Depuis un peu plus de deux ans maintenant, les « Biquettes de l’Espoir » taillent la route aux abords de Valenciennes et du fleuve de l’Escaut. Intégrées au programme de réinsertion auquel prend part l’association, chèvres et bergers en herbe contribuent au débroussaillage écologique de plusieurs zones. Ces biquettes jouent surtout un rôle vital en dévorant la renouée du Japon, une plante invasive qui se développe de manière incontrôlable, devenant une vraie plaie pour la biodiversité. Une initiative comme on les aime, au carrefour de plusieurs enjeux humains, animaux et environnementaux.
C’est un drôle de troupeau qui regarde depuis plusieurs mois maintenant les voitures passer aux abords de l’autoroute de Valenciennes, dans le Nord de la France. Introduite au chantier de réinsertion de l’association « Espoir », c’est désormais une douzaine de chèvres poitevines qui broutent allègrement l’herbe à côté de l’A2. On pourrait tout d’abord se demander comment et pourquoi des chèvres de race rustique se sont un jour vues envoyées aux abords d’une route, par définition bruyante et peu propice à l’établissement d’un tel troupeau.
Éradiquer la Renouée du Japon
La réponse se trouve tout simplement dans la nécessité de préserver la biodiversité. En effet, l’agglomération de Valenciennes subit depuis plusieurs années déjà l’invasion d’une plante tenace qui absorbe la vie sur son passage. La Renouée du Japon, féroce, sévit depuis le XIXè siècle dans les zones humides du nord du pays. Partout où elle pousse, elle enlève toute chance aux autres plantes de survivre ou de s’établir. Particulièrement difficile à éradiquer, cette espèce végétale survit à tout, ou presque, et engendre pour les communes des coûts énormes en fauchages qui s’avèrent peu efficaces.
Cependant, la DIR (Direction Interrégionale des Routes), semble avoir trouvé la solution pour enfin débarrasser ses terrains en marge des autoroutes de cette plante (très) invasive. Depuis 2015, une douzaine de chèvres ont donc été « embauchées » pour se nourrir de la Renouée redoutée, et l’opération connaît un succès certain. En broutant et en foulant les plants, les chèvres participent à l’éradication de la plante, non sans y prendre un certain plaisir.
Des caprins pour la réinsertion de demain
Autre atout non négligeable de ces adorables poitevines, leur action dans l’effort de réinsertion sociale déployé par l’association Espoir, spécialisée dans la question. Lancée en 1990 avec l’intention de participer à la « réinsertion de personnes en difficultés sociales et professionnelles », l’association travaille sur des chantiers et espaces verts afin de répondre au besoin local tout en offrant de nouvelles perspectives à des individus dans le besoin.
Et depuis l’arrivée de ces travailleuses à pattes, tous les indicateurs semblent au vert. La Renouée du Japon disparaît peu à peu sous les coups de sabots, le sol bénéficie de la fertilisation prodiguée par le crottin de ces ruminants acharnés, et, surtout, le personnel en réinsertion a gagné en visibilité et en sympathie. L’association enregistre des taux d’absentéisme historiquement bas, et les bergers en herbe bénéficient de réelles opportunités de retour à l’emploi. Une réussite qui se doit au succès des techniques d’éco-pâturage auprès des entreprises et collectivités, et dont se félicité Patrick Carlier, le coordinateur du projet. Aujourd’hui présentes sur trois chantiers différents, les biquettes de l’Espoir comptent bien continuer leur bonhomme de chemin, sensibilisant les riverains aux questions environnementales à (gentils) coup de mâchoires.
Sources : Francebleu.fr / Lavoixdunord.fr / Toutes images à la discrétion de l’Association Espoir.