Aujourd’hui, nourrir 7 milliards de terriens, toujours plus nombreux, est une problématique majeure pour l’avenir de l’humanité. En cause, des richesses mondiales inégalement réparties, une pollution affolante des terres et des océans, un accaparement systématique des terres rares par l’industrie et un gaspillage de ressources dans les pays développés. Et si, à cette liste de facteurs, s’ajoutait un élément imprévu, peut-être même plus grave que les précédents ? En effet, que se passerait-il si la terre, notre terre nourricière depuis des millénaires, avait atteint la limite de ses ressources et s’apprêtait à dépérir ?
C’est le bilan interpelant que dresse ce reportage, diffusé sur France 2 le 31 janvier dernier, faisait écho au récent rapport du FAO sur la disparition préoccupante des terres arables. Dans celui-ci, nous suivons le combat de plusieurs agriculteurs et scientifiques contre les techniques de l’agriculture conventionnelle qui ne cesse de dévitaliser les sols. En cause bien sûr, l’utilisation abusive de produits chimiques, tels qu’engrais et pesticides synthétiques. Des produits qui tuent les organismes vivants composant la biodiversité des sols. Mais pas seulement, puisque les pratiques mécaniques, telles que le labour, sont elles aussi mises en causes, bien qu’utilisées depuis des siècles et ancrées dans la culture agricole.
Cette enquête expose donc une idée tout à fait novatrice et pourtant fondamentale : « moins on cultive la terre, plus elle est fertile ». Tout au long de ce reportage, Claude et Lydia Bourguignon, tout deux scientifiques reconnus, parfois appelés « médecins de la terre », nous éclairent sur cette théorie très peu explorée jusqu’à présent. Selon eux, les sols, imprégnés d’intrants chimiques et sans cesse retournés lors du labour, seraient en train de perdre toute leur fertilité. Une théorie très difficilement acceptée par les agriculteurs qui ont tendance à redoubler leur utilisation d’engrais lorsque les rendements sont en baisse. Pourtant, ils sont plus de 3000 en France à être déjà passés à un tout autre mode d’agriculture, durable et tout aussi rentable : l’agro-écologie.
L’agro-écologie, qu’est-ce que c’est ?
Souvent dite « sous couvert végétal », cette agriculture consiste à remplacer un travail mécanique, traditionnellement effectué par une charrue, par un travail biologique, effectué par des végétaux et des insectes. Des racines, comme le radis fourrager, pourraient ainsi remplacer le travail de charrues en facilitant le décompactage des sols. Des légumineuses, comme les fèveroles, peuvent quant à elles remplacer les engrais, en capturant l’azote de l’air pour l’insuffler dans les racines. Bref, pour chaque problématique, en agro-écologie, il existe une solution naturelle.
« Changer d’agriculture pourrait compenser les émissions de carbone à l’échelle planétaire. »
En réalité, il existe de multiples combinaisons de couverts végétaux permettant de remplacer les intrants chimiques et le labour par des procédés naturels. Et si la transition vers un tel type de culture prend entre 5 et 10 ans, le temps de « soigner » les sols, il est prouvé que les récoltes sont, à terme, plus saines et plus nutritives, mais aussi et surtout plus rentables. Selon le dernier rapport du FAO, l’agriculture chimique qui épuise les sols atteint ses limites et il est temps d’en changer. Le ministre de l’agriculture français, Stéphane Le Foll, tire également la sonnette d’alarme et considère ce changement comme une urgence.
Nous vous invitons donc à découvrir ce reportage éclairant et malgré tout positif. Celui-ci offre des témoignages concrets et touchants de ces paysans qui ont découvert une toute autre façon de cultiver leur terre. En acceptant leur erreur, transmise par des générations de culture du labour et de produits chimiques, et grâce aux diagnostics de ces « soigneurs de terres », ces agriculteurs ont aujourd’hui franchi un nouveau cap.
Le reportage complet
Source : francetvinfo.fr