Face à la production intensive, la surconsommation, l’obsolescence programmée et les conséquences écologiques qui les accompagnent, les initiatives citoyennes se multiplient. En France, les ressourceries comme JeRecycle Parc à Clermont-Ferrand, donnent une seconde chance aux objets de notre quotidien. Car pourquoi produire du neuf quand des objets déjà existants sont dans l’attente d’un propriétaire ?

2,2 millions de tonnes de meubles sont vendues en France chaque année. Si 45% de notre mobilier ménager est recyclé, le reste finit incinéré ou enfoui dans nos sols. “Il faut réaliser que presque tout peut se réemployer. À nous, d’avoir cette prise de conscience citoyenne et de prendre les choses en mains. Et à l’État de se charger des industries qui polluent”, explique Éric, bénévole depuis 4 ans à la ressourcerie JeRecycle Parc, association installée à Clermont-Ferrand.

Crédit image : Marine Gamot

Une consommation durable, c’est possible

Ici on collecte, on trie, on valorise, on répare, et on remet en vente à petit prix des objets destinés à nos poubelles. Mobiliers en tout genre, vêtements, livres, jouets, appareils électroniques, c’est une vraie caverne d’Ali Baba. Le surplus et l’électroménager cassé, qui ne peuvent pas être réparés sur place sont confiés à d’autres structures comme Les Mains Ouvertes. Seul l’inutilisable part en décharge. Rien que pendant le mois de septembre, plus de 8 tonnes de choses ont été récupérées et revalorisées. “C’est la plus petite ressourcerie de France et nous on est les petites mains. Ça n’arrête jamais”, s’exclame Mila tout en triant des vêtements. À ses côtés, un autre bénévole démonte un ordinateur.

En 2016, le réseau des 150 ressourceries a évité plus de 10 500 tonnes de déchets en France. Cette forme de recyclage s’inscrit dans une démarche de consommation durable. C’est une lutte contre l’épuisement de nos ressources, la pollution de l’eau, de l’air, des sols, le dérèglement climatique. En effet, depuis sa fabrication jusqu’à sa fin de vie (en passant par son transport et sa distribution), un produit à un impact néfaste sur notre environnement et souvent sur notre santé. Prenons l’exemple d’un four à micro-ondes : il ne pèse que 13 kg en moyenne et pourtant sa fabrication demande 2 tonnes de matières premières diverses. Sans oublier l’énergie grise nécessaire à sa production et son acheminement.

Pour Julien, président de Jerecycle Parc, l’idée, est « de lutter contre la surconsommation et de développer une consommation alternative ». Selon lui, « on peut consommer différemment. Ne plus jeter tout et n’importe quoi. C’est faire comprendre aux gens que chaque chose peut avoir une seconde utilisation. C’est à la fois une démarche de protection de l’environnement et une démarche sociale.” Ainsi, consommer en recyclerie, c’est surtout avancer dans une logique de simplicité volontaire.

Crédit image : Marine Gamot

Une économie sociale et solidaire

En effet, l’association aide (par le biais des assistantes sociales) les personnes en difficulté à récupérer du mobilier et des vêtements à petits prix. Elle favorise aussi la réinsertion professionnelle. En France, plus de 3000 personnes sont employées dans des ressourceries. Le but : aider celles et ceux dans le besoin à retrouver un lien social et une activité. Mila, 50 ans, fait partie de ces salariés. Avant d’avoir un contrat de 20h, elle a été pendant plusieurs années bénévole au RSA dans un objectif solidaire.

L’association accueille également des réfugiés. Maury, l’un d’entre eux, est arrivé à Clermont-Ferrand il y a 4 mois. Originaire de Côte – d’Ivoire, il est demandeur d’asile. C’est grâce à une assistante sociale qu’il est maintenant bénévole à la ressourcerie. Bien que le manque de moyens se fait cruellement sentir pour l’association, elle poursuit ses projets, notamment de sensibilisation. Comme toute bonne ressourcerie, elle incite à la réduction de nos déchets et à la lutte contre l’obsolescence programmée.

Des Ateliers de Recyclage

“On va faire des ateliers, ouverts à tous, pour apprendre à chacun comment réparer soi-même ses propres appareils électroniques. Il y a aussi des écoles qui viennent visiter les lieux, pour montrer aux enfants qu’on peut réutiliser plutôt que de jeter. Cette sensibilisation on l’a fait aussi avec Recycl’Art”, développe Julien. Cette autre association mêle étroitement préoccupations écologiques et art. D’un côté, des artistes transforment en œuvre d’art nos objets jetés. De l’autre, des ateliers accessibles à tous et pour les enfants sont organisés en lien avec les arts plastiques et le street-art.

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Le lien entre art et recyclage n’est pas forcément évident de prime abord. Et pourtant, c’est notre vision et nos pratiques qu’il faut changer. Et les pratiques culturelles peuvent jouer un rôle essentiel pour entamer cette évolution. De plus en plus d’artistes et d’artisans utilisent des objets inutilisables, destinés à la poubelle, pour leur donner une toute nouvelle fonction. C’est ainsi, par exemple, qu’une vieille trompette cassée peut devenir une lampe de chevet originale, ou qu’une vieille table de machine à coudre se transforme en superbe bureau de travail de style industriel.

En France, les initiatives se multiplient autour du concept des ressourceries, chacun y ajoutant sa touche d’originalité. Vous êtes sensible à cette alternative ? Déposez vos objets ou venez chercher ce dont vous avez besoin dans la ressourcerie la plus proche de chez vous.

Crédit image : Marine Gamot

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Sources : ZERO WASTE France / ADEME : Rapport : La face cachée des objets : vers une consommation responsable / Réseau des ressourceries : Observatoire national des ressourceries rapport 2017 / JeRecycle Parc / Recycl’Art Auvergne

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