Réunir la production et la vente alimentaire sous un même toit, en respectant l’environnement et tout ça en milieu urbain, serait-ce une utopie ? C’est pourtant devenu réalité à Angers, où Victor Flomont et Sébastien Moreau ont donné vie à Utopi’hall, leur ferme et son hall alimentaire en pleine ville. Objectif : réinventer la manière de faire ses courses tout en dynamisant le tissu social.
Produit et acheter au même endroit, et en ville
Depuis mars, une épicerie d’un genre nouveau a ouvert ces portes dans les rues d’Angers. Une ferme urbaine et un magasin de producteurs locaux sont réunis sous le même toit, celui d’Utopi’Hall. À la base de ce projet, Victor Flomont et Sébastien Moreau se sont lancés dans l’aventure pour faciliter l’accès aux produits locaux, tout en profitant de l’espace disponible en ville pour cultiver. L’équipe a été complétée par Pierrick, Julie et Juliette, pour un espace de proximité et de partage unique.
Le point de vente de 272 m² est adjacent à une ferme urbaine verticale de 130 m². Ici, les plantes poussent dans des tours hors-sol de plusieurs étages. On y trouve des salades, de jeunes pousses aux goûts originaux (d’huître, de moutarde) ainsi que des herbes aromatiques. Dans l’espace de vente, elles peuvent être achetées vivantes, dans leur pot en fibres de bois. Elles y côtoient le fruit du travail de producteurs locaux, cultivés près d’Angers et le plus souvent bio. Ici, toutes les alternatives pour assurer la subsistance alimentaire sont les bienvenues.
Nourrir les citadins et la vie sociale
Le hall ne se veut pas seulement être un magasin alimentaire. Il espère aussi participer à créer du lien social et à mettre en contact consommateurs, citoyens et acteurs sociaux sensibilisés à l’écologie. Des ateliers sont régulièrement organisés, par exemple des séances de yoga, d’herboristerie, de fabrication de cosmétiques naturels, etc. Entre midi et deux, ainsi que de 17 à 19 heures, Utopi’hall propose aussi un menu à déguster sur le pouce.
Le projet de Victor et Sébastien s’inscrit donc dans une démarche de proximité, de coopération et de respect de l’environnement. Locavore, le magasin tend enfin vers le zéro gaspillage en proposant des paniers last minute de fruits et légumes « fatigués » mais toujours bons pour la consommation. Contrairement aux grandes surfaces, pas question d’emballer les fruits et légumes bio sous des tonnes de plastique. Le hall envisage aussi d’embaucher en contrat d’insertion.
Faire pousser de la nourriture en ville
Cultiver de la nourriture et la rendre accessible en ville, c’est l’objectif principal des fermes urbaines. Depuis quelques années, elles fleurissent au milieu du béton. Quelques exemples à grande échelle ont déjà fait leurs preuves, mais aussi de plus petites structures comme à Marseille ou à Toulouse. En plus de nourrir concrètement leur communauté, ces fermes reconnectent les citadins à leur manière de consommer et à leurs aliments. Elles leur permettent de prendre possession des espaces publics, de se les approprier. Elles peuvent aussi devenir un lieu de partage, pour organiser des évènements, des rencontres ou encore des ateliers. Certaines d’entre elles choisissent aussi d’être un tremplin pour la réinsertion de personnes en rupture avec la société.
L’agriculture urbaine est aussi un vaste terrain d’innovations. En ville, les contraintes sont bien différentes qu’à la campagne. Cela encourage à redoubler d’ingéniosité et de créativité. Un des plus gros défis est le peu d’espace, et une de ses solutions est de jardiner à la verticale, comme a choisi de faire Utopi’hall. Dans des tours sophistiquées édifiées avec des palettes ou même des bouteilles de plastique, cette technique permet d’économiser de l’espace tout en donnant une nouvelle vie à des matériaux. Plus de productivité dans moins d’espace, tout en économisant des ressources et en faisant pousser sa propre nourriture, les fermes verticales sont une des solutions pour éviter un éventuel crash alimentaire en cas de pénurie pétrolière future.
Vous pouvez venir découvrir Utopi’hall du mardi au samedi de 10 h à 20 h au 6 rue du Maine à Angers, ou à tout moment sur leur site web.
C.G.