Saviez-vous que 5% de la population mondiale protège aujourd’hui 80% de la biodiversité de notre planète ? Les peuples autochtones, véritables gardiens de l’environnement, se heurtent pourtant aux injonctions économiques et politiques d’une société qui a perdu son lien primaire à la Nature. Afin de mettre en lumière le combat écologique et social des femmes issues des ces communautés, Jade Fort et Estelle Lalisse ont créé le projet ELLAS. A l’occasion de leur immersion en Amazonie, ces deux jeunes réalisatrices souhaitent rendre hommage aux figures féminines qui se dressent pour préserver leur culture et leur environnement prodigieux. Récits de Vies.
Avec ses 550 millions d’hectares de forêts, dont un tiers au climat tropical humide, l’Amazonie assure une fonction vitale à la santé de notre planète. On estime ainsi que cette région du monde renferme entre 80 et 120 milliards de tonnes de carbone, capté grâce à l’action de sa végétation.
Un inestimable patrimoine écologique en danger
Véritable poumon vert de l’écosystème Terre, ce coin du monde héberge aussi une biodiversité phénoménale : 40 000 espèces de plantes, 3 000 espèces de poissons d’eau douce et plus de 370 de reptiles, soit une espèce sur dix connues sur Terre selon WWF, y ont été recensés.
Mais en plus d’abriter 10% de la biodiversité mondiale, ce biome accueille aussi en son sein près de 35 millions de personnes, qui vivent en majorité des services rendus par cette nature luxuriante.
Autrefois largement protégées des invasions humaines délétères à son équilibre, l’Amazonie connait aujourd’hui de nombreuses menaces.
S’étalant sur une vaste région, elle couvre neuf pays en développement rapide : le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane française. L’essor économique de ces états se fait malheureusement souvent au détriment de leurs richesses naturelles.
Le WWF a ainsi identifié cinq fronts de déforestation tout autour de l’Amazonie : les activités minières, agricoles, les feux de forêts d’origine anthropique, les infrastructures énergétiques et de transport ainsi que le dérèglement climatique sont responsables de la dégradation et de la destruction des écosystèmes de la région.
Gardiens de la biodiversité
En parallèle de ce système destructeur de son propre environnement, une autre manière de vivre tente de préserver cet équilibre fragile. Même s’ils ne représentent que 5% de la population mondiale, « les peuples autochtones sont néanmoins des gardiens indispensables de l’environnement », proclame l’Organisation des Nations-Unies pour l’agriculture et l’Alimentation (FAO), qui avait publié un rapport sur la durabilité et la résilience des systèmes alimentaires des peuples autochtones face au changement climatique.
Aujourd’hui, les territoires autochtones traditionnels ne couvrent que 22% de la surface émergée du globe, et abritent pourtant 80 % de sa biodiversité. « Un tiers des forêts mondiales, cruciales pour limiter les émissions de gaz, sont gérées principalement par des peuples autochtones, des familles, de petits exploitants et des communautés locales », détaille la FAO, qui poursuit en affirmant que « leurs modes de vie et leurs moyens de subsistance peuvent nous en apprendre beaucoup sur la préservation des ressources naturelles, la culture d’aliments de manière durable et la vie en harmonie avec la nature ».
Le rôle des populations autochtones est donc primordial dans la lutte contre le dérèglement climatique. Pourtant, bon nombres d’obstacles se dressent devant eux, à commencer par le colonialisme vert que certaines associations dénoncent avec force.
S’immerger pour éveiller les consciences
Pour mettre en avant ces différentes enjeux, deux amies de 23 ans, Jade Fort et Estelle Lalisse, ont décidé de partir à la rencontre de femmes issues de communautés autochtones en Colombie, en Equateur et au Pérou pendant 3 mois.
A l’issue de ces rencontres, elles souhaitent partager une série documentaire nommée ELLAS qui raconte le quotidien, la conception de la vie et les combats de femmes autochtones au sein de leur communauté au XXIème siècle. Au total, quatre épisode d’une demi-heure seront montés et proposés aux spectateurs, auprès de qui elles espèrent « créer un sentiment d’immersion », qui favorisera « la prise de conscience de notre lien intrinsèque avec la nature et sa préciosité ».
Ce documentaire, que les deux jeunes réalisatrices décrivent comme « la création de jeunes préoccupés par l’avenir de la planète à la recherche d’histoires inspirantes », est destiné à rendre hommage aux visages féminins qui préservent les savoir-faire et traditions de leur communauté. Il vise également à témoigner de leur capacité d’adaptation face aux évolutions des enjeux politiques, économiques et sociaux qu’elles rencontrent.
Partir à la rencontre de celles qui luttent
Ainsi, Jade et Estelle partiront à la rencontre de Magola, qui habite aujourd’hui à Quito mais qui a vécu de nombreuses années en Amazonie. En tant que sociologue au sein d’une ONG, elle s’engage à présent dans la réduction des inégalités sociales dans l’accès à l’éducation.
Les deux jeunes femmes suivront également le parcours de Rosa, membre de la communauté Quechua et médecin, qui allie les savoirs de la médecine moderne et ancestrale. En Colombie, Lilia sera une de leurs interlocutrices. Véritable femme leader au sein de sa communauté San Fransisco de Amacayacu, elle s’engage au sein de comités autochtones pour protéger les siens et lutte en particulier pour instaurer des règles de pêche responsable.
Chaque épisode abordera donc une thématique différente : la nature, la culture, la religion, les traditions, la justice ou encore à la vision de l’avenir.
« Nous souhaitons réaliser une série documentaire incarnée où nous partageons ouvertement nos interrogations, nos découvertes et nos émotions, pour créer un lien entre le spectateur et les personnes rencontrées », expliquent les deux étudiantes.
Un financement participatif pour concrétiser leur rêve
Actuellement à la recherche de financement pour réaliser leur projet, Jade et Estelle ont démarré une campagne de crowdfunding qui prendra fin le 16 juin.
A leur retour en France, les deux réalisatrices entendent bien partager leur résultat au plus grand nombre. « Nous avons pour objectif de diffuser la série sur des plateformes web tels que Arte, Salto ou encore Netflix (soyons fous!). Nous comptons également organiser des évènements de sensibilisation avec diffusion de notre film dès notre retour, auprès de nos partenaires, dans nos villes (Lyon, région parisienne…) et lors de festivals de cinéma ».
Pour soutenir Jade, Estelle et le reste de leur équipe, pour partager l’intérêt qu’elles portent à ces communautés traditionnelles qui préservent 80 % de la biodiversité terrestre et pour rendre leur combat visible, prenez part à l’aventure ELLAS en participant à leur campagne de crowdfunding !
L.A.