À 58 ans, Daryl Davis est un musicien accompli qui est déjà apparu sur scène aux côtés de légendes telles que Chuck Berry ou Jerry Lee Lewis. Mais outre ses qualités certaines de musiciens, l’homme d’origine afro-américaine révèle également un talent inouï pour la médiation et la conversion d’anciens membres du tristement connu Ku Klux Klan. Un documentaire revient sur la vie de cet homme de couleur qui aurait convaincu à lui seul des centaines de suprématistes blancs à abandonner leur haine raciale au profit de la tolérance et de l’égalité.

Croisade en terre suprémaciste

C’est alors qu’il joue en 1983 un concert dans un bar du Maryland devant un public entièrement blanc que Daryl Davis rencontre pour la première fois un membre du Ku Klux Klan. Impressionné par le fait qu’un « noir puisse jouer aussi bien que Jerry Lee Lewis » (selon ses mots), celui-ci était venu lui parler, avant de l’inviter au bar et de lui révéler sa nature de suprématiste, raciste invétéré et fier de l’être. S’en suit les habituels discours nationalistes sur l’invasion étrangère et l’impossibilité déclarée de vivre ensemble.

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De cette rencontre découleront de nombreuses autres, qui amèneront Davis à mener une drôle de campagne tout au long de sa vie. « Infiltré » parmi les membres du KKK, le musicien parvient depuis des années à obtenir de certains membres l’abandon total et définitif de leur cagoule blanche. À son contact, on dit que ce serait pas moins de 200 anciens du Klan qui auraient renoncé au sombre déguisement, mais aussi et surtout, à leurs préjugés raciaux et à leur haine de l’autre. Une approche douce et longue qui lui aura valu de nombreuses critiques.

Dans l’un des placards de son appartement, on trouve même une dizaine de ces sombres costumes qui lui ont été remis en main propre par ces « amis » qui ont renoncé à l’organisation. Parmi eux, entre autre, celui de Roger Kelly, ancien leader national du Klan — l’ « Imperial Wizard », comme l’appellent les membres du groupe. « Les trois chefs de Klan du Maryland, Roger Kelly, Robert White, et Chester Doles, je suis devenu ami avec eux — et c’est ce qui a permis la chute du Klan dans l’État. Aujourd’hui, il n’y a plus de Ku Klux Klan dans le Maryland. Certains ont tenté de le raviver, mais ça n’a plus jamais pris » révèle l’homme dans une interview donnée au journal The Atlantic. La force tranquille et l’abnégation de Daryl Davis ont à ce point fait des miracles.

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« Comment pouvez-vous me détester alors que vous ne me connaissez même pas ? »

De l’inconfort d’avoir « le cul entre deux chaises »

Mais ce genre d’exploit n’est possible, semble-t-t-il, qu’au prix d’une certaine compromission qui ne fait pas plaisir à tout le monde. Afin d’arriver à ce résultat, Daryl Davis a dû assister aux réunions du Klan pendant des années — sans jamais adhérer à l’idéologie du groupe. Il n’est donc pas rare qu’il ait été photographié à plusieurs reprises en tenue, à serrer les mains d’individus chez qui la simple idée d’une personne de couleur réussissait à causer une rage aveugle. Davis l’expose d’ailleurs ainsi : « Je n’ai jamais eu l’ambition de convertir qui que ce soit au sein du Klan. Je voulais juste avoir une réponse à ma question : “Comment pouvez-vous me détester alors que vous ne me connaissez même pas ?“ ».

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Daryl Davis se distingue des autres activistes du genre, tels que ceux du mouvement Black Lives Matter par exemple, en cela qu’il a fait le pari d’une conversation directe avec l’ennemi, sans pour autant verser dans la confrontation violente ou l’invective. Une prise de parti qui déplaît à nombre de militants, mais pose cependant la question des différentes façons d’aborder le problème du racisme aux États-Unis et ailleurs.

Une problématique d’autant plus prégnante que la mondialisation économique n’a pas bonne presse et que la confusion des esprits génère des amalgames faciles entre la toute puissance des multinationales sur les nations et le simple fait d’exister des êtres-humains sur terre. Quoi qu’il en soit, l’histoire de Daryl Davis interpelle, et elle est à découvrir dans le documentaire intitulé « Accidental Courtesy », qui relate l’épopée hors-norme d’un militant de couleur parmi les suprématistes blancs.

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Sources : TheAtlantic.com / BusinessInsider.com

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