Dernière destination à la mode pour les voyageurs en quête de paysages sensationnels, l’île du Nord-Atlantique a vu sa fréquentation touristique augmenter en flèche de plus d’un tiers rien que sur l’année passée. Le tourisme serait d’ailleurs désormais la première source de revenus du pays, devant les industries séculaires de la pêche et de la production d’aluminium. Une donnée qui pourrait bien changer le visage du pays et de sa nature exubérante, estiment les autorités.

Le boom touristique en Islande : sans précédent

Il semblerait que les touristes du monde entier, Européens et Américains en tête, aient élu leur nouvelle destination en vogue. Depuis le début de l’année 2016, ce ne sont pas moins de 936 000 touristes qui ont mis le pied sur la « terre de glace ». Des touristes attirés par les paysages à couper le souffle qu’offre l’île, entre mer, terre et glace. Car, à n’en pas douter, le pays vaut le détour.

Parmi eux, les touristes américains et allemands sont les plus nombreux, représentant près d’un tiers des voyageurs à travers l’île. Depuis 2010, ces chiffres ont été multipliés par sept pour les touristes américains, et par deux pour les Européens. Pour cette île qui ne compte que 330 000 ressortissants nationaux, ces chiffres viennent bousculer le paysage, et ceux-ci pourraient bien le modifier durablement également, si on en croit les récentes inquiétudes experts d’islandais.

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Un paysage directement menacé par le tourisme

Malheureusement, si l’Islande était jusqu’à maintenant appréciée pour sa nature à perte de vue et sa densité de population la plus faible d’Europe (3,1 habitants par km2 en 2011), ses deux atouts de séduction pourraient bien disparaître peu à peu. Pour cause, une fréquentation touristique qui bat des records chaque année et les conséquences inévitables qui vont avec. En juillet dernier, on estimait à 236 000 le nombre de touristes ayant foulé les terres islandaises. Cette fréquentation, qui a tendance à se concentrer autour de certains lieux stratégiques du pays d’un peu plus de 100 000 km2, change radicalement le visage de l’île.

Face à cette concentration, les autorités peinent à assurer la mise en place des structures d’accueil nécessaires. Toilettes, parkings, panneaux de signalisation sont en nombre insuffisants par rapport à l’afflux touristique. Ces sites, auparavant peu visités, subissent aujourd’hui l’assaut des bus touristiques et des voitures de location de plus en plus nombreuses. Là où l’Islande était il y a peu un endroit pratiquement désert, les prix toujours plus bas des transports par avion plongé l’île dans le tourisme de masse.

03_islandePhoto : Landsvirkjun

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Les sites les plus visités du pays, comme les chutes de Gulfoss ou le Geysir sont en particulier touchés par cette pénurie. Une situation à laquelle l’Office du Tourisme islandais s’efforce de répondre, afin d’éviter des attitudes invasives et polluantes de la part des touristes, qui n’hésitent parfois pas à conduire en 4×4 hors des sentiers, piétinent les sols, jettent parfois leurs ordures en pleine nature, quand ils n’y font pas leurs besoins (faute de toilettes à proximité).

Le boom touristique incite aujourd’hui le gouvernement islandais à repenser ses politiques environnementales. La faune et la flore, notamment, doivent être protégées. Cette semaine, un des parcs nationaux les plus fréquentés a d’ailleurs décidé d’interdire l’utilisation des drones dans son enceinte. Les responsables du parc de Vatnajökull ont en effet jugé que ceux-ci portaient préjudice à la vie animale, notamment à celle des faucons présents sur le site. Anna Dora Saeporsdottir, responsable du département des sciences environnementales de l’université d’Islande, explique : « 80 % des touristes viennent ici pour profiter de la nature. Cela crée une pression énorme sur nos sites naturels. Les visiteurs piétinent la végétation, des formations géologiques ou encore des sols qui sont très fragiles. D’ailleurs, nous constatons déjà des effets très visibles sur notre environnement. »

01_islandeCailloux superposés par des touristes par mimétisme (origine japonaise)

Réduire le nombre de touristes : la solution miracle ?

Face à l’afflux en constante augmentation, le gouvernement islandais réfléchit actuellement à des solutions qui permettraient au pays de continuer de bénéficier des rentrées d’argent permises par le tourisme tout en préservant ses sites naturels. Ainsi, plusieurs pistes ont été évoquées, prévoyant de limiter le nombre de touristes admis sur l’île à l’année ou encore d’instituer un « Pass Nature » qui ouvrirait l’accès aux différents sites naturels, pour l’instant gratuits.

Les moyens permettant une meilleure répartition de l’afflux touristique sur tout le territoire ont aussi été évoqués, ainsi que l’interdiction possible des randonnées hors sentiers (où la nature est la plus préservée). Ces mesures, qui existent déjà dans certains pays, pourraient permettre de réduire la pression touristique exercée sur quelques lieux bien précis, mais aussi de mieux contrôler l’impact environnemental de ce tourisme désormais de masse. En attendant, le mieux reste de prendre conscience de l’immense richesse de l’île, mais aussi de la fragilité de son écosystème, et d’agir en conséquence. Le tourisme, produit de consommation comme un autre, montre de plus en plus ses limites partout à travers le globe.


Sources : Icelandic Tourist Board / IcelandReview.com / Quartz.com / RFI.fr

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