Cadavres à la pelle, animaux abîmés, fosse à lisier qui déborde, installations délabrées… Une enquête L214 révèle les pires violences d’un élevage breton. Un exemple (de trop) que notre modèle d’exploitation de l’animal est profondément cruel, à l’avantage des industriels et, ici, du géant Leclerc…
IMPORTANT : les images étant particulièrement difficile, nous avons exceptionnellement décidé de nous limiter aux moins explicites. Toutefois, voici la réalité brute qu’il est urgent d’affronter.
L214 révèle ce jeudi 7 mars des images filmées dans deux sites d’une exploitation porcine appartenant au même éleveur situés dans les communes de Malansac et Trédion (Morbihan, Bretagne). L’état catastrophique de l’exploitation laisse imaginer qu’elle est à l’abandon.
La préfecture est au courant de la situation depuis presque 2 ans. L214 porte plainte et demande la fermeture immédiate de l’exploitation.
La viande issue des animaux de cette exploitation est vendue dans les magasins E.Leclerc. L’association appelle l’enseigne à stopper son approvisionnement avec cet exploitant, et tourner le dos aux pires pratiques d’élevage en s’engageant sur le Pig Minimum Standards.
En parallèle, L214 se mobilise dans 30 villes de France devant les supermarchés de l’enseigne.
Animaux morts, blessés et agonisants
Sur les images, de jeunes cochons pataugent et agonisent dans leur propre lisier. Des dizaines de cadavres sont abandonnés aux quatre coins de l’élevage, jusque dans la fosse à lisier ; plusieurs sont carrément momifiés.
Un jeune cochon n’a plus que 3 pattes.
On retrouve des morceaux de corps (membres, viscères, os) jusque dans les mangeoires. Des truies et des cochons sont très amaigris, blessés ou malades (diarrhées, hernies, abcès, plaies…). Un jeune cochon n’a plus que 3 pattes.
Enfermées dans des cages à peine plus grandes qu’elles, des truies en maternité cohabitent avec leurs porcelets morts. Des sondes d’insémination artificielle sont laissées dans le système reproducteur des truies.
Bâtiments insalubres, surmortalité et pollution de l’environnement
Les animaux vivent dans des bâtiments en ruine, dans une atmosphère viciée et un environnement insalubre : murs qui s’effondrent, fuites d’eau, auges encrassées, poussière massive… Le lisier s’écoule dans le milieu environnant.
Le dysfonctionnement de la fosse à lisier, l’absence d’entretien des bâtiments, le manque de suivi sanitaire et l’absence de soins aux animaux décuplent les souffrances de ces cochons, déjà élevés dans le milieu hostile de l’élevage intensif.
Lors de son signalement, le lanceur d’alerte (qui souhaite garder l’anonymat) rapportait à l’association :
« J’ai été estomaqué de voir le délabrement de la porcherie, des murs complètement défoncés comme si un séisme était passé par là. C’est vraiment la première fois que je vois une exploitation porcine dans un état de délabrement aussi important. Des fosses à lisier débordent et ça s’écoule en contrebas de l’exploitation. ».
L214 appelle E.Leclerc à s’engager contre ce type d’élevage
Les cochons sont notamment abattus à l’abattoir Kermené (filiale de E.Leclerc) à Mené, dans les Côtes-d’Armor. L’abattoir approvisionne plus de 1 400 magasins et drives E.Leclerc (produits Tradilège, Saint-Azay et Côté Table de Marque Repère, et boucheries en magasins).
L214 demande à l’enseigne d’exclure de ses approvisionnements les exploitations qui exercent les pires pratiques d’élevage (dont cet élevage), et de rejoindre le Pig Minimum Standards (PMS), qui interdit certaines pratiques encore légales mais reconnues comme préjudiciables aux animaux telles que :
- la coupe des queues,
- le meulage des dents,
- la mise à mort par percussion de la boîte crânienne des porcelets (claquage),
- les cages de gestation et de maternité pour les truies.
L214 attend un engagement du distributeur sur ses marques propres depuis juin 2023, date de la présentation de la demande PMS au pôle développement durable de l’association des centres distributeurs Leclerc (ACDLec).
La préfecture du Morbihan au courant depuis mai 2022
Depuis 2022, le site de Malansac fait l’objet de contrôles du service environnement de la DDPP rattaché à la préfecture du Morbihan. Celui-ci a relevé plusieurs fois des non-conformités concernant le traitement des effluents, le suivi sanitaire de l’établissement et la propreté des locaux.
→ Rapport d’inspection du 24 novembre 2023
→ Rapport d’inspection du 11 mai 2023
→ Rapport d’inspection du 17 mai 2022
Un arrêté préfectoral de mise en demeure a été pris en juillet 2023 à l’encontre de l’exploitant, qui ignore les demandes de mise en conformité adressées par l’administration.
C’est pourquoi L214 demande en urgence la fermeture administrative de cet élevage.
L214 saisit le parquet de Vannes
L214 porte plainte pour mauvais traitements et atteinte à l’environnement auprès du procureur du tribunal judiciaire de Vannes.
Pour Bérénice Riaux, du pôle Enquêtes de L214 : « Un mouroir ou une maison hantée ? Non, c’est un élevage 100 % français qui fournit l’enseigne “préférée et la plus fréquentée par les Français” ! Impensable.
Les responsables ? L’État qui n’agit pas à la hauteur des infractions, les syndicats agricoles qui abandonnent les éleveurs incapables de s’occuper de milliers d’animaux, et E.Leclerc qui devrait veiller au respect de la réglementation et des attentes des consommateurs pour la fabrication des produits de sa marque distributeur et de ses rayons boucherie. Si Leclerc s’engageait dès aujourd’hui à respecter les critères du Pig Minimum Standards, de nombreuses souffrances pourraient être évitées aux animaux. »
Mobilisation L214 devant les supermarchés E.Leclerc
Samedi 9 mars, les bénévoles L214 iront à la rencontre des consommateurs dans 30 grandes villes de France. Ils distribueront des tracts aux clients des supermarchés E.Leclerc pour les informer des révélations de la dernière enquête de L214. Ils les inviteront à agir en signant la pétition demandant à E.Leclerc de s’engager à respecter les critères du Pig Minimum Standards (PMS).