A l’heure où l’examen de la loi Climat et Résilience s’est achevé à l’Assemblée nationale, adoptant un amendement pour intégrer la formation aux enjeux de la transition écologique dans l’enseignement supérieur, la COP2 Étudiante se propose d’accompagner les établissements du supérieur dans cette démarche en utilisant l’intelligence collective et des rencontres multi-acteurs. Cet événement a débouché sur l’adoption de l’Accord de Grenoble, un texte ambitieux et porteur d’avenir. Explications.

@COP2 – Université Grenoble Alpes

Les 10 et 11 avril 2021, la COP2 Étudiante a organisé la première rencontre nationale d’initiative étudiante pour favoriser la transition socio-écologique de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) français. Cet événement, entièrement en ligne en raison du contexte sanitaire, était partagé en 3 volets :

  • Un volet Festival pour sensibiliser aux défis de notre société via des ateliers et conférences avec des intervenants reconnus dans le domaine de la transition (Maxime De Rostolan, Camille Etienne, entre autres).
  • Un volet Forum pour aider les étudiants dans leur quête de sens avec des organisations engagées dans la transition et deux tables-rondes « Qu’est-ce qu’une organisation engagée dans la transition écologique dans un monde fini ? » et « Quelle relation au travail pour les futur·e·s jeunes diplômé·e·s ? ».
  • Un volet COP réunissant environ 300 directions d’établissements, enseignants, chercheurs, étudiants et jeunes diplômés.

L’ouverture de cette COP s’est notamment déroulée aux côtés de Jean Jouzel, président du groupe de travail ministériel visant à « Enseigner la transition écologique dans le supérieur» . Un choix fait par les étudiants organisateurs en écho avec l’examen de la loi Climat et Résilience à l’Assemblée nationale, adoptant un amendement pour intégrer la formation aux enjeux de la transition écologique dans l’enseignement supérieur. C’est à cette occasion qu’ont été présentés l’Accord de Grenoble ainsi que le livre blanc de la COP2 Étudiante. Zoom sur cette initiative étudiante ambitieuse.

De la COP2 Etudiante…

La COP 2 Étudiante naît à la suite de la COP 1 organisée à Paris en octobre 2019 avec la volonté d’aller plus loin que la prise de conscience dans l’enseignement supérieur, vers un véritable engagement.

L’objectif est le suivant : rassembler les parties prenantes de l’enseignement supérieur dans un cadre propice à la collaboration pour aboutir à des recommandations et propositions communes autour des grands enjeux environnementaux touchant à la formation des générations futures ainsi qu’à la construction de campus exemplaires en termes de transition écologique.

Les organisateurs utilisent le terme de « COP » (nldr, conférence des parties) parce-que l’événement s’inscrit dans le même esprit que les conférences internationales sur le climat telle que celle qui a mené à l’Accord de Paris : une rencontre où toutes les parties prenantes concernées se mettent d’accord sur un problème et les objectifs pour le résoudre. Ils font ainsi le parallèle :

Crédits : COP2 Etudiante

Chaque établissement a pu participer à la COP Étudiante de janvier à mars 2021 grâce à l’organisation d’un groupe de travail de 12 personnes, composé de cette manière :
– un tiers d’étudiants de l’établissement en question ;
–un tiers de personnels d’établissement, administratifs, chargé DD&RS, responsable de campus, de membre de direction/présidence proposées par l’établissement inscrit dans la démarche ;
–un tiers d’enseignants-chercheurs.

« Organiser une réunion d’égal à égal avec des enseignant.e.s, des étudiant.e.s et des membres de l’école était vraiment enrichissant, et a permis de redéfinir des rapports parfois trop top-down ou infantilisant, ce qui était d’autant plus intéressant que les sujets abordés nous concernent tou.te.s » – Ambassadrice à ENSAIA. 

Au total, ce sont plus de 70 établissements (universités, grandes écoles, écoles d’architecture) à travers toute la France qui ont travaillé sur les deux volets suivants :  « Former la génération de demain » et « Construire le campus de demain ». Ceux-ci ont été choisis sur la base du référentiel DD&RS 2020 (Label Développement Durable des Etablissements d’Enseignement Supérieur) et sur le « Grand Baromètre » du collectif Pour Un Réveil Écologique. Parmi les axes de travail, se posait notamment la question des enjeux de la transition socio-écologique, de la consommation sur le campus et sa gestion, des politiques humaines et sociales favorisant l’inclusion, et de la participation de la recherche dans l’effort de transition.

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… à l’adoption de l’Accord de Grenoble.

Un livre blanc, synthèse des groupes de travail, a été rédigé par les organisateurs de la COP2 Etudiante afin de proposer une liste de propositions concrètes qu’il serait possible de mener dans les établissements de l’Enseignement Supérieur de la Recherche. Mais, surtout, l’Accord de Grenoble a pu être adopté.

Onze objectifs y ont été fixés pour les établissements signataires : sensibiliser 100% des apprenants ; former 100% des apprenants ; adapter les enseignements ; proposer une formation au personnel de l’établissement ; augmenter la participation de la recherche dans l’effort de transition ; privilégier des structures variées et respectueuses des enjeux socio-écologiques dans les partenariats pédagogiques et administratifs ; préparer les apprenants à adopter une posture active dans leurs futurs emplois ; garantir une politique humaine et sociale ; suivre et publier son empreinte carbone ; réduire les émissions de gaz à effet de serre ; assurer une bonne gestion du campus.

Dans la partie annexe de l’accord, une série de mesures non-exhaustive est proposée pour l’accomplissement de chaque objectif.

Cet accord pourra être signé par tout établissement qui souhaite prendre des engagements forts pour la préservation de l’environnement. La COP2 Étudiante n’a cependant, tout comme celle dont elle s’inspire, aucun pouvoir coercitif : elle compte sur l’engagement et la bienveillance des signataires d’établissements.

Déjà plus de 20 d’établissements du supérieur, représentants plus de 70 000 étudiants ont signé cet accord. Et c’est une trentaine d’autres établissements du supérieur, représentants plus de 375 000 étudiants, qui ont notifié leur intention de signer dans les prochaines semaines. C’est un grand mouvement qui se lance, avec au total près de 450 000 étudiants déjà impactés par les signatures effectives et à venir

Néanmoins, bien que la quantité de travail fourni soit déjà conséquente, le chemin à faire est encore long. C’est ce qu’explique une étudiante à la Sorbonne Université : 

« L’Accord de Grenoble n’est qu’une première étape. Le plus dur va être ensuite de débloquer des fonds, de réellement bousculer l’enseignement et le fonctionnement de l’ESR. Assurer un suivi et communiquer sur les avancées (ou non) de chaque établissement suite à la COP2 étudiante ne pourront que pousser les universités et écoles dans le bon sens. »

L’association de la COP2 Étudiante invite chaque étudiant à engager son établissement dans la démarche en lui faisant prendre connaissance de l’Accord de Grenoble : « c’est le moment ou jamais de montrer ce que les étudiants attendent de leurs années d’étude, et qu’elles les forment réellement à apporter les transformations nécessaires pour faire face aux enjeux d’un monde en plein bouleversement.» 

 

Références :

-Camille Bouko-levy

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