Le 9 mai 2023, le conseil d’administration de l’Association des maires et des élus locaux du Tarn (ADM81) laissait entendre que les maires et élu.es du Tarn soutenaient majoritairement le projet d’autoroute A69. Or, c’est tout le contraire. Le conseiller municipal de Saint-Sulpice-la-Pointe, Maxime Lacoste, a souhaité rétablir la vérité. Tribune.

Disons-le tout de suite : il n’existe pas de consensus des élus locaux autour du projet d’autoroute Toulouse-Castres A69. Contrairement à ce que prétendent depuis des mois certains élus « représentatifs », décideurs privés ou éditorialistes, des voix discordantes se sont fait entendre dès l’origine. Aujourd’hui, seuls 21% des élus tarnais ont déclaré publiquement soutenir le projet.

seuls 21% des élus tarnais ont déclaré publiquement soutenir le projet.

Déjà, en 2014, les maires de 13 communes situées sur le tracé de l’A69 avaient créé un collectif d’opposants. Rejoints par d’autres élus et collectivités territoriales (dont le département de la Haute-Garonne et la région Occitanie), ils financèrent, à l’occasion de l’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) de 2016, une étude alternative qui démontrait que l’argent de la subvention d’équilibre de l’époque permettrait de réaliser un aménagement raisonné de la RN126 en conservant la gratuité aux usagers. L’étude fut ignorée par les services de l’État mais la résolution des opposants demeura intacte.

Le 9 mai 2023, le conseil d’administration de l’Association des maires et des élus locaux du Tarn (ADM81) publiait un communiqué de presse en soutien au projet A69, au nom des « maires et les élus locaux du Tarn » mais sans aucune consultation préalable de ceux-ci.

En réaction, avec quelques contacts et en une semaine, j’ai mobilisé plus de 90 élus locaux tarnais opposés au projet afin de signer une première tribune, publiée le 17 mai dans Mediapart et intitulée « Des élus locaux réagissent au soutien de l’asso des maires du Tarn à l’autoroute A69 ».

Très rapidement, des élus de la Haute-Garonne, de la région Occitanie ou de la nation, ont demandé à participer à cette mobilisation, en opposition à une pseudo unanimité des décideurs locaux au sujet du projet d’autoroute, et en défense du territoire et de tous ses habitants. Le 19 juin, je publiai ainsi une deuxième tribune intitulée « Ménageons nos territoires : non à l’A69 ! », signée – au final – par 93 élus du Tarn, 142 de la Haute-Garonne, 6 députés, 6 conseillers régionaux et 9 conseillers départementaux.

Suite à l’action spectaculaire et déterminée de 14 grévistes de la faim et 3 grévistes de la soif, qui avait ému une large part de la population française, l’État organisait le 13 octobre à Castres une réunion entre ses services et des élus « choisis », bien à l’écart d’une rencontre avec les collectifs en lutte.

Grève de la faim contre l’autoroute A69 : la tension grimpe

Le 16, le ministère chargé des Transports déclarait dans un communiqué de presse qu’ « une très large majorité des élus locaux, représentants légitimes du territoire dans notre démocratie, [y avait] réaffirmé sans ambiguïté son soutien à l’autoroute ».

Les élus opposés au projet, indignés par le déroulement de cette pseudo concertation, ont alors décidé de réagir dans une nouvelle tribune publiée le 18 octobre dans le HuffPost, intitulée « Autoroute A69 Toulouse – Castres : Non, il n’existe pas une très large majorité d’élus locaux favorables au projet » et signée par près de 160 élus dont certains ne s’étaient pas exprimés jusque-là.

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

Aujourd’hui, les élus opposés à l’A69 restent mobilisés, qu’ils fassent partie des 330 signataires des différentes tribunes ou qu’ils souhaitent rester discrets, par peur d’éventuelles pressions ou représailles. Représentants des habitants et territoires directement menacés par ce projet archaïque, écocide et antisocial, ils continuent de soutenir la lutte des collectifs citoyens et portent avec eux les projets alternatifs, sérieux et chiffrés, pour un autre avenir soutenable et désirable dans le sud du Tarn.

C’est désormais à la représentation nationale de se positionner clairement pour l’abandon de ce projet, au nom de l’intérêt général, de la biodiversité et du climat. Les rapports successifs du GIEC comme les événements climatiques extrêmes que nous avons pu connaître récemment, et qui ne pourront que se multiplier si nous n’agissons pas enfin avec cohérence et courage, ne nous laissent plus le choix.

Si nous persistons dans les modèles d’hier, nos enfants nous reprocheront, à raison, d’avoir privilégié le profit à court terme et nos conforts égoïstes au bien-être des générations à venir.

Renoncer n’est pas perdre. 

– Maxime Lacoste

Cette contribution a également été adressée à la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire dans le cadre du débat organisé le mercredi 7 février à propos de l’autoroute A69, suite au succès de la pétition de La Voie Est Libre qui rassemble pour le moment plus de 50.000 signatures.


Image d’entête : Décembre 2023 @ExtinctionRebellionFrance /La Voie Est Libre

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation