Lassé de devoir tourner des documentaires qui conviendraient au modèle marchand mais ne lui plaisaient pas, Kevin Rumley a lancé en 2015 son projet indépendant « Doc’it yourself ». L’idée est de redonner sens à l’univers documentaire en permettant à chacun de produire un contenu créatif et intelligent, loin de la logique de recherche du buzz qu’il est possible d’observer sur nos écrans. Pour cela, Rumley a décidé de rassembler une communauté motivée autour de lui, et cherche aujourd’hui à encourager la collaboration entre les divers cinéastes et documentaristes à travers le monde.

Après avoir travaillé plusieurs années à Berlin pour différentes télévisions allemandes en tant que cinéaste, Kevin Rumley décide en 2015 de se lancer dans la création d’une communauté de cinéastes indépendants. Le nom de son projet, Doc’it yourself, résume bien la démarche dans laquelle s’inscrit l’entreprise: « fais toi-même tes propres documentaires ».

Afin de mener à bien son projet, Kevin Rumley part alors avec son propre équipement faire un tour du monde au cours duquel il décide d’aller à la rencontre de cinéastes installés aux quatre coins du monde tout en continuant de travailler sur des projets personnels. L’idée est alors de faire du contenu de qualité tout en fonctionnant au maximum grâce à la débrouille et sans avoir recours à de gros moyens. Embarqué dans sa propre aventure, le cinéaste est alors amené à faire du stop, à vivre chez l’habitant, et redouble d’ingéniosité pour réaliser son projet de la façon la plus économique possible. L’idée, à l’antipode d’une démarche vénale parfois symptomatique de l’époque, n’est pas de gagner beaucoup mais de dépenser peu.

Ouvrir le collaboratif aux réalisateurs

À l’origine de ce départ pour l’aventure, et de cette volonté de créer une communauté envieuse de produire des documentaires de qualité à moindre frais, le jeune homme évoque plusieurs raisons. Ainsi, il y a selon lui un « appauvrissement de la qualité documentaire à la télévision combiné à des subventions quasi-inexistantes pour les cinéastes indépendants». Afin de remédier à ces deux problèmes d’une pierre deux coups, Kevin Rumley pense que la solution se trouve dans le travail et la recherche de fonds collaboratifs. Comme il le soulève, « Nous sommes dans un monde de compétition, pourquoi ne pas plutôt travailler ensemble ?».

L’idée fera son chemin, jusqu’à donner lieu à la réalisation d’un film collaboratif sorti à l’été 2016 : Train Station. Réunissant à l’écran 40 cinéastes originaires de 25 pays différents, le film témoigne de cette volonté de mutualiser les efforts dans une optique qualitative et a déjà rencontré un certain succès en remportant plusieurs prix dans des festivals de cinéma indépendant. Désireux de partager ses aventures, Kevin a également a aussi créé depuis peu une chaîne Youtube où il retrace ses aventures, nous faisant voyager avec lui et nous permettant d’accéder à ce qui se passe de l’autre côté de la caméra d’une manière très originale.

Documenter le monde, pour une vision plus positive de l’avenir

Malgré un amour certain pour les films et le cinéma, Kevin Rumley se passionne avant tout pour les documentaires. En effet, le jeune homme dit aimer parler des cultures, des gens, de l’art, ou encore de la génération Y (et Z). Les projets sociaux et tout ce qui est lié à une manière de vivre alternative sont aussi au centre de ses intérêts et influencent son travail documentaire. Son but est « de montrer les points positifs de l’humain et qu’il peut faire de merveilleuse choses. Marre de voir sans cesse des mauvaises nouvelles. » Comme il le dit, « il y a tant de belles volontés et de belles histoires. Pourquoi ne pas les raconter ? »

Une de ses histoires favorites est par exemple celle d’Anandwan, un village de lépreux au centre de l’inde et qui offre l’accueil à toute personne dans le besoin. Créé par Baba Amte, un des derniers disciples de Gandhi, ce lieu compte aujourd’hui plus de 3000 habitants. Bien qu’il ait été conçu pour soigner les lépreux, le village est aujourd’hui un lieu de villégiature pour quiconque nécessiterait des soins ou une aide particulière. Chaque personne peut décider de rester à Anandwan, et s’y insérer socialement en travaillant, avec la possibilité de fonder une famille. Une condition qui reste un privilège dans la société indienne encore très influencée par le système de caste. Au fil des années, Anandwan s’est agrandie, et développée au point de bénéficier aujourd’hui de sa propre agriculture, de ses propres écoles pour personnes handicapées, et d’ateliers de formations divers. Le chemin vers l’espoir est long, mais Kevin Rumley semble déterminé à le parcourir, partageant ses découvertes positives au fil de sa route. Son travail est à découvrir gratuitement sur Docityourself.com.

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Sources : Docityourself.com

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