De nombreuses marques distributeurs françaises commencent à tourner le dos aux œufs issus d’élevages de poules en batterie. Pointées du doigt par les consommateurs et les associations animales, ces pratiques d’élevage commencent à subir les conséquences d’une consommation mieux avertie et plus consciente du traitement réservé aux animaux. Une bonne nouvelle qui fait écho à des mesures d’ores et déjà adoptées un peu partout en Europe.
Lundi 9 janvier, l’un des groupes de distribution les plus importants de France a annoncé sa volonté de ne plus vendre d’œufs de poules élevées en batterie. En effet, le groupe « Les Mousquetaires », qui regroupe les enseignes de supermarchés Intermarché et Netto, a déclaré qu’il ne proposerait plus d’œufs de poules élevées en batteries d’ici à 2020 pour sa propre marque, et d’ici à 2025 pour ce qui est de la totalité des œufs proposés dans ses rayons, le temps d’adopter la transition. L’annonce concerne donc dans un premier temps les élevages auprès desquels la marque distributeur se fournit, mais aussi les différents fournisseurs du groupe.
Au travers de cette décision, le groupe « Les Mousquetaires » opère un virage décisif en tournant le dos à des exploitations animales aux méthodes particulièrement abjectes. Mais la décision, loin d’être le seul fait d’un altruisme nouveau envers nos amis les bêtes, fait aussi et surtout écho à l’attention grandissante des clients et des médias quant aux conditions de vie des animaux d’élevage. Un argument qui a su peser dans la balance lorsque la décision a été prise par le groupe, ce qu’il reconnaît d’ailleurs dans le communiqué de presse diffusé à cet effet : « Cela répond à une demande croissante des clients, de plus en plus attentifs aux conditions d’élevage et au bien-être animal » peut-on ainsi y lire.
Œufs de poules élevées en cage : bientôt plus dans nos assiettes ?
Une demande de transparence que d’autres ont également bien identifiée : Monoprix, Attac, Système U ou encore le hard-discounter Aldi avaient déjà auparavant annoncé la fin de la vente d’œufs produits en batterie dans leurs enseignes. Nous noterons l’importance de l’action des différentes associations de défense animale, sans qui une telle prise de conscience au sein de la grande distribution n’aurait sans doute pas eu lieu, ou n’aurait pas débouché sur la mise en place de mesures si radicales. Nombre de ces succès peuvent d’ailleurs être attribués à l’action de l’Open Wing Alliance, qui regroupe sous son aile plusieurs associations, et lutte depuis des années contre les élevages en cage.
La restauration et l’industrie alimentaire avancent également dans le sens d’une production des œufs plus respectueuse des animaux, et de grands groupes ont d’ores et déjà bannis les œufs de batterie de leurs préparations. C’est par exemple le cas de la marque Amora (qui appartient à Unilever), ou encore des restaurants Subway, ou des hôtels Novotel (qui n’utilisent plus que des œufs de poules élevées en plein air pour leur offre de petits déjeuners). La marque mondiale de restauration Sodexo, quant à elle, annonçait en juillet dernier qu’elle n’utilisera plus d’œufs de catégorie 3 d’ici à 2025.
Une tendance confirmée un peu partout en Europe
Enfin, les exemples fleurissent également un peu partout en Europe, témoignant du chemin parcouru par les associations dans l’alerte des consciences. En Belgique, de nombreuses enseignes de distribution ont ainsi renoncé à proposer des œufs de batterie dans leurs rayons, parmi lesquelles Carrefour, Lidl et Cora. Aux Pays-Bas, ce sont même tous les supermarchés du pays qui ont choisi de favoriser les œufs issus d’élevages alternatifs; quand en Allemagne de nombreuses entreprises agroalimentaires vont jusqu’à refuser les œufs de poules élevées en cages et en « petites volières » (des cages aménagées). L’Autriche, quant à elle, a interdit les cages pour les poules pondeuses depuis 2009.
Pour rappel, les poules élevées en cage comptent parmi les animaux les plus inhumainement traités au sein de l’industrie agroalimentaire. Entassées sans jamais voir la lumière du soleil, elles sont parfois directement en contact avec des cadavres d’autres gallinacés qui ont succombé à ces conditions de vie terribles. En février 2012, l’association française l214 révélait déjà les conditions exécrables dans lesquelles les œufs sont « produits » au sein de quatre élevages français. Depuis, il semble que l’information ait fait son chemin jusqu’aux oreilles des consommateurs, annonçant un véritable changement des mentalités, qui se répercute aujourd’hui dans nos supermarchés et dans nos assiettes.
Le petit bémol qui tue le poussin dans l’oeuf
Notons enfin que si ce changement est à saluer, il reste énormément de travail à réaliser en la matière. En effet, les méthodes industrielles sont loin d’être abandonnées et l’impératif de produire des millions d’œufs par semaine pour satisfaire les consommateurs oblige les industries à se retrancher vers d’autres catégories. Entre la poule élevée en plein air et ayant un espace suffisant pour vivre correctement et celle enfermée dans sa cage, il y a d’autres numérotations et techniques tout aussi peu enviables. Le code 2 par exemple permet d’entasser des milliers de poules dans des hangars exigus. La promiscuité y est un terrain fertile aux développements des maladies et les poules ont peu de chance d’observer la lumière du jour de leur courte existence. Les associations recommandent donc d’utiliser des œufs bio, en plein air, voire même de les produire soi-même dans la mesure du possible.
Sources : LeMonde.fr / l214.com