C’est avec une perspective à laquelle nous ne sommes pas habitués qu’Anne Burlot et Glenn Besnard nous proposent de découvrir la proximité entre trois apiculteurs et leurs abeilles. Loin des discours alarmistes sur la disparition de ces insectes – sans oublier les problématiques sous-jacentes – le documentaire appelle simplement à l’émerveillement et à développer nos capacités d’observation.
« Aborder le sujet des abeilles non pas parce qu’elles sont en voie de disparition, mais parce qu’elles sont merveilleuses, surprenantes et tout simplement belles« , c’est le propos du documentaire Avec mes abeilles. Pourquoi aborder le sujet sous cet angle ? Pour les réalisateurs, il s’agissait d' »adopter un point de vue plus optimiste qu’alarmiste, même s’il est vrai que la question de la mortalité est essentielle et qu’il est important d’en parler ». Ils dépassent ainsi un point de vue utilitariste – qui n’est néanmoins pas nié – pour faire un éloge de l’abeille à raison de sa « majesté ». Une approche nécessaire dans un océan d’indifférence.
« Rencontre de deux réalisateurs avec le monde des abeilles »
Anne Burlot et Glenn Besnard n’avaient jamais réalisé de documentaire de manière professionnelle auparavant. Leur complémentarité leur a pourtant permis la production d’un film riche et plein de sensibilité. Anne Burlot est journaliste reporter d’images. Son compagnon est technicien du son et musicien. Avant et pendant le tournage, l’une des principales contraintes à laquelle ils se sont trouvés soumis, c’est celle du financement de leur projet. Ainsi, nous racontent-ils, « comme beaucoup de premiers films, nous avons dû composer avec un petit budget. Mais avec beaucoup d’énergie, de système D et un réseau d’amis solidaires de notre projet, nous avons mené à bien ce projet ».
Pendant toute une saison, les réalisateurs ont suivi trois apiculteurs. Les images tournées dévoilent une face cachée de leur métier aimé des uns, décrié des autres, mais mal connue de tous, tout en donnant volontairement une dimension poétique au monde des butineurs. Le résultat est le fruit d’un réel engagement, mais aussi d’une passion personnelle pour ces insectes, puisque Anne Burlot et Glenn Besnard font vivre plusieurs colonies de butineuses. De surcroît, leur reportage apporte des éléments de réponse à la question de savoir ce qui unit des êtres aussi différents que les Hommes et les abeilles. Peut-être qu’une partie de la réponse réside dans la fascination que les secondes provoquent chez les premiers ? Une chose apparaît certaine, entre l’apiculteur local respectueux de ses abeilles et l’industrie du miel, il y a comme un monde de différence.
« Malgré elles, les abeilles sont associées à une image de désespoir et de fin du monde »
Si la perspective est neuve, le documentaire n’en contient pas moins un appel à prendre soin de la nature qui nous entoure. Ainsi, insistent les deux réalisateurs, « l’environnement et l’importance de le préserver sont sous-jacents dans le film ». Cependant, leur argument n’est pas économique ou lié au danger que représente la disparition des abeilles, il est essentiellement articulé autour de la beauté et l’idée de cohabitation et de coopération pour sortir de cette crise du vivant. Il est temps de se réapproprier une vision systémique du vivant qui nous entoure et dont nous faisons entièrement partie.
Mais plus encore, au travers des abeilles, le film est une invitation « à prendre du recul sur nos pratiques de tous les jours ». C’est ce que suggèrent les différents apiculteurs qui prennent la parole dans le documentaire et témoignent de leur quotidien concret. Les intervenants du film nous rappellent par ailleurs que de par leur organisation et leur fonctionnement, les abeilles « nous interrogent sur notre rapport au monde, à l’environnement et aux animaux ». En tout état de cause, tout comme chez les fourmis ou les termites, leur organisation complexe et à la fois implicite ne cesse de susciter l’émerveillement.
Le documentaire peut-être visionné gratuitement est en intégralité en ligne.