Comment appréhender les changements qui bouleversent le monde du travail et, par là même, une vision de la société travailliste bien ancrée depuis le début des années 1960. C’est à cette question que s’attaque #datagueule dans sa 62ème vidéo, profitant de l’occasion pour interroger le philosophe Bernard Stiegler. Quelles sont les causes de cette évolution inévitable et quelles sont les solutions pour éviter l’effondrement du compromis social ? Forts d’exemples, dans un format plus long qu’habituellement, la vidéo qui suit nous propose quelques pistes de réflexion à creuser ensemble. 

C’est par une analyse très persuasive que l’équipe de #datagueule décrit les principales tendances qui caractérisent l’évolution du monde du travail : un chômage en constante augmentation depuis les années 1980, une tendance à la précarisation des droits des salariés et surtout une présence de plus en plus importante des machines et des robots. Pour faire face, la recherche de réponses adaptées n’est pas si simple, elle est jonchée de paradoxes : qui peut ne pas se réjouir que des tâches hyper-répétitives, qui souvent entrainent le travailleur à l’épuisement, soient désormais accomplies par des robots ? Mais la question n’est peut-être pas là. Car en réalité, la révolution technologique en marche interroge notre modèle de société, la manière dont nous partageons les richesses, la propriété des dites machines, mais également la manière dont nous organisons notre quotidien. Au simple constat des mutations en cours, c’est donc un débat de fond qui doit faire place inévitablement.

Automatisation, emplois et réponses politiques

Progressivement, le travail humain est remplacé par celui de machines, considérées comme plus efficaces, et peu à peu moins couteuses. Différentes études à l’appui, l’équipe de #datagueule montre que cette tendance devrait aboutir à la destruction massive d’emplois dans les années à venir. Cette problématique est déjà très actuelle selon les auteurs de la vidéo : nombreuses sont les entreprises dans le monde qui investissent massivement dans des robots tout en diminuant leurs effectifs. De plus, une seconde tendance est en train de se dessiner à l’horizon : celle de la « polarisation du marché de l’emploi ». D’un côté on trouve des emplois hyper-qualifiés, accompagnés de salaires importants, de l’autre des emplois peu qualifiés et mal rémunérés. Bien évidement, cela a pour conséquence de fragmenter un peu plus la société.

Penser des solutions et accompagner au niveau politique cette transformation est donc devenu une question urgente. On pourrait même y voir une chance d’émancipation de l’humain, à condition d’intervenir de manière collective pour trouver des solutions globales. Dans le cas contraire, des acteurs privés risquent de tirer seuls leur épingle du jeu, en imposant leurs propres règles comme on peut l’observer actuellement avec le phénomène parfois inquiétant de l' »ubérisation du travail ». En réaction à ces phénomènes, ce n’est pas un hasard si la question du revenu de base revient de plus en plus souvent dans les débats : il s’agit bien de trouver un moyen de répondre au défi que représente la transformation du marché de l’emploi. Cependant, à ce sujet, il s’agit de prendre toutes les précautions nécessaires, car aujourd’hui beaucoup de personnalités politiques voient dans cet outil un simple moyen pour rationaliser les dépenses liées aux prestations sociales.

À la recherche d’un nouveau modèle de société

Afin d’introduire quelques pistes, #datagueule fait intervenir Bernard Stiegler, un philosophe français spécialisé sur les questions liées aux mutations de la société et aux conséquences des évolutions technologiques et numériques. Lui aussi considère la suppression des emplois suite à l’automatisation comme une question essentielle, une tendance qui pourrait aboutir ni plus ni moins « à un effondrement macro-économique ». D’où la nécessité de repenser les catégories, notamment en revalorisant l’ensemble des tâches qui ne peuvent pas être accomplies par des robots, mais également d’utiliser les nouvelles technologies pour faire augmenter « l’intelligence collective ».

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Ainsi, le futur du travail ne peut pas se penser sans avoir une vision politique d’ensemble de la la société. Le champ de réflexion est immense, car il s’agit d’apporter des réponses à des problèmes tels que la fragmentation de la société, le repli sur soi, le partage des richesses ainsi que des questions environnementales telles que la surproduction ou la finitude des ressources. Tous ces sujets sont étroitement imbriqués et il faut saisir l’opportunité de pouvoir les traiter ensemble.

 

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