Les taux des pollutions atmosphériques mesurés au bord des terrains de foot à Marseille, Lyon et Paris dépassent régulièrement les limites fixées par l’Union européenne : c’est le résultat interpelant d’une nouvelle enquête de Greenpeace publiée ce lundi. L’une des principales causes de ces chiffres : le trafic routier important et notamment la place accordée à la voiture individuelle en agglomération. Pourtant, la France est à la traîne pour régler le problème et vient même d’être assignée en justice par l’Union européenne à ce propos…
Elle est invisible, tant qu’on ne prend pas de la hauteur et souvent inodore, et pourtant elle fait de plus en plus partie de nos quotidiens et à une influence importante sur nos vies : la pollution atmosphérique cause environ 45 000 décès prématurés chaque année en France. Si les pics de pollution sont particulièrement médiatisés du fait des procédures spéciales mises en place, la pollution est aujourd’hui chronique, quotidienne, permanente si bien qu’on l’oublierait presque. Les citadins, tous particulièrement, y sont exposés tous les jours. Elle est source de cancers, d’asthme, ou encore de maladies cardio-vasculaires et peut-être également liée à des naissances prématurées. Ces données sont connues depuis plusieurs années et les rapports alarmants s’accumulent. Pourtant, des actions concrètes peinent à être prises.
« Lorsqu’on joue au foot, l’adversaire, c’est aussi la pollution de l’air »
Pourtant, les résultats obtenus par Greenpeace montrent que le scandale sanitaire se poursuit dans une relative indifférence surprenante. Il faut dire que c’est tout un modèle de société qui est en question. D’après le dernier rapport de l’ONG, « les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) mesurées en France aux abords de six terrains de football à Lyon, Marseille et Paris montrent un dépassement quasi systématique de la valeur limite annuelle moyenne définie au niveau européen (40 micro/ µm3) ». Or, pendant un effort physique, on inhale entre 4 à 10 fois plus de polluants atmosphérique qu’au repos selon l’ONG. Après le scandale des terrains synthétiques, la santé des joueurs est une nouvelle fois en jeu.
L’information n’a cependant rien de surprenante. Ces résultats ne font que confirmer d’autres études, notamment celle de Santé Public France, qui montrait en 2015 que dans certaines régions de France l’espérance de vie des gens était réduite jusqu’à 4,5 années du fait de la pollution atmosphérique. Ce document indiquait d’ailleurs déjà que les habitants et les habitantes d’Île de France, de Marseille et de Lyon sont particulièrement concerné(e)s.
La campagne de l’ONG environnementaliste, sous forme de vidéo « choc », n’est cependant pas une invitation à se calfeutrer chez soi. Greenpeace précise d’ailleurs dans son rapport : « il n’est pas question de pousser les gens à renoncer au sport ou à profiter de leurs villes » que du contraire. Néanmoins, il s’agit de tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme et d’alerter le public ainsi que les représentant politiques qui se montrent particulièrement attentistes sur la question. Il semble déjà bien tard pour que des décisions courageuses et radicales soient prises pour améliorer la qualité de l’air. Il y a cependant peu de chance pour qu’un tel revirement s’assimile aux ambitions économiques actuelles.
Pour cause, signe que les dirigeants français ne prennent pas le sujet au sérieux et n’utilisent pas tous leurs moyens en leur pouvoir pour faire évoluer la situation, le pays a été renvoyé devant la Cour de justice européenne (ainsi que cinq autres pays, dont notamment l’Allemagne) par la Commission après 10 années de mise en demeure en mai dernier. C’est dire que les responsables avaient pourtant eu le temps d’agir. En cause ? Le non-respect de la directive sur la qualité de l’air de 2008. Car contrairement aux exigences du texte, l’Hexagone continue de dépasser régulièrement les valeurs limites (fixées à 40 µg/m3 en moyenne annuelle) des émissions de particules fines PM10 (particules fines) et de dioxyde d’azote. Le problème concerne en particulier les grandes agglomérations : à Paris par exemple, en 2016, les concentrations annuelles déclarées ont atteint 96 µg/m3. Dans ce contexte, la nouvelle étude de Greenpeace enfonce le clou, car tant que le phénomène ne sera pas limité, c’est la santé de la population française qui est mise en jeu.
Dans la mesure ou environ 50% du dioxyde d’azote peut être imputé au trafic routier (à noter que les avions et paquebots également très polluants jouent un rôle relativement localisé), Greenpeace estime qu’il est urgent de contenir les déplacements en voiture individuelle, en particulier diesel, nécessitant des plans de déplacement ambitieux. L’ONG en appel aux décideurs publics et en particulier aux maires de prendre toutes leurs responsabilités et de faire changer la situation.
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