De manière régulière, les scientifiques démontrent les dangers que représente la pollution de l’air pour la santé humaine. Avec des milliers de personnes qui perdent la vie chaque année en raison de notre mauvaise qualité de l’air, cette situation est déjà un véritable scandale sanitaire et écologique dont on parle pourtant peu. Mais en dépit de ces cris d’alerte, les choses ne changent que lentement. Armé d’un petit instrument électronique mesurant la qualité de l’air, un groupe de citoyen.ne.s bruxellois mesure et dénonce cette pollution. Le collectif Bruxsel’Air demande aujourd’hui des mesures concrètes de la part des représentants politiques et interpelle les habitants de la ville par le biais d’actions symboliques.

Bruxsel’Air est un groupe d’une vingtaine de bénévoles de tous les âges et profils qui se mobilise pour sensibiliser les décideurs politiques à la problématique de la qualité de l’air dans la capitale. À travers des actions originales et variées, ils souhaitent défendre le droit à tous de respirer un air pur. Pour cause, le problème est de taille : l’association rappelle qu’en 2016, l’Agence européenne de l’environnement estimait que la pollution de l’air en Belgique était responsable de 12.000 décès prématurés par an. En France, ce chiffre monte à 48 000 ! De trop nombreuses vies brisées qui devraient rester une statistique ?

Une pollution invisible

Le groupe est né il y a dizaine de mois, suite à une compagne sur la qualité de l’air proposée par la ville de Bruxelles. À cette occasion, les autorités publiques ont distribué à une vingtaine de personnes des instruments portables pour mesurer la qualité de l’air et la pollution sur leur trajet domicile-travail, raconte Lucas, notre interlocuteur au sein de l’association. Sous l’impulsion du BRAL et du BRACQ, les personnes impliquées commencent à discuter des résultats, qui s’avèrent inquiétants dans bon nombre de lieux publics.

En effet, dans certains endroits de la ville, comme près des routes ou dans les tunnels, « les chiffres sont assez impressionnants« , souligne Lucas. Rapidement, le groupe, qui n’est pas expert en ce qui concerne la qualité de l’air, décide de prolonger l’expérience pour en apprendre plus et « connaître l’impact de cette pollution sur notre santé ». Sous l’étiquette Bruxsel’Air, le collectif organise des conférences et invite des scientifiques comme des cardiologues ou des membres de l’Institut de santé de Bruxelles. Grâce à leur expertise, le groupe est rapidement convaincu qu’il y « a une sorte de scandale silencieux qui se passe à Bruxelles » comme ailleurs, et qu’il est nécessaire de se réunir pour lutter contre.

Crédit photo : S. Letecheur

Les citoyens s’organisent

Le constat est clair : « A Bruxelles, la pollution de l’air est trop élevée ». Parti de ce bilan, le groupe formule désormais un certain nombre de recommandations et de revendications à l’intention des décideurs publics. Bruxsel’Air demande que la ville fasse la promotion de la mobilité douce et décourage les trajets polluants, en particulier les distances courtes réalisées en centre ville avec une voiture. Autre piste envisagée par les membres, l’isolation des bâtiments, ce qui permettrait à la fois de réduire les pollutions liées au chauffage et de faire des économies d’énergie. Enfin, le groupe dénonce le fait qu’à ce jour les stations de mesure ne soient pas positionnées aux endroits où les gens vivent, ce qui altère les données sur la qualité de l’air et empêche de se rendre compte de la situation dans les quartiers les plus concernés par la pollution ou dans les lieux où les individus sont les plus vulnérables, à la sortie des crèches ou des hôpitaux notamment.

Outre l’organisation de conférences, c’est aussi par le biais d’actions symboliques que Bruxsel’Air entend sensibiliser l’opinion publique et interpeller les politiciens. En février février 2017, le groupe a organisé une action citoyenne de grande envergure, en invitant les citoyen.ne.s à placer des masques anti-pollution sur des statues bruxelloises. À cette occasion, 100 statues ont été recouvertes par une dizaine d’équipes de volontaires et plus de 300 citoyens. Plus récemment, en ce mois de juin, les soutiens de l’association ont défilé dans les rues de la capitale Belge, accompagnés d’environ 300 à 400 poussettes. Cette fois-ci, il s’agissait de rappeler la vulnérabilité des enfants face à la pollution. Lucas se félicite du succès de ces actions : en seulement quelques mois, le petit groupe composé à l’origine d’une dizaine de personnes s’est offert une visibilité dans l’espace public, montrant que la qualité de l’air est une question qui préoccupe de plus en plus les citoyen.ne.s bien déterminés à défendre leur droit à respirer de l’air pur.

Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site de Bruxsel’Air ainsi que sur leur page Facebook.


Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation

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