Qu’est-ce qui rassemble Google, Total, Carlyle, GDF Suez, ArcelorMittal ainsi que des représentants de grandes banques et de médias en compagnie d’une poignée d’hommes politiques et une toute petite minorité d’intellectuels ? C’est évidemment le Forum Économique Mondial de Davos. Voici 7 chiffres clés pour comprendre pourquoi tous les regards du monde se portent chaque année sur cette petite ville Suisse.
1700 (550*) – jets privés
Davos, c’est avant tout le Forum de tous les paradoxes. Cette année, le plus symbolique paradoxe doit être l’atterrissage de ces 1700 jets privés qui viennent déposer les puissants du monde à Davos, en vue de discuter, notamment, du réchauffement climatique. Mais Davos c’est aussi, comme pour toute conférence, son lot de bics, de prospectus, de goodies, de gobelets par dizaines de milliers pour quelques heures de discussion. Une vision du « débat démocratique réservé à une élite » qui semble totalement en discordance avec le réel de la crise écologique. Comme si des mentalités étaient restées figées dans les années 1980, et que ces mêmes mentalités viennent à se demander naïvement, autour d’un champagne et de petits fours, comment réduire son empreinte écologique de toute urgence. NB : Le chiffre des 1700 jets fut revu à la baisse (environ 550 et 1100 mouvements d’aviation supplémentaires) selon les sources.*
200 000 000 – de budget en 2015
À l’heure des hautes technologies, de la communication instantanée, est-il bien nécessaire d’investir 200 millions de d’euros pour boire du café et s’échanger des cartes de visite tout en polluant de manière irraisonnée ? De toute évidence, ceux qui ont déjà fait du business savent la nécessité du contact humain pour se créer un réseau. Car si on en croit Jacques Attali, dont les mots pourront surprendre plus d’un, c’est bien de ça dont il serait question : « Il ne faut y voir rien de plus qu’une machine à café mondiale où des gens se rencontrent, bavardent, se serrent la main, échangent des tuyaux et s’en vont » (…) « Davos est surtout une opération commerciale, très efficace et très réussie, où il faut payer pour participer et les places sont très chères » confiait-il à un quotidien suisse en 2009 (Liberté).
17% – le nombre de femmes à Davos
Mais quel sot a-t-il bien pu dire que le monde moderne était encore patriarcal ? Pas de doute sur la question, 83% des participants sont des hommes en ce qui concerne Davos. Chiffre qui représente assez bien les inégalités sexuelles dans le monde. Cependant, l’organisation dit vouloir plus de parité à l’avenir, mais la répartition des richesses n’est pas du ressort de Davos, mais bien de ses membres.
71 000 – pour espérer participer
Comptez 52 000 dollars (44 700 euros) de souscription annuelle pour faire partie des heureux élus. Ce à quoi il vous faudra ajouter le prix du ticket de 19 000 dollars. Si vous voulez faire partie de l’élite dans l’élite, le club « VIP » (interdit à la presse, faut pas rire), ajoutez une cotisation de 137 000 dollars (117 700 euros). Il existe ainsi 3 catégories dont le coût varie de 117 700 euros à environ 300 000 euros : Industry Associates, Industry Partners, Strategic Partners. Si vous comptez emmener vos amis avec vous, il vous en coutera près de 527 000 dollars de cotisation (453 000 euros) et 95 000 dollars de billets (81 600 euros) pour 5 personnes. On comprend volontiers pourquoi le Forum de Davos est considéré de manière quasi-unanime comme le Forum des riches et des puissants.
2500 – participants
Le groupe majoritaire présent à Davos reste sans aucun doute celui des industries, des banques et des multinationales. Ils sont 1500 à y représenter le monde de l’entreprise et de l’économie. Parmi les autres, on trouve évidemment les chefs d’état (40) et leur délégation, mais aussi des intellectuels, représentants des médias (non, pas tous les médias), figures politiques ou personnalités importantes du monde économique. 140 pays sont ainsi représentés. Ci-dessous, une liste interactive des présences.
230 000 – jobs créés en Afrique
Car il faut rendre à César ce qui est à César, le « World Economic Forum » 2014 aurait entrainé des accords économiques de plusieurs milliards de dollars avec le continent africain, créant 230 000 emplois. Les statuts de la fondation préconisent notamment d’œuvrer à « améliorer l’état du monde » via « les collaborations entre public et privé ». Pour le moins opaque (3 lignes sur 32 pages de rapport), ces « bénéfices » ne sont pas réellement précisés dans la manière de s’appliquer sur le terrain : quelles multinationales se sont implantées ? Dans quel cadre d’exploitation ? Quel est le salaire de ces travailleurs africains ? Difficile de donner une réponse concrète à ces questions.
Et la Démocratie dans tout ça ?
Critiquer un rassemblement élitiste de puissants qui discutent de l’avenir de l’Humanité sans l’avis de la population et dans l’intérêt dont ne sait pas trop qui ou quoi, voilà qui serait bien consensuel. Serait-il alors purement réactionnaire de critiquer Davos à la vue de ces chiffres ?
Observer Davos, c’est avant tout se questionner sur ce qu’il reste de la démocratie. En donnant du crédit à un tel rassemblement, on accepte implicitement l’idée que ces puissants détiennent le pouvoir de façonner le monde « sans nous » et qu’ils pourraient détenir la solution à la crise écologique, alors que beaucoup d’entre eux partagent les logiques économiques qui nous ont conduits à cette situation (notamment l’addiction à la Croissance infinie).
Source : WEF Report 2014 / Lexpress.fr / latribune.fr / Breitbart