine toulousaine en utilisant les types d’énergie naturellement disponibles sur ce territoire. L’implication du citoyen est au cœur du projet, puisque la SCIC offre un mode de fonctionnement tout particulier : « La coopérative donne la possibilité à toute personne qui le souhaite de s’impliquer dans la production d’énergie renouvelable locale. Les citoyen.ne.s porteurs du projet gèrent l’entreprise et chacun peut s’investir en tant qu’ambassadeur, bénévole d’un groupe de travail ou en devenant sociétaire ». Ainsi, l’habitant passe de consommateur à acteur !

 

La production locale d’énergie, un enjeu de société 

Selon Jonas George, l’un des membres de la coopérative, Citoy’enR entend « accélérer la transition énergétique, sans attendre l’intervention d’autres acteurs » notamment gouvernementaux. Il précise que la relocalisation de l’énergie est un élément clé de cette transition, car elle répond au besoin de construire des systèmes « autonomes et résilients ». Ainsi, les citoyen.ne.s se voient associés un double rôle : celui de pallier l’immobilisme de l’État, mais également celui de reprendre en main un élément essentiel de leur propre vie, la production de l’énergie qu’ils consomment.

L’initiative est née d’une critique du modèle énergétique duquel nous dépendons, peu résilient et source d’importantes pollutions. La charte de Citoy’enR dénonce d’ailleurs « l’organisation centralisée de l’énergie », qui soustrait les citoyen.ne.s des décisions politiques, mais aussi la déconnexion des acteurs locaux « des enjeux et des impacts liés à notre consommation effrénée d’énergie et de ressources, notamment dans des bâtiments énergivores ». En impliquant les citoyen.ne.s dans un projet de production d’énergie, les personnes à l’origine du projet espèrent apporter une solution « concrète et locale » à ces problématiques, tout en sensibilisant un plus grand nombre. Et puis, quoi de mieux que d’être propriétaire de sa propre énergie produite ?

D’ici quelques mois, Citoy’en construira ses premiers panneaux solaires

L’idée de cette coopérative a été émise pour la première fois il y a deux ans et a rapidement mobilisé différents acteurs locaux ainsi que des citoyen.ne.s de la région toulousaine. Après un an d’étude, le projet a pris une nouvelle dimension avec la création d’une SCIC. Depuis juin dernier, Citoy’enR encourage les Toulousains et les habitant.e.s de la région à rejoindre le mouvement en devenant sociétaire, en achetant au moins une part sociale à 50 euros, ce qui permet de financer les nouvelles infrastructures tout en devenant soi-même partiellement propriétaire du projet. De fait, les sociétaires peuvent prendre part aux décisions de l’entreprise et se voient reversés des dividendes. Néanmoins, la SCIC ayant une « finalité non spéculative », cette rémunération est limitée légalement.

Jusqu’à présent, 30 000 euros ont pu être réunis de cette manière, mais pour que l’intégralité du projet puisse voir le jour, un minimum de 100 000 euros sera requis. Néanmoins, même si les objectifs ne sont pas encore atteints, les premiers panneaux solaires seront construits sans attendre dans les prochains mois, sur des bâtiments publics de la région. Dans un premier temps, la coopérative produira de l’électricité à partir de panneaux solaires photovoltaïques installés sur des bâtiments publics ou privés. 2000m² de toitures seront réparties sur 16 bâtiments et produiront l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité de 120 foyers (hors eau chaude et chauffage). Cette énergie sera d’abord revendue sur le marché de l’énergie, explique Jonas George.

Comme il s’agit d’une coopérative, ses sociétaires sont impliqués de près dans les décisions, mais sont également invités à s’investir dans la gestion de l’entreprise en prenant part aux groupes de travail, que ce soit pour suivre les demandes d’autorisation ou pour remplir les dossiers de subvention. Jonas George y voit une nécessaire « réappropriation des compétences » mais aussi un gage de transparence. Mais en s’associant autour de ce projet, c‘est aussi un message politique qu’envoient les citoyen.ne.s : ils veulent rependre la maîtrise de leur destin et participer au changement du monde qui les entoure sans être de simples spectateurs.

Panneaux solaires

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Sources : propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / citoyenr.org / facebook.com

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