Un arrêté de la préfecture de Seine-Maritime promet la mise à mort de mille quatre cent trente renards dans les mois à venir, en plus de ceux habituellement abattus par les chasseurs. Une décision qui tombe sans base scientifique solide et contre la majorité des avis exprimés au cours de la consultation publique. L’association One Voice s’insurge dans leur communiqué relayé sur Mr Mondialisation.

Photo :  Fabien Gagnon – CC BY-NC-SA 2.0

1430 renards en danger de mort : nous attaquons en référé la préfecture de Seine-Maritime

Communiqué de One Voice – le 17 août 2020

La préfecture de Seine-Maritime a publié un arrêté signant la mort de mille quatre cent trente renards en moins de six mois, en plus de ceux tués par les chasseurs tout au long de l’année. Cet arrêté va à l’encontre de la majorité des avis exprimés au cours de la consultation publique, et les motifs invoqués pour justifier de sa publication n’ont pas de base solide. Nous l’avons attaqué en déposant un référé devant le tribunal administratif. L’audience a lieu au tribunal administratif de Rouen le 19 août 2020 à 15h. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir afin de sauver ces renards, traqués de jour comme de nuit.

La préfecture de Seine-Maritime soutient qu’il faut éliminer de Normandie plus de 1400 renards en six mois ! Au-delà des justifications données qui sont comme toujours fallacieuses et soufflées par les chasseurs, la préfecture oublie l’essentiel : faire disparaître les renards est non seulement un drame pour eux-mêmes, mais aussi une catastrophe écologique et sanitaire.

Young fox

La « hausse tendancielle » de leur population : un faux calcul

Le préfet affirme que la population de renards augmente en Seine-Maritime, alors qu’il se base sur le nombre de renards piégés ainsi que sur les déclarations de dégâts, méthodes non reconnues pour une telle évaluation. Et pour cause ! Les renards pourraient fort bien être en déclin à cause de la multiplication de ces pièges ! De toute façon, ils régulent leur population en fonction de leur environnement.

Les chasseurs préfèrent tirer sur les perdrix plutôt que de laisser vivre les renards

Les chasseurs justifient l’utilité de leur loisir par l’absence de prédateurs pour réguler naturellement des populations animales, ici des perdrix. Mais quand la nature fait son œuvre, ils tiennent absolument à tout dérégler pour le plaisir de tuer, les uns (les renards) et les autres (les perdrix).

Pour l’anecdote, on notera que le préfet ne produit d’ailleurs aucune évaluation de l’effet de la prédation vulpine sur la population des perdrix, qui ont aussi d’autres prédateurs naturels…

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On se trouve donc face à un cas de concurrence si insupportable pour les chasseurs qu’ils s’octroient le droit d’éradiquer les renards, en position de boucs émissaires. Pour la logique, on repassera. C’est le serpent qui se mord la queue.

Plus les renards sont chassés, plus ils tombent malades !

Le préfet soutient qu’il est nécessaire de tuer des renards pour réduire le risque de transmission des maladies dont ils peuvent être porteurs. Or, une étude de l’Office Français de la Biodiversité de 2016 conclut que les campagnes de « destruction » ne diminuent pas les risques de transmission à l’humain ; celles-ci sont même susceptibles d’augmenter la prévalence de la maladie parmi les renards, en éliminant des animaux sains et en accentuant les phénomènes de migration.

Des éleveurs qui ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes !

Le préfet soutient enfin qu’il est nécessaire de réduire le nombre de renards pour protéger les élevages de poules. Cet argument apparaît totalement irrecevable puisque ces élevages sont nécessairement clos et que les éleveurs doivent prendre les précautions qui s’imposent pour empêcher tout contact avec la faune sauvage. D’autres mesures de protection (grillage, clôture électrique) existent et elles sont plus efficaces. D’ailleurs, les enquêtes faites à ce sujet montrent que les dégâts causés aux élevages ne sont pas liés au nombre de renards, mais à la taille et à l’organisation de l’élevage.

Red Fox

Aucun argument ne justifie donc ce nouveau massacre annoncé

Aux 2468 avis négatifs, le préfet a répondu en une seule phrase lapidaire : « Malgré des réponses très majoritairement défavorables en nombre, les impacts négatifs de l’espèce demeurent prédominants en terme de sécurité sanitaire et de préservation d’une filière. »

Alors que le code de l’environnement lui demande une « prise en considération des observations et propositions déposées par le public » et d’indiquer dans le document de synthèse « celles dont il a été tenu compte »...

Car s’indigner ne suffit pas, nous avons déposé un recours contre le préfet de Seine-Maritime. L’audience a lieu au tribunal administratif de Rouen le 19 août 2020 à 15h. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver ces 1430 renardes, renards et renardeaux!

– Julia Mothé

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