De l’utilisation de peaux animales et de matériaux pétrochimiques à l’exploitation de travailleurs asiatiques, le marché du sac à main n’a rien d’écologique ou d’équitable. Faute de pouvoir trouver une alternative pour être en phase avec ses valeurs, Nadia, jeune française, s’est mise à fabriquer elle-même des sacs écologiques, qui ne cache pas d’exploitation animale ou humaine. Portrait.
« La majorité des femmes portent un animal mort en bandoulière ! » nous interloque avec force Nadia, jeune artisane qui n’en pouvait plus de cette hypocrisie ambiante. Selon elle, la majorité des français s’opposent à la fourrure et à la cruauté envers les animaux, mais étonnamment, la majorité des femmes portent des sacs en cuir. Drôle de cohérence.
Pourtant, cuir ou fourrure, le principe est le même. Vachette, agneau encore le fameux veau de 3 ou 4 mois, ces animaux sont généralement élevés de manière industrielle à la fois pour leur viande (avec les conséquences environnementales désormais connues) et pour leur peau. Un certains nombre de ces sacs de cuir viennent d’Asie, fabriqués dans des conditions peu avouables, parfois avec l’intervention d’enfants. Une chose est certaine, ces sacs n’ont rien de durable ni d’équitable.
Face au manque d’alternatives dans la grande distribution, Nadia a décidé de devenir actrice de transition à son niveau en confectionnant elle-même des sacs à main éco-responsables. Depuis quelques années, elle réalisait déjà de façon artisanale des robes de mariées. La transition fut donc rapide, mais pas si simple. En effet, outre son aspect 100% made in France, les sacs de Nadia ont un particularité, ils sont réalisés en fibre naturelle peu gourmande en eau, cultivée sur le territoire Français : le lin
Beaucoup moins gourmand en eau, le lin offre un bon rendement tout en pouvant être produit sous nos latitudes européennes. Une matière qui apparait comme une évidence pour la jeune femme quand on sait qu’il faut environ 3000 litres d’eau pour produire un seul t-shirt de coton (non-biologique). Après quelques tests, Nadia fut en mesure de fabriquer plusieurs sacs composés d’une base 100% lin avec toutes les facilités et espaces de rangements d’un sac à main conventionnel. Avec l’aide d’une petite structure vendéenne, Nadia a pris le risque d’ouvrir une boutique en ligne où elle propose ses créations originales, aidée d’une bien étrange mascotte.
Dans son petit atelier se balade en liberté Vanille, une lapine blanche devenue l’emblème de son projet. Ainsi, à chaque sac est attaché un petit lapin de bois fabriqué dans un autre atelier français partenaire. Considérés comme des pièces uniques par Nadia, chaque sac, fait main, est numéroté par l’artisane. Et pour clôturer le tout, elle s’engage à reverser 1€ par sac vendus à une ONG de protection animale.
Séduits par son approche, nous lui avons posé 2 questions pour mieux comprendre son engagement.
MR M : Nadia, pourquoi un sac à main engagé et pas autre chose ?
NADIA : Je faisais déjà ma part de « local » en matière de robes de mariées. Mais je voulais aller plus loin, faire ma part plus concrètement dans un domaine où la protection animale, l’écologie et le social prendraient tout leur sens. J’ai vite réalisé que le sac à main était à la fois l’objet le plus utilisé par les femmes mais aussi le moins équitable dans la grande distribution.
MR M : Penses-tu qu’un projet comme celui-ci, très spécialisé, puisse changer les choses ?
NADIA : Oui, à son petit niveau. On ne révolutionnera pas le monde si on attend que les autres agissent à notre place. Je fais partie de celles qui pensent que chacun d’entre nous a la possibilité de changer un petit peu les choses, comme une petite pierre posée à la construction d’un édifice. Si on devait uniquement se référer aux gouvernements pour agir, on attendrait longtemps. Mais si des millions d’entre nous changent progressivement dans le bon sens, même un petit peu, les résultats seront gigantesques !
MR M : On ne peut qu’être d’accord avec vous. J’ai vu cependant que votre prix variaient entre 35 et 45 euros, n’est-ce pas trop couteux pour tout le monde ?
NADIA : Je pense que ceux qui consomment équitablement comprennent l’origine d’un tel prix et savent qu’ils vaut mieux investir dans un bon produit local que plusieurs autres industriels. Produire à la main en France me coute forcément plus cher, et pour garder un prix raisonnable, nous ne prenons presque pas de marge de profit. Autant dire que ce n’est pas une activité particulièrement lucrative. Vous pouvez retrouver les détails de nos engagements sur notre site internet.
MR M : Merci Nadia et bon vent à votre projet !
Source : www.monsacbylafee.com / Interview réalisée le 17 mai 2015.