L’Inde traverse sa pire crise de l’eau dans l’histoire du pays. 600 millions de personnes n’ont pas accès à suffisamment d’eau selon un rapport rendu au gouvernement par le think thank Niti Aayog. Et la situation devrait empirer dans années à venir, alors que d’ici 2030, la demande pourrait être deux fois supérieure aux réserves disponibles. Le point.

En Inde, 600 millions de personnes, soit près de la moitié des 1,3 milliard d’habitants du pays, font face en ce moment même à un manque important voire critique d’eau. Le risque de pénurie d’eau douce n’est plus de l’ordre de l’hypothèse, mais un phénomène qui s’aggrave faute d’une gestion adéquate de la ressource. On peine à imaginer la gravité de la situation et ses conséquences possibles dans les mois et années à venir, avec de probables déplacements de population.

त्रिवेणी में प्रदूषित गंगा नदी« Des millions de vies sont menacées »

Le phénomène prend déjà la forme d’une véritable crise sanitaire qui pourrait se transformer en crise sociale et politique. Dès aujourd’hui, selon les principales conclusions du rapport du think thank Niti Aayog, 200 000 personnes mourraient chaque année en raison du manque d’eau ou de maladies contractées en buvant de l’eau contaminée. Mais le pire est encore à venir : 21 grandes villes du pays pourraient se trouver « à sec » d’ici 2020, touchant 100 millions d’habitants. 

Si, en raison de la taille de la population de l’Inde, l’approvisionnement en haut pose déjà des difficultés, c’est surtout la gestion de l’eau qui est mise en cause, dans un pays où la législation n’est pas très contraignante. À toutes les échelles, des quantités importantes de la précieuse ressource sont dilapidées. D’une part, l’agriculture – principale consommatrice – utilise des techniques d’irrigation particulièrement gourmandes. Par ailleurs, les villes ne disposent pas de systèmes de traitement perfectionnés, si bien que seules 30 % des eaux usagers sont assainies. Le développement anarchique des espaces urbains au détriment des ressources naturelles pose par ailleurs de sérieux problèmes car il restreint un peu plus l’accès à l’or bleu. En fin de compte, une part croissante des cours d’eau et des nappes phréatiques du pays se trouvent contaminés. Cette situation peut laisser craindre une situation sociale explosive, mais aussi le développement de maladies. Par ailleurs, c’est aussi la culture et le mode de vie de millions d’habitants qui sont remis en cause, alors qu’en Inde l’eau est liée à de nombreuses pratiques religieuses.

Ces nouvelles inquiétantes s’ajoutent à d’autres menaces liées aux incidences des activités humaines sur l’environnement, notamment la pollution de l’air importante en Inde. 

IMG_3216L’accès à l’eau se complique aussi dans d’autres régions du globe

Que ce soit en Inde ou ailleurs dans le monde, les difficultés d’accès à l’eau se généralisent. D‘après le magazine de l’OCDE, « en 2025, pour la majorité des habitants de la planète, l’approvisionnement en eau pourrait être « insuffisant » voire « dramatiquement insuffisant ». En janvier dernier, c’est la ville de Cape Town en Afrique du Sud qui tirait la sonnette d’alarme. Depuis, même si les 4 millions d’habitants rationnent l’eau, les scientifiques restent pessimistes : ici aussi la situation ne devrait que s’aggraver dans les années à venir. Seule solution pour les habitants, compter chaque litre et réduire de manière drastique leur consommation. Une « décroissance » forcée par l’état d’urgence sanitaire de la situation.

Même en France, les politiques de gestion de l’eau posent question. Récemment, c’est la cas de l’exploitation de l’eau par Nestlé à Vittel qui posait question. Alors que la multinationale puise la précieuse ressource dans la nappe phréatique de la ville, cette dernière affiche un déficit de 800 000 m3 par an. Dans un avenir proche, les habitants de la ville pourraient se voir contraints de s’approvisionner en eau ailleurs, au prix d’une augmentation de leur facture. Un véritable paradoxe, alors que pendant ce temps, Nestlé fait des bénéfices importants en vendant cette eau en bouteille (privatiser les bénéfices, mutualiser les pertes). Face à la pénurie qui vient, de nouvelles pratiques et politiques de l’eau s’imposent d’urgence partout dans le monde, mais tardent pourtant à être pris au sérieux par les représentants politiques.


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