Au regard des enjeux environnementaux actuels, l’action locale est indispensable. De l’organisation de chaines alimentaires sur le territoire, à l’isolation des bâtiments, en passant par la sensibilisation des citoyens, à la réduction des déchets et au développement d’une mobilité douce, les possibilités d’engagement sont nombreuses pour les collectivités. Pourtant, leurs mises en oeuvre s’avèrent encore timide. C’est dans ce contexte qu’une enquête, menée par la société coopérative Fertilidée, propose un état des lieux précis et instructif des freins et des attentes des municipalités françaises en matière de transition écologique.
Qu’est-ce qui motive les élus locaux à s’engager en faveur de l’environnement ? A contrario, quels sont les obstacles qu’ils rencontrent dans la mise en oeuvre de projets écologiques ? C’est au départ de ces interrogations que se met en place l’action de Fertilidée.
🌱Avec le soutien des @Maires_Ruraux et @ANETT_tourisme, #Fertilidée a mené une enquête nationale auprès des #communes françaises pour sonder la question de la #transition écologique. Elle vise à comprendre leur implication, les freins et attentes. Les résultats ci-dessous ⬇ pic.twitter.com/nHw4c6DNO4
— Romain Gaspar (@RomainGaspar) February 27, 2024
Engager les collectivités
Fertilidée est une société coopérative destinée à accompagner les entreprises et collectivités dans le développement de leurs initiatives de transformation écologique ancrées dans les territoires. Elle entend mener une recherche à l’échelle nationale pour cerner les enjeux du secteurs :
« L’enquête, menée sur une période de 10 semaines, visait à comprendre l’implication, les attitudes, les avantages perçus et les motivations exprimées, les freins et les attentes des collectivités »
Au total, 260 élus et agents publics issus de presque toutes les régions françaises ont participé au sondage. 50% des répondants occupent la fonction de maire (129), 42% sont adjoints (109) et le reste remplissent la mission de conseillers ou d’agents municipaux. Les paysages communaux sont diversifiés, car les répondants administraient autant des communes rurales (50%), qu’urbaines (22%), en passant par des communes situées en littoral (4%) ou à composantes mixtes (23%).
Si le nombre de sondés reste limité, la diversité des données permet une représentation globale des réalités municipales, « offrant ainsi une perspective diversifiée sur les perceptions liées à la transition écologique au niveau local ».
Des avantages et motivations d’action plutôt variés
Parmi ces agents publics, la plupart envisage positivement leur implication dans la transition écologique. On retrouve en tête des avantages à agir : participer à protéger la planète (82 %), offrir un meilleur cadre de vie aux citoyens (82 %), engager les citoyens de mon territoire dans une démarche vertueuse (77 %), faire des économies financières (économies d’énergie, par exemple) (72 %) ou encore favoriser une image attractive de ma commune (61 %). Seul 1% des répondants ne distinguait pas d’avantages à agir, seulement des contraintes.
Plus surprenant cependant, les motivations à l’action en faveur de l’écologie sont avant tout propres à l’agent publique interrogé. 91% d’entre eux mentionnent ainsi leurs convictions personnelles, alors que 52% seulement insistent sur la demande des citoyens du territoire. 42% des répondants perçoivent également la rentabilité économique de certaines actions et espèrent réaliser des économies. « On pourrait s’attendre à ce que l’engagement de la commune en faveur de l’écologie dépende surtout du nombre de citoyens engagés et votant sur le territoire », explique Fertilidée.
« Malheureusement, il est bien question de la conviction personnelle d’une poignée de représentants. Alors, à vos urnes ! ».
Une diversité d’intervention
Sur la question des terrains prioritaires d’intervention, la politique locale démontre une fois encore sa diversité et sa capacité d’influences multiples à petite échelle. « Les verbatims recueillis mettent en lumière divers domaines d’intervention souhaités par les mairies. Les répondants soulignent notamment l’importance de l’action sur les bâtiments communaux, avec des propositions telles que l’amélioration de l’isolation, le remplacement des éclairages publics par des LEDs, ou encore l’installation de panneaux solaires », développent les experts.
En outre, la végétalisation des espaces publics et la gestion des déchets restent des préoccupations récurrentes. « La mobilité douce est également abordée, avec des suggestions telles que le covoiturage, l’auto-partage, ou encore le développement des véhicules électriques ».
En ce qui concerne l’alimentation, les agents publics mettent en avant l’importance de favoriser une alimentation locale, bio et durable, et insistent sur le choix des menus proposés dans les cantines scolaires.
« La préservation de la biodiversité, la gestion de l’eau, et l’éducation à l’environnement sont également des thématiques fréquemment évoquées ».
Il reste des freins à l’action écologique
Si ces différentes actions sont incontestablement souhaitables et inspirantes pour entamer la transition écologique des collectivités locales, elles paraissent encore inaccessibles pour certains acteurs. Au sujet des inconvénients et des freins perçus, les répondants citent en premier lieu le manque de ressources financières (79 %), suivi du manque de ressources humaines (56 %) ou de compétences et méthodologie (39 %).
Heureusement, l’appréhension de ne pas faire l’unanimité ou de rencontrer des résistances au sein du territoire ne constitue pas un frein à l’action pour la plupart des personnes interrogées (22 %). « Retours d’expériences, formation des élus, aide au pilotage de la démarche… Les collectivités veulent se lancer, mais veulent se lancer dans de bonnes conditions et obtenir un aperçu concret et désirable des bénéfices d’une telle démarche », analyse Fertilidée.
Le groupe d’expert en transition des territoires insistent également sur la durée limitée des mandats électoraux communaux, rendant difficile la mise en place d’actions à long terme. « En outre, la capacité d’action des collectivités dépend fortement des personnes qui les composent, soulignant ainsi l’importance de convaincre et de mobiliser nos élus locaux », explique la société coopérative.
Les processus décisionnels longs et chronophages constituent également un obstacle majeur pour les petites collectivités qui cherchent le plus souvent à agir rapidement. Ces collectivités font face à des contraintes de ressources et de capacités qui rendent difficile la mise en œuvre rapide de projets écologiques ambitieux.
Pistes de réflexion en faveur de l’action locale positive
Pourtant, « il est impératif d’adopter des approches innovantes et agiles pour surmonter ces obstacles et progresser efficacement vers une transition écologique réussie », expliquent les auteurs de l’enquête. Fertilidée suggère notamment l’instauration de nouvelles méthodes de gouvernance participative, le renforcement des partenariats entre acteurs locaux et la meilleure gestion des ressources déjà disponibles.
Si l’enquête présente certaine limites inhérentes à la méthodologie utilisée, notamment en terme de taille réduite de l’échantillon, des biais de sélection des répondants ou de la présence de variables non-mesures, les résultats soulevés demeurent précieux pour identifier des tendances générales et des pistes de réflexion pour les politiques locales en faveur de la transition écologique.
– L.A.
Photo de couverture : @paysdesalternatives