Et si les citoyens avaient le pouvoir de changer le monde ? Le 30 novembre sortira en salles le film « Enfin des bonnes nouvelles », une comédie mordante qui nous renvoie dans un futur proche où l’éthique guiderait l’action des multinationales (oui, c’est une fiction !). Une fiction pourtant pas si éloignée de ce que les prochaines années pourraient nous réserver, centrée autour d’un personnage dont les failles révèlent l’ironie d’un monde où la vénalité continue d’avoir sa place.
Une agence de notation révolutionnaire
Les créateurs de Vigi’s, l’agence de notation qui a révolutionné nos modes de consommation à travers le monde, peuvent se féliciter : ils ont réussi non seulement à dicter un code de conduite aux entreprises, mais se sont également enrichis à vive allure. Alors qu’ils sont les invités d’une émission de radio qui tente de comprendre le succès inespéré de leur entreprise, l’animateur revient sur le parcours atypique de Vincent Glenn, chômeur que l’idéalisme a d’abord exclu avant de lui ouvrir les portes de la gloire.
Car grâce à Vigi’s, et à une application mobile révolutionnaire, les consommateurs du monde entier ont pu adapter leurs modes de consommation en fonction d’une information transparente et accessible qui ne le sont pas à ce jour. Impact environnemental, politique salariale, égalité des genres au sein de l’entreprise…tous les critères qui font qu’une organisation humaine est éthique ou pas donnent lieu à une note « scientifique » qui la situe sur l’échelle déontologique. Un simple scan d’un produit suffit pour connaître ce qui se cache derrière : les consommateurs deviennent alors des consomm’acteurs, capables de choisir quoi acheter en connaissance de cause.
« Dans le film, l’agence peut être perçue comme un regroupement de citoyens-consommateurs qui imposent le respect d’une certaine déontologie aux empires industriels et financiers. Ou encore le moment où des citoyens sont suffisamment synchrones, nombreux et organisés pour renverser les critères de ce qu’on nomme une «bonne économie», et privilégier, en gros, tout ce qui va dans un sens alternatif au modèle productiviste de l’économie capitaliste. Tout ce qui redonne de la considération à la vie humaine et la nature au détriment du contraire, la chosification et la marchandisation du vivant », nous explique Vincent Glenn, le réalisateur, qui a aussi prêter son nom et son visage au personnage central.
Et les effets de cette implication du consommateur ne se font pas attendre : en l’espace de quelques mois, McDo, Coca, Apple et toute la clique des multinationales ont drastiquement modifié leurs façons de faire afin de satisfaire la demande des citoyens en comportements éthiques et responsables au risque de perdre leur clientèle. Le monde en est littéralement changé ! Pour le meilleur ?
Critique du piège de la vénalité et du succès
Voilà le tableau que nous donne à voir cette « comédie de science (économique)-fiction, réalisée par Vincent Glenn et produit de façon coopérative et avec un budget réduit. Une histoire qui n’est pas sans rappeler la phrase consacrée de Coluche « Et dire qu’il suffirait qu’on arrête d’acheter pour que ça ne se vende plus« , et vient donner de la force au pouvoir du citoyen qui peut choisir de créer un monde à son image à travers ses choix et actions au quotidien.
Centré autour du personnage de Vincent Glenn (joué par le réalisateur du même nom), le film nous donne également à réfléchir sur l’individualisme et la place de l’argent dans nos sociétés. En ancrant l’action dans un futur proche, le réalisateur et interprète du personnage principal nous propose aussi de réfléchir sur ce que signifie adopter un comportement vertueux. En effet, il ne suffit pas d’avoir monté une entreprise révolutionnaire prônant des changements pour un monde meilleur pour se situer en haut de l’échelle morale. De façon plus insinuée, le film remet donc aussi en cause les comportements individuels, avec un certain cynisme comique. Il semble en effet facile d’oublier du jour au lendemain tous ses beaux principes lorsque l’argent nous ouvre toutes les portes.
« Enfin des bonnes nouvelles » s’inscrit dans la lignée des comédies qui se veulent visionnaires et lucides. En prenant comme appui et comme base les crises qu’affronte la société actuelle, le film se propose, avec un certain cynisme, de faire la critique d’un monde où même les plus raisonnables peuvent être happés par un succès qui leur monte à la tête.