Alors que le mouvement pour sortir des énergies fossiles fait des émules dans le monde anglo-saxon, en Europe, il reste relativement discret et peu connu en dehors des cercles militants. Néanmoins, petit à petit, les voix se font entendre. L’année passée, le mouvement se faisait remarquer avec l’action d’un groupe locale, Ende Gelände, menée en Allemagne. Par ailleurs, des citoyen.ne.s s’organisent désormais à l’échelle locale. À Paris par exemple, un groupe milite pour que le musée du Louvre mette fin à son partenariat avec Total. Alors que la problématique fait écho, au tour désormais des étudiants dans les universités de s’emparer de la thématique et de se regrouper au sein de campagnes Fossil Free ou Zero Fossile

Les campagnes de désinvestissement sont toutes initiées par des groupes de citoyen.ne.s. Elles sont accompagnées par l’ONG 350.org ainsi qu’une multitude d’associations et d’organismes engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique qui guident les groupes locaux dans leur organisation. Ces campagnes visent à demander aux institutions concernées, qui peuvent être des musées, des mairies, des universités etc…, de rompre tous les liens existants avec l’industrie fossile en mettant un terme aux partenariats et en cessant tous les investissements dans le secteur. En effet, ces différentes institutions sont souvent soutenues financièrement par le secteur pétrolier au sein de partenariats ou le soutiennent par leurs investissements. Le message de ces campagnes est clair : « le dérèglement climatique ne se fera ni en notre nom, ni en notre argent ».

Dans les universités d’Europe, des campagnes prennent forme

L’engagement de nombreuses universités contre le réchauffement climatique entre en contradiction avec les liens qu’elle peuvent entretenir avec le secteur des énergies fossiles. « Les universités ont une responsabilité importante dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont elles qui forment les jeunes à demain » analyse Clémence Dubois, chargée de campagne chez 350.org. « Mais si elle continuent à soutenir les industries fossiles sur un autre tableau, ça rend leur mission incompatible avec l’intérêt général » souligne t-elle, en rappelant que « les universités sont les premières à publier depuis des décennies des études qui indiquent qu’ils faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre ».

À Liège, en Belgique, un groupe a interpellé l’Université de Liège (ULg) en avril 2016 sur le sujet. À peine quelques mois plus tard, début 2017, l’université annonçait dans un communiqué mettre fin à tous ses « investissements directs » en lien avec les énergies fossiles, et ce dès 2018. Une petite victoire, mais pour le groupe Fossil Free de l’université, le succès n’est que relatif. En effet, l’ULg refuse à ce jour d’envisager un retrait des investissements indirects (composés de portefeuilles complexes), dont les montants exacts ne sont pas connus, et n’a jamais proposé de dialoguer directement avec les représentants de Fossil Free. Pour les étudiants, cette attitude est « équivoque » et « manque de transparence ». Surtout, l’université se donnerait une image engagée alors que selon les propos des étudiants, l’université « a toujours les mains dans le charbon ». Pour eux, le combat se poursuit.

À Science Po, à Paris, le mouvement a également pris il y a un an. Depuis, un petit groupe essaye de convaincre les étudiants de l’institut de s’engager en signant une pétition. Objectif ? Mettre fin à tous les partenariats entre Sciences Po et l’industrie fossile. En effet, les étudiants membres dénoncent « les liens étroits entre Sciences Po et l’industrie fossile ». Principal motif de leur mécontentement, un partenariat financier conclu en 2011 avec Total : depuis, la multinationale participe au financement du Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI) de l’institution, un « paradoxe » et une « irresponsabilité »,  selon Lena Silberzahn, engagée dans la campagne. Mais l’association estime également anormal qu’au sein des intervenants de l’université, certains soient directement liés à l’industrie fossile. C’est le cas de Yves-Louis Darricarrère, qui donne un cours à propos des enjeux géopolitiques de l’énergie, tout en étant Président de la Fondation d’entreprise Total…

Crédit photo : Zéro fossile Sciences Po

Des campagnes pour envoyer un message clair à l’industrie fossile

L’enjeu peu paraître symbolique, mais en réalité, les campagnes Fossil Free permettent de changer les consciences et de provoquer un débat public. « L’intérêt des campagnes zéro fossile est de permettre à tout le monde de s’organiser à une échelle systémique contre le réchauffement climatique » insiste Clémence Dubois. Bien évidement, lorsqu’une université met fin à ses partenariats ou ses investissements dans les énergies fossiles, cela ne coule pas les géants du secteur. Néanmoins, souligne-t-elle, « cela envoie un message très clair à la société » en montrant que les acteurs de l’industrie fossile sont illégitimes au regard du public et qu’il faut désormais se tourner vers une énergie d’avenir.

Crédit photo : Zéro fossile Sciences Po

Sources : propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / 350.org / gofossilfree.org

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

Article gratuit, rédigé de manière 100% indépendante, sans subvention ni partenaires privés. Soutenez-nous aujourd’hui par un petit café. ?

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation