Dans l’univers artisanal et souvent méconnu des métallophones, réunissant la confection de xylophones, Handpans ou Steel Drums, un collectif s’est donné pour ambition la fabrication d’instruments à base de vieilles bonbonnes de gaz : les Tankdrum. À travers ce savoir-faire engagé et inspirant porté par l’atelier Zentone, mélodies envoûtantes et conscience écologique sonnent définitivement de concert. Présentation.
Handpan, Steel Drums, Tongue Drum, Tankdrum… Tous ces instruments à percussions ne vous sont peut-être pas familiers. Et c’est bien normal. Apparus au début du 21ème siècle seulement, ils sont relativement récents dans l’histoire de la musique ; même si chacun d’eux est en réalité inspiré, de près ou de loin, d’instruments plus anciens, comme les tambours ou caisses en acier du groupe des « Pan » (« casseroles » en anglais) originaires des Caraïbes. Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la version, ils font tous partie de la famille des idiophones, dont le son provient directement du matériau choisi. Et dans le cas du Tankdrum, en métal, on parlera même plus précisément de métallophone.
Si elle était restée relativement méconnue du grand public jusqu’il y a peu, la famille des métallophones fait désormais partie du paysage musical populaire. Hormis les musiciens, les disciplines comme le yoga, la méditation ou l’art-thérapie, y trouvent un moyen complémentaire d’apaiser et de créer un cadre de résonance bénéfique à leur bon déroulement. Mais le véritable atout de ces instruments qui leur vaut une nouvelle notoriété est peut-être qu’ils sont créés de façon principalement artisanale par des passionnés de l’univers. C’est par exemple le cas du Tankdrum, pour la confection duquel il s’agit de récupérer et façonner des bouteilles de gaz usagées (surnommées « tank » en anglais).
Tout un processus à découvrir en compagnie des artisans de Zentone qui se prêtent depuis plusieurs années à l’exercice.
Un collectif engagé pour « un maximum de bonnes vibrations ».
Le Collectif Zentone est né en 2017 sur un principe simple : « maîtriser le processus de fabrication d’un métallophone original depuis la bouteille de gaz, jusqu’à l’instrument final ».
Cet ouvrage à taille humaine qui sollicite des savoir-faire et un temps long parfois trop oubliés demande pas moins de 30h de travail. Récupération et neutralisation des bouteilles de gaz, découpe des pieds et coupole, puis soudure, traçage et pré-découpe des lamelles, trempage, ponçage par aérogommage, découpe et pré-accordage des notes, finition déco, gravures et accordage final : toutes ces étapes sont assurées de bout en bout par la petite équipe française dans son atelier du Var.
Derrière Zentone ? « Un couple, soucieux de l’environnement, passionné de musique et de bien être » ainsi qu’il se présente. Sylvain est à la fabrication : son rôle est de perfectionner les sonorités de chaque instrument. Tandis que Rebecca, elle, appose intuitivement les gravures uniques de chaque objet et les met ensuite en valeur à travers l’objectif de son appareil photo. Pour mieux visualiser les coulisses du métier et découvrir le son d’un tel instrument, immersion authentique dans leur quotidien, entre métallerie, musique et éthique :
Résultat : un objet artisanal et artistique unique
A la fin du marathon artisanal, voit le jour un Tankdrum. L’instrument métallique à percussions est « composé de lamelles correspondant à des notes formant une gamme, que l’on peut jouer à la main ou avec des baguettes ». Ses vibrations, selon le nombre de notes accordables (8, 9 ou 11) « proposent une couleur différente et invitent à la créativité et au voyage : joyeux, mélancolique, orientale… ».
Intuitif, le Tankdrum est accessible à tous. Mais parce que c’est le résultat d’un ouvrage artisanal, il nécessite un certain investissement. Bien qu’il reste beaucoup moins cher que le Handpan, fixé entre 1500 et 3000 euros, il faut tout de même compter quelques centaines d’euros pour cet objet de valeur, fabriqué dans des conditions durables, via la récupération et transformation méticuleuse et artistique de bonbonnes destinées à être jetées.
De fait, le marché du low-cost n’a pas tardé à s’emparer du phénomène pour promouvoir de faux Tankdrum sans aucune valeur musicale, fabriqués à la chaîne en Asie et contredisant tous les principes du concept initial : des mélodies envoûtantes à partir de recyclage de métaux… Sur notre page, un musicien alertait notamment de l’invisibilisation des petits artisans par cette grande distribution de gadgets jetables en plein essor.
Si la tentation est grande de s’initier à un instrument via sa version industrielle importée et bradée, il suffit de se rappeler que, sur le long-terme, cet achat ne conservera aucune valeur propre, en plus de n’être absolument pas exploitable sur le plan artistique et musical, et qu’il s’ajoutera ainsi à la multitude de déchets que nous produisons chaque seconde dans le monde, parfois recyclables, mais rarement recyclés, ou alors à grands frais sur le plan énergétique. En somme, rien de plus éloigné de la philosophie véhiculée par le genre musical et ses adeptes.
Pour tout de même éviter les engagements précipités, rien ne vaut des tests en boutique, dans des ateliers et des cours, un achat partagé ou une location. Si votre coup de cœur pour les sonorités apaisantes du Tankdrum et sa dimension éthique est en revanche certain, vous pourrez toujours vous en remettre au collectif Zentone, à suivre sur Facebook ou sur Instagram. Ou via un extrait de la petite session de Tankdrum de Sylvain et Rebecca, au bord de l’eau.
– S.H
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