Pour protéger l’environnement et limiter le nombre de déchets plastiques en France, le député Pierre Cazeneuve a déposé une proposition de loi visant à interdire la production et la vente des petites bouteilles d’eau en plastique en France. Si la mesure est adoptée, elle sera appliquée dès le 1er janvier 2027.
Le plastique est un véritable fléau dont la production ne cesse de croître. En quelques années, la production mondiale de plastique a connu une très forte croissance puisqu’elle est passée de 2,3 millions de tonnes de plastique en 1950 à 448 millions en 2015.
En 20 ans, la production de plastique a plus que doublé pour atteindre les 460 millions de tonnes en 2022. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle pourrait encore tripler d’ici 2060 si aucune mesure n’est prise pour la limiter.
En France, on estime qu’un habitant utilise chaque année 70 kilos de plastique, selon des chiffres de l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui affirme que la France “est l’un des plus gros consommateurs de plastique en Europe”.
Parmi les nombreux déchets plastiques, on retrouve les bouteilles d’eau. À travers le monde, près de 500 milliards de bouteilles en plastique sont vendues chaque année et il s’agit du premier déchet plastique retrouvé sur les plages en Europe. En France, 15 milliards de bouteilles en plastique sont commercialisées chaque année, dont 2 milliards de petites bouteilles à usage unique.
Interdire les petites bouteilles d’eau
Pour limiter la production de déchets plastique, Pierre Cazeneuve, député Ensemble pour la République, a déposé une proposition de loi visant à interdire la production et la vente des petites bouteilles d’eau en plastique dès le 1er janvier 2027. Il souhaite ainsi modifier un article du Code de l’environnement pour interdire “la production, la distribution, la vente, la mise à disposition et l’utilisation d’emballages plastique à usage unique destinés à contenir des liquides de moins de 50 centilitres”.
« c’est 20-25 grammes de plastique pour seulement 3-4 gorgées d’eau”
“Il y a des micro-formats de bouteilles. Ce sont des bouteilles de 17 centilitres, de 25 centilitres, de 33 centilitres… Ce sont vraiment des formats que je considère parfaitement absurdes, qui sont des non-sens environnementaux puisque c’est 20-25 grammes de plastique pour seulement 3-4 gorgées d’eau”, estime Pierre Cazeneuve auprès de TF1 Info.
Cette proposition de loi a déjà recueilli le soutien des associations environnementales, qui estiment qu’il existe d’autres alternatives pour boire et transporter de l’eau comme les gourdes et l’installation de fontaines à eau dans l’espace public.
Cependant, Pierre Cazeneuve devra convaincre les députés de l’Assemblée nationale pour faire adopter son texte. Bien qu’il s’attende à l’opposition de l’industrie de l’embouteillage, de la production et de la distribution de boissons, l’élu est optimiste puisqu’il envisage un débat à l’Assemblée en décembre ou en mars prochain.
“Dans un contexte où la ressource en eau est appelée à se raréfier et où, depuis 20 ans, elle a déjà diminué de 14% en France, nous devons, avec les industriels, modifier nos habitudes de consommation et nos modes de production. Pollution des océans, de la faune et de la flore, émissions de gaz à effet de serre, utilisation des ressources naturelles : l’impact écologique des bouteilles en plastique nous oblige”, a déclaré Pierre Cazeneuve, au Parisien.
Conformément à la loi de 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, les plastiques à usage unique seront interdits en France d’ici 2040. Si la proposition de loi de Pierre Cazeneuve est adoptée, les petites bouteilles d’eau rejoindront la liste des objets interdits à la vente comme la vaisselle jetable et les cotons-tiges en plastique.
La menace du plastique dans le monde
Si la production de plastique est un fléau en France, c’est également le cas dans le monde entier. En 2021, l’Union Européenne a produit 16,13 millions de tonnes de plastique, selon des chiffres dévoilés par le Parlement Européen.
En plus de cela, la gestion du plastique est très mauvaise puisque sur 6,9 milliards de tonnes de déchets plastiques produites en 2015, 9% ont été recyclées, 12% ont été incinérées et 79% ont été accumulées dans des décharges ou abandonnées dans la nature.
Cette énorme pollution engendre des risques sanitaires importants puisque les microplastiques sont omniprésents dans l’eau, l’air et les sols. En respirant, mangeant et buvant, nous ingérons de nombreux microplastiques qui peuvent causer des problèmes de santé comme une perturbation endocrinienne, une perte de poids, une résistance à l’insuline, une diminution de la santé reproductive, des incidences sur le cerveau et l’apparition de cancer.
Selon l’association Tearfund, qui œuvre pour réduire la pauvreté dans le monde, dans les pays en développement, 400 000 à 1 million de personnes meurent chaque année des maladies liées à la mauvaise gestion des déchets, et notamment à cause des fumées toxiques émises lors de la combustion des déchets plastiques.
Quand le plastique se retrouve dans la nature, il fait des dégâts considérables. Dans le monde, 73% des déchets retrouvés sur les plages sont en plastique. On récupère énormément de filtres de cigarette, de bouteilles, de bouchons, d’emballages alimentaires et de sacs en plastique. Tous ces déchets, laissés sur place ou acheminés par le vent ou les rivières, se retrouvent dans l’océan.
Au total, on estime que 5 000 milliards de morceaux de plastique flottent dans l’océan et entre 5 et 13 millions de tonnes supplémentaires s’ajoutent chaque année. Cette concentration de plastique s’est même agglomérée jusqu’à former une masse dans l’océan Pacifique, appelée le “septième continent”.
« D’ici 2050, toutes les espèces d’oiseaux marins mangeront du plastique régulièrement ».
Cette omniprésence de plastique dans l’eau présente des risques considérables pour les animaux marins. Selon une étude de l’ONU, 100 000 mammifères marins meurent chaque année après avoir ingéré ou plastique ou s’être retrouvés emmêlés dans des débris. D’ici 2050, toutes les espèces d’oiseaux marins mangeront du plastique régulièrement.
Des constats qui prouvent qu’il est urgent d’agir pour protéger l’environnement et notre santé. Qui plus est à la lumière des récents scandales qui ont frappé les géants de l’eau en bouteille…
– Lisa Guinot
