Depuis un an, Céline et Stéphane sillonnent les routes de France et d’Europe avec leur âne Marius, leur mule Symphonie, ainsi que leurs deux chiennes Kali et Bayah. Pendant ce périple qui durera encore deux années, ils récoltent des fonds pour l’association Solidarité Elisa. Ils ont voulu nous livrer un témoignage personnel de leurs péripéties et exposer leur rapport au monde contemporain.
Stéphane et Céline ont peut-être l’amour de la marche inscrit dans leurs gênes. Avant de se rencontrer, Stéphane parcourait chaque année pendant 5 à 8 semaines des petits morceaux de France, accompagné de son âne. Depuis un an, Céline partage sa route dans un long voyage à travers l’Europe. Pour ce périple, ils ont décidé de « tout quitter et de rien emporter ». Cette volonté de dénuement, ils l’assument et la revendiquent, tout en refusant de s’isoler pour autant. Sur le bord de la route, les deux marcheurs trouvent à leur manière le bonheur, en faisant de la simplicité une source de convivialité et en consacrant une partie de leur voyage au soutien de l’Association Solidarité Elisa, qui aide financièrement des familles d’enfants malades et handicapés.
« Associer notre voyage à une cause est une façon de joindre l’utile à l’agréable ! »
Stéphane et Céline ont fait de la marche un acte de libération. « La marche fait du bien à notre corps, notre cœur et notre esprit. Passés les quelques douleurs et courbatures, notre corps s’aguerrit […] ». Le long du chemin, entre contemplation et désir créatif, c’est l’esprit qui s’apaise, alors que dans une société où tout s’accélère, nous ne nous offrons que trop rarement le luxe de la lenteur. Ainsi, nous confie les voyageurs, la marche se distingue par son « côté méditatif qui nous permet d’être ancrés dans le présent, face aux paysages qui défilent, ou alors de vaquer librement dans nos pensées ». Bien évidemment, sur les chemins, il y a des hauts et des bas, mais tous deux les affrontent avec philosophie : « ce n’est évidemment pas facile tous les jours. Nous sommes parfois fatigués, un peu endoloris ou mouillés par la pluie, mais accepter ces conditions et les dépasser constitue aussi l’intérêt de la marche. Ce sont nos animaux qui donnent le rythme, parfois lent, parfois soutenu. »
Pour cause, accompagnés de leurs animaux, Stéphane et Céline sont en bonne compagnie. Outre l’aspect agréable de leur présence, les ânes bâtés sont d’une grande utilité pendant les longues périodes de marche, puisqu’ils contribuent au transport du matériel de voyage. « Nous pouvons transporter une semaine de nourriture, y comprit les croquettes pour le chien, une toile de tente avec matelas et duvets et un réchaud à gaz », expliquent Stéphane et Céline. D’ailleurs les deux ne marchent pas seulement pour eux-mêmes, mais également pour les autres. « Rapidement, Stéphane a eu envie de rendre ce que le chemin lui a apporté, et récolter des fonds pour des petites associations locales lui a semblé un bon moyen. Depuis 2011, il soutient « Solidarité Elisa », une association de bénévoles de la Drôme qui aide financièrement des familles d’enfants malades et/ou handicapés dans des situations d’urgence. »
« Renouer des liens avec les autres »
Pour nos interlocuteurs, la marche à pied est un acte positif et engagé. « En ralentissant et en vivant avec l’essentiel, nous affirmons notre désir de simplicité volontaire et essayons de colporter cette idée ». Derrière leur critique des excès de la société de consommation, qui se traduit par une tentative de détachement matériel, se trouve un désir réel de renouer des liens avec les autres et de se rapprocher des humains. Aussi, leur voyage n’est pas marqué par la solitude et ne se solde pas par « un refus de la société des hommes ». Au contraire, rapportent Céline et Stéphane, le long de la route, ils font de multiples rencontres enrichissantes et il leur « arrive […] assez fréquemment de manger et dormir chez l’habitant ».
Les deux marcheurs sont tout sauf radicaux. Leurs propos témoignent tout au plus d’une autre manière de se penser au milieu de la société, dans le soucis de pas céder à l’injonction de rapidité. « Nous utilisons tout de même les outils technologiques contemporains, ne serait-ce que pour tenir le blog, faire les vidéos, ou charger des cartes IGN sur nos téléphones portables » ironise Stéphane, soucieux de montrer qu’on peut faire autrement, sans se couper pour autant du monde qui nous entoure.
Sources : heureuxquicommemarius.com / Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation