Par peur, par gène ou parfois par simple mépris, beaucoup n’osent parfois pas regarder en face les visages de ceux qui incarnent la misère et l’échec de notre système qui avait, autrefois, l’ambition de ne laisser personne dans l’extrême pauvreté. Dans l’attente des nouvelles ambitions politiques, des citoyens, comme Maxime Franch, un tout jeune photographe français, tentent à leur échelle d’apporter un éclairage sur cette réalité. L’appareil photo devient pour lui non seulement un outil artistique, mais aussi et surtout un prétexte au dialogue et à la médiation.

Maxime Franch est un photographe lyonnais de 19 ans dont les travaux commencent à être remarqués. Encore étudiant, il passe le plus clair de son temps libre à parcourir les rues de Lyon, à la recherche de rencontres inhabituelles, toujours équipé de son appareil photo. Depuis deux ans, il a en effet pris l’habitude de venir à la rencontre des hommes et des femmes qui vivent dans la rue afin de leur apporter son aide momentanément (avec un simple café ou un repas), tout en engageant le dialogue. De ces rencontres est naturellement né son projet de portraits intitulé « Sans-Abris », qui oscille entre documentaire social et le courant artistique hyper-réaliste.

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« Avant de prendre une photo, il faut qu’il y ait une confiance mutuelle entre la personne et moi-même. Et si au bout de 20 ou 30 minutes de discussion, la personne refuse une photo, je ne vais pas insister car ce n’est pas le but » nous explique Maxime lors d’une interview. Ainsi, aucun cliché n’est volé. Les personnes qui participent sont volontaires et apprécient généralement l’expérience.

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Ainsi peut-on retrouver dans sa série de portraits une approche assez similaire à ce qu’on a déjà pu admirer chez d’autres artistes contemporains (gros plans, contrastes poussés à l’extrême, noir et blanc…), comme Lee Jeffries. Cependant, la démarche s’inscrit dans un mouvement différent, qui ne vise pas tant à « montrer » ceux que l’on oublie souvent de regarder, mais bien à réconcilier les modèles avec leur propre image.

En effet, la deuxième partie du projet de Maxime Franch consiste en effet à, s’il en a l’occasion, offrir les clichés aux sans-abris avec qui il a discuté quelques semaines, ou quelques mois auparavant. Si une telle confrontation avec leur image, d’autant plus contrastée, peut parfois être brutale, il en résulte aussi des moments anecdotiques emprunts de douceur.

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MaxFranch14« Par exemple, lors de ma deuxième rencontre avec « Joël » en septembre 2014, je suis retourné lui parler. Il m’est venu à l’esprit que j’avais toujours une photo de lui et de sa chienne « Roxane » chez moi. Je suis suis immédiatement allé la récupérer. Quand je suis revenu et que je lui ai tendu la photo, il s’est mis spontanément a pleurer et il m’a expliqué que Roxane était décédée quelques semaines après ce cliché. C’était un moment vraiment touchant. Il pleurait par nostalgie, mais aussi de joie, car il n’avait aucune photographie d’eux deux. », nous confie Maxime.

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Également impliqué dans différents projets humanitaires, Maxime Franch nous démontre une nouvelle fois qu’il n’y a pas d’âge pour s’impliquer dans les causes qui nous semblent justes avec les outils qui nous sont chers. Des tirages de ses photos seront à découvrir à partir du 5 avril aux côtés des photos d’Alain Gontier, à la Darkroom Galerie de Nice. Vous pouvez également découvrir l’ensemble de ses projets sur sa page Facebook. Nous lui souhaitons bonne chance dans la suite de son aventure artistique.

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Sources : Interview réalisée par mrmondialisation.org / Toutes les photographies à la discrétion de Maxime Franch

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