Et si l’électricité devenait une ressource locale comme une autre, que l’on pourrait acheter directement chez son voisin, comme on irait chercher une baguette fraîche chez son boulanger ? ilek est le premier groupe en France à proposer ce type de service en permettant la mise en relation entre particuliers producteurs et demandeurs d’énergie. Une sorte de réseau local de l’énergie renouvelable, en résumé. L’électricité rejoindra-t-elle elle aussi bientôt l’économie collaborative ?

L’économie collaborative pour l’énergie

À partir du 7 novembre, il devrait être possible aux consommateurs français d’être directement mis en contact avec des producteurs d’énergies solaire, éolienne, ou hydraulique et ainsi ne plus devoir dépendre des géants de l’industrie de l’énergie. Une nouveauté dans le paysage de l’énergie que l’on doit à l’entreprise innovante ilek, première en France à s’être donnée pour mission d’adapter le modèle de l’économie collaborative à la fourniture en électricité. En effet, jusqu’ici il était possible d’adhérer à un fournisseur d’électricité d’origine renouvelable à l’échelle nationale. Cependant, certains réclamaient plus de transparence dans l’origine de leur mix énergétique, parfois provenant de l’étranger. De plus, comme on l’a vu en Belgique avec Lampiris racheté par total, certains fournisseurs « verts » finissent dans les mains de géants de l’énergie.

Ainsi, un peu comme sur site d’échange de savoirs ou de services, les personnes souhaitant se fournir en énergie durable produite pas loin de chez eux pourront se rendre sur la plateforme développée par ilek et choisir un fournisseur local auquel relier leur habitation. Selon la capacité de production de chaque exploitation, et pour éviter de devoir être dépendant d’une source d’appoint, un nombre maximum de foyers pouvant être alimentés sera défini. Moyennant un frais de service de 10 euros par mois — en plus du prix de l’électricité définie par l’offre, les adeptes d’électricité verte pourront se fournir directement à la source d’énergie durable la plus proche.

02_ilekCentrale Hydraulique de Lafarge au cœur de la nature (Photographie @ ilek)

Éviter les intermédiaires, participer à l’économie locale

L’avantage déclaré est double, si ce n’est triple. Les personnes qui produisent déjà une énergie renouvelable au delà de leurs besoins personnels pourront désormais revendre à leur tour ce surplus à des personnes en demande. Ainsi, il s’agit pour les entreprises (TPE et PME) productrices d’énergies vertes de pouvoir vendre directement leur production sans avoir à passer par des intermédiaires qui centralisent l’offre à l’échelle nationale comme c’est le cas aujourd’hui.

Les foyers pourront quant à eux s’alimenter en une énergie renouvelable issue de l’éolien, du solaire ou de l’hydraulique. Ils sauront également d’où provient précisément cette énergie et comment elle a été produite, par qui, dans quelle condition. Un aspect positif à relier à la volonté des créateurs de l’ilek de réinscrire la fourniture d’énergie dans le local. Celle-ci sera par ailleurs acheminée par le réseau habituel, sans nécessiter un quelconque changement d’installations ou de compteur. Enfin, on ne peut a priori que se réjouir de l’émergence d’alternatives de cette sorte, qui semblent en capacité de faciliter prodigieusement l’accès au renouvelable, essentiel au succès des sources écologiques d’énergie qui ont besoin de nouveaux utilisateurs pour survivre et se développer.

01_ilekCentrale Hydraulique de La Freyte, en Ariège (Photographie @ ilek)

Une clé pour le développement des énergies renouvelables ?

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La proposition faite par ilek a de quoi plaire. Dans un contexte français où le marché de l’énergie s’est ouvert à la concurrence à un niveau international et où celle-ci dicte désormais ses lois, il sera sans doute pertinent de voir apparaître de nouveaux acteurs parcellisés sur le territoire, prêts à faire avancer le réseau du renouvelable. Avec la possibilité d’une mise en relation et d’une vente simplifiée, ilek sera peut-être en mesure de motiver davantage de personnes à investir dans les énergies renouvelables. À voir dans les mois qui viennent. Leurs tout premiers producteurs affiliés, sont, par exemple, le père et le fils propriétaires des centrales hydrauliques de La Farge et La Freyte, en Ariège. Ils alimentent chaque jour plus de 500 foyers. Avec un coût de production des énergies vertes toujours plus bas chaque année, peut-être verra-t-on bientôt fleurir de nouvelles micro-installations un peu partout avec, à terme, la possibilité de se brancher à « notre voisin » pour partager le surplus d’énergie produite.

Si elle n’en est qu’à ses balbutiements, et si l’avenir nous dira si leur manœuvre séduit tant les producteurs que les foyers français, l’initiative lancée par la firme toulousaine arbore un concept assez pertinent. Dans un parc électrique français tiré par un nucléaire controversé dans l’opinion, et des énergies fossiles à bout de souffle d’autre part, le retour à une production de proximité et l’opportunité contenue dans les énergies renouvelables valent en tout cas la peine d’être testés. On ne manquera pas de garder un regard critique sur ilek et d’autres alternatives du genre en matière d’échange local d’électricité.

https://www.youtube.com/watch?v=LgHD0c5_zJA

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