Au cœur des Pyrénées, cette famille vit son rêve d’autonomie (Reportage)

Hélène Gadoury a décidé d’aller à la rencontre de celles et ceux qui ont fait le choix d’une vie atypique. Le 1er épisode du projet « Belles Âmes » l’a emmené au cœur des Pyrénées, chez Richard et Charlotte, un couple qui a fait de la simplicité volontaire un principe de vie. En photos, dessins et vidéos, elle nous livre une immersion intimiste auprès d’une famille qui se distingue.

Mai 2018 : je suis accueillie chez Richard et Charlotte dans leur maison isolée dans les Pyrénées. Respectivement âgés de 46 et de 36 ans, ils vivent avec leur fils de trois ans, Zéphyr. Leur vie n’est dirigée que par un seul objectif : vivre le plus possible en harmonie avec la nature. Si j’ai choisi de séjourner quelques jours dans cette famille, c’est pour pouvoir partager leur quotidien et le mettre en lumière, sans jugement.

Au milieu des bois, leur maison se trouve en fin de piste… Les seuls voisins sont à 15min en voiture. Il en faut 40 pour rejoindre la ville. Pour limiter les trajets, ils ne descendent qu’une seule fois par semaine. À chaque fois, l’euphorie est palpable : c’est l’occasion de racheter ce qu’il manque dans la cuisine, éventuellement profiter de la sortie pour aller chez le médecin ou encore échanger des livres à la bibliothèque. C’est un moment de sociabilisation puisque Charlotte et Richard retrouvent alors des amis, mais également de stress : la route, le trafic, les nombreuses tâches à faire font que nous sommes épuisés à la fin de cette journée. Je m’en rends vite compte, la vie dans ces hauteurs, c’est un délicat équilibre à trouver pour rester en cohérence avec ses propres valeurs.

Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury

Les mains dans la terre, les yeux dans le ciel

Charlotte et Richard se sont rencontrés dans l’Himalaya il y a 10 ans. Charlotte voyage et Richard – qui est Anglais – cherche à méditer dans ce pays. Ils rentrent ensemble en France et après avoir vécu quelques temps dans les Alpes, ils entament des recherches pour s’installer dans une petite maison avec terrain. Ils sillonnent le pays avant de trouver une maison au cœur des montagnes pyrénéennes. C’est ici, dans cette région à moitié sauvage et dont la nature est relativement préservée qu’ils décident de commencer leur projet : retaper une vieille maison et ses dépendances, faire un potager et être le plus autonome possible.

La famille a accepté de m’accueillir avec mon appareil photo et mes pinceaux pendant quelques jours. À cœur ouvert et sans filtre, ils m’ont raconté comment leur rêve s’était transformé en une évidence avant qu’ils ne le réalisent concrètement en le construisant eux-mêmes.

Pendant deux semaines, j’ai découvert une vie de famille qui se fait au rythme des saisons, de la pluie et du beau temps. La première semaine de mon séjour, j’ai aidé Charlotte à réaliser un potager bio inspiré des techniques de la permaculture. Bien que le travail de la terre est passionnant, l’activité est physique, fatigante. Depuis les hauteurs du potager, la vue sur les montagnes est insaisissable. Je peine à décrocher mon regard.

Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury

Un toit sur la tête

La maison dans laquelle ils vivent est organisée autour d’une grande pièce, dans laquelle on prépare les repas, on mange, on fait des conserves de cueillette sauvage. Les fruits et légumes récoltés dans le verger ou récupérés parmi les invendus des marchés sont stockés dans des cagettes à l’entrée. Pour pouvoir se nourrir convenablement l’hiver, le couple fait ses propres bocaux. Cuisiner les repas nous prend d’ailleurs beaucoup de temps. En journée, Zéphyr joue autour de nous et lit beaucoup de livres, à la fois en français et en anglais. Quand il fait froid, on allume un feu. On peut alors à coup sûr retrouver Minouchka allongée devant le poêle.

Pour améliorer les conditions de vie de la famille, il y a toujours des travaux. Et tout le monde est mis à contribution, y compris moi-même. Pendant la deuxième semaine, je participe à la réalisation de l’enduit de la salle de bains. On projette sur les murs un mélange de chaux, de sable et d’eau. Quelques jours plus tard, le plombier (attendu depuis plusieurs mois), installe des panneaux solaires. Nous pouvons, après plusieurs jours de travail, prendre une douche chaude.

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

C’est par cette belle rencontre avec Charlotte et Richard que j’ai pu me rendre compte des difficultés rencontrées par le couple pour vivre en accord avec ses valeurs. Mais également (et surtout), je suis maintenant convaincue de la capacité de chacun à prendre en main sa vie comme il le souhaite, quelque soit son rêve.

À propos de « Belles Âmes » : Grâce aux photos et aux aquarelles, je veux exposer la vie de personnes qui vivent autrement. L’aquarelle me permet d’isoler un sujet, de le mettre en valeur. Cela m’oblige à rester plusieurs heures à observer un élément pour me plonger dans ses petits détails. Je ressens alors une lenteur et une pleine conscience de chaque goutte de peinture déposée.

La photographie quant à elle, me permet de faire ressortir l’ambiance d’un lieu et de capter des moments de vie. Les prises de vue se font davantage sur l’instant et sur ce que je ressens face à des personnes ou des paysages. J’alterne donc ces deux techniques artistiques pour raconter à la fois ce que je ressens et ce que je vois.

– Hélène Gadoury

Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury
Crédit image : Hélène Gadoury

Nos travaux sont gratuits et indépendants grâce à vous. Afin de perpétuer ce travail, soutenez-nous aujourd’hui par un simple thé ?

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation