Popularisés au Japon, les bains de forêt connaissent un engouement bien au delà des frontières depuis quelques années. Le Guide des bains de forêt de M. Amos Clifford, spécialiste américain de la question, nous explique les bienfaits de la pratique. Alors que plus de 50 % de la population mondiale vit désormais en ville et que l’urbanisation est amenée à progresser selon les projections des géographes, des études de plus en plus nombreuses établissent les incidences positives sur la santé et le moral de promenades en milieu naturel. Explications.
D’abord popularisés dans les années 1980 au Japon où ils sont appelés shinrin yoku, les bains de forêt, dont la pratique est ancestrale, sont recommandés pour améliorer notre bien-être et notre santé. Mais, comme le rappel M. Amos Clifford dans son ouvrage sur la question, ils sont également un appel à éveiller nos sens et à reconsidérer la nature, à ne pas voir dans les plantes et végétaux des extériorités radicales. « Les bains de forêt sont une pratique que tout un chacun peut intégrer à son hygiène de vie. C’est également un acte d’activisme puissant pour ceux qui se sentent appelés à restaurer les relations dégradées entre les humains et le monde qui s’étend au-delà de ceux-ci. Les humains ne sont pas séparés de la nature, et ils ne pourront pas esquiver les conséquences des traumatismes qu’ils lui ont infligés. Prendre soin des humains et prendre soin des forêts va de pair », résume l’auteur, qui est également le fondateur de l’Association des Guides et Programmes de la Nature et de la Thérapie forestière aux États-Unis.
Des bains qui soignent l’esprit et la santé
En quoi les bains de forêt-peuvent-ils nous être utile ? « Nous n’avons pas eu le temps de nous adapter au monde stressé que nous avons créé en un siècle » écrit l’auteur, selon qui, aujourd’hui, « notre corps se trouve dans un état d’alerte chronique ». Dans ce contexte, notre système nerveux sympathique est fortement stimulé – celui qui est responsable notamment de l’accélération du rythme cardiaque dans des situations dangereuses – réduisant notre capacité d’auto-guérison (système immunitaire).
Selon M. Amos Clifford, « les bains de forêt restaurent notre système nerveux, rapidement, efficacement », notamment parce que la forêt et les végétaux qu’elle abrite, est l’ « environnement qui nous est naturel ». Aussi, notre corps réagit de manière positive en sa présence. Les recherches les plus récentes confirment d’ailleurs ce qui était d’abord de l’ordre de l’intuition lorsque le shinrin yoku est popularisé au Japon : les études citées montrent que la nature aurait des effets sur les troubles de l’anxiété, le diabète, certaines maladies infectieuses et bien d’autres encore. Par ailleurs, la présence de végétaux stimulerait le système immunitaire. {Attention : on parle d’ici d’un soutien physiologique à l’image de l’alimentation saine et pas d’une thérapie miraculeuse}
Pour prendre un bain de forêt, que ce soit seul ou en groupe, il ne suffit pas de se rendre dans un lieu boisé et de s’y promener quelques minutes. En effet, si marcher au milieu d’arbres est déjà positif en soit, M. Amos Clifford décrit dans son livre une séquence en huit étapes afin d’ « établir des liens sensoriels profonds avec la nature ». Depuis ce qu’il appelle le « seuil de connexion » jusqu’au retour à la vie ordinaire, il suggère de suivre différents stades afin que chacun(e) puisse se consacrer entièrement au moment présent et à ses cinq sens (ainsi qu’à d’autre sens, moins connus, comme la proprioception – perception de la position des différentes parties du corps – et l’intéroception – la capacité à évaluer son activité physiologique). Ainsi, M. Amos Clifford espère nous amener, le temps d’un bain, « à faire partie d’un réseau reliant tous les êtres vivants ».
Car c’est bien là l’objectif : après avoir réalisé que la nature pouvait être un facteur d’aide à la guérison pour certains maux, une méthode renforçant notre corps contre des maladies, la pratique des bains de forêt est également une opportunité pour nous défaire de la vision dominatrice que nous avons vis-à-vis de la nature. Car, défend-il, si les bains de forêt sont déjà une tentative d’instaurer une relation de réciprocité entre la nature et les êtres humains, il est possible d’aller plus loin et d’envisager notre unité, et ainsi adapter nos comportements de consommation pour la protéger plutôt que de la détruire.
M. Amos Clifford, Le guide des bains de forêt, GuyTrédaniel Editeur, 2018. ISBN : 978-2-8132-1673-1.
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