L’association L214 vient de révéler que des œufs identiques provenant du même élevage, peut-être même de la même poule, sont vendus sous des labels différents jusqu’à deux fois plus cher. Un scandale qui ravive le débat sur l’élevage en batterie.

Comment faire confiance aux supermarchés quand ceux-ci ne cessent de rivaliser d’ingéniosité pour nous tromper dans le choix de nos produits ? Le magazine UFC Que Choisir vient de révéler le résultat d’une enquête menée par l’association de protection des animaux L214. Celle-ci démontre que des œufs issus d’une même poule, avec la notation officielle « 3 » (en batterie), peuvent être vendus sous différentes marques et des prix totalement différents, le packaging orientant le consommateur alors que la qualité ne joue aucun rôle dans ce choix.

Alors que les conditions de vie dramatiques des poules pondeuses élevées en batterie commencent à être connues du grand public, sensibilisant à une consommation plus responsable, les marques ne cessent d’élaborer des stratagèmes pour nous inciter à acheter ces œufs peu couteux à produire, symboles de la maltraitance animale et d’une industrialisation de masse. Avec des prix attractifs ou des packagings tape-à-l’œil, tout est fait pour nous faire oublier, le temps de l’achat, l’horreur qui se cache derrière cet élevage en cages.

Ainsi, les conclusions de l’enquête publiée ce 29 septembre sont sans appel : ce n’est pas la qualité qui fait le prix, mais la boîte ! Le consommateur peut donc être facilement trompé en achetant une boite plus couteuse, plus belle, affichant un slogan positif de type « Oeufs de nos villages – nos éleveurs ont du talent » (comme le précise l’étude) mais contenant un œuf de premier prix vendus ailleurs quelques cents. S’il était déjà réputé que de nombreuses marques se fournissent chez les mêmes fournisseurs dans de nombreux secteurs, modifiant uniquement l’apparence de l’emballage et/ou quelques ingrédients lors de la production, cette étude permet de le démontrer en ce qui concerne l’industrie des œufs.

Ce qui est jugé par l’association comme étant une véritable arnaque nous rappelle d’être toujours vigilants aux conditions de l’élevage des poules, dont la mention est obligatoire sur chaque boîte d’œufs. Les slogans et les images ne sont évidement pas contractuels… De plus, chaque œuf distribué en supermarché possède un code précisant le type d’élevage (3 pour l’élevage en cages, 2 pour l’élevage au sol dans un bâtiment clos, 1 pour l’élevage en plein air et 0 pour l’élevage biologique), le pays, le code identifiant de l’élevage, ainsi que le numéro de l’entrepôt d’où provient l’œuf. C’est grâce à ces codes que l’association L214 a pu mener « facilement » son enquête, étalée sur deux mois dans 474 supermarchés en France :

« Par exemple, l’enquête montre qu’un œuf provenant du même élevage tamponné 3 (mode d’élevage – ici élevage en cage) FR (pays producteur, ici France) KBG (identification de l’élevage) 01 (numéro du bâtiment de ponte) est vendu à Bourges sous la marque Matines à 0.30€ et est aussi vendu le même jour à Saint Raphaël mais en 1er prix-Top Budget à 0.18€. Un oeuf provenant d’un même élevage tamponné 3 FR TCD 01 est vendu 0.26sous la marque Oeufs de nos villages – nos éleveurs ont du talent à Nantes et la veille a été relevé à Brest mais dans une boîte 1er prix à 0.12€. » est-il expliqué sur le site de l’association.

Ainsi, Brigitte Gothière, porte-parole de L214, précise que « les filières et distributeurs abusent d’astuces marketing pour berner les consommateurs et faire croire à des qualités différentes. Une seule certitude, l’élevage des poules en cages est incompatible avec la reconnaissance de la sensibilité des animaux et les exigences des consommateurs : ce mode d’élevage devrait être interdit. » Faute de réglementation, le consom’acteur conscient de ses choix et bien informé ne pourra décemment plus tomber dans le piège.

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Un changement nettement positif s’opère cependant dans plusieurs pays d’Europe. L’Autriche a, par exemple, totalement banni l’élevage des poules en cages depuis 2009, tandis qu’aucun œuf de cette catégorie n’est plus vendu dans les supermarchés d’Allemagne ou des Pays-Bas. En France, Monoprix a adopté le code 1 pour l’ensemble des œufs de sa marque distributeur depuis 2013, tandis que les magasins Colruyt et Schiever ont définitivement banni les œufs notés « 3 » de leurs rayons. Une avancée qui aboutira peut-être vers une abolition totale de ce mode d’élevage jugé malsain dans les années à venir. En attendant, les marques qui distribuent cette catégorie continueront d’utiliser toutes les méthodes possibles pour vendre leur marchandise.

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Sources : l214.com / l214.com (2) / bioaddict.fr

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