Ces dernières années, plusieurs jeunes femmes vont créer la polémique sur le sujet des safaris et de la chasse de certaines espèces en Afrique. Elles vont ainsi mettre en lumière, sans le vouloir, cette problématique que beaucoup ignoraient simplement. Focus sur un « autre » business très lucratif de la mort animale.

Quelques cas médiatisés

Fin 2013, Melissa Bachman, une présentatrice américaine, déclenche la colère des internautes en mettant en ligne une photographie sur laquelle elle pose avec un lion mort qu’elle vient de tuer. Une pétition se voit aussitôt mise en ligne afin d’interdire à la présentatrice de se rendre en Afrique du Sud, là où s’organise la partie de chasse.

L’année dernière on découvrait Axelle Despiegelaere, une jeune Belge qui se fera connaître en tant que supportrice lors de la coupe du monde 2014. Elle postera sur les réseaux sociaux une photographie d’elle à côté d’un oryx sauvage. Elle bénéficiait à ce moment-là d’une petite notoriété et avait même signé un contrat chez la grande marque de l’industrie cosmétique : l’Oréal. La marque va alors mettre fin à son contrat et la jeune fille retombe dans l’anonymat.

Plus tôt dans l’année, c’est une jeune américaine d’une vingtaine d’années prénommée Kendall Jones qui va également créer le « bad buzz » en publiant de multiples photographies sur son compte Facebook où elle expose ses « trophées » de chasse. Cette dernière n’épargne aucune espèce et se fait photographier avec des éléphants, tigres, rhinocéros, lions ou encore léopards…

Rappelons que toutes ces espèces sont soit en danger critique d’extinction, soit menacées, soit vulnérables.

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Kendall Jones estime que c’est la haine qui pousse les gens à critiquer son amour de la chasse. Elle n’a d’ailleurs aucun regret et assume complètement ses actes puisqu’elle s’est exprimée récemment sur son compte Facebook en publiant une photographie où elle porte un T-shirt « I hunt. It’s legal. Get over it » (Je chasse. C’est légal. Passez au-dessus de ça.)

Si le safari de chasse est une pratique majoritairement masculine, ces cas « féminins » vont avoir tendance à choquer plus facilement l’opinion publique. Des cas qui viennent à éveiller la population sur une pratique intolérable au moment même où le monde animal subit sa sixième grande extinction de masse (mais la première d’origine humaine) et où l’écologie prend une place dominante dans les mentalités.

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Un commerce vraiment légal ?

Il existe en effet des clubs de chasse « hors normes » (souvent américains) qui organisent de riches safaris africains pour les touristes en mal de sensations. Ils traquent et tuent des espèces charismatiques comme les éléphants, les lions, les léopards et d’autres pour quelques milliers de dollars. Et c’est là le nœud du business. Comme l’ivoire ou la peau de bête sauvage, les parties de chasse se vendent à prix d’or.

Début 2015, le Dallas Safari Club (club texan) a défrayé la chronique en mettant aux enchères une chasse qui invite à tuer un éléphant adulte au Cameroun sur une durée de 12 jours. Prix de « l’aventure » : 20 000 dollars. Ben Carter, le directeur du club, a depuis annulé cette chasse, en particulier face aux protestations des ONG et des citoyens. La pression populaire remporte une partie mais pas la guerre. Selon les mots de Ben Carter, les animaux charismatiques d’Afrique, les Big 5 (lion, éléphant, buffle, léopard, rhinocéros) comme on les surnomme, « ne sont pas menacés mais en surpopulation ».

chasseur_consDédicace à Brion

Étrange constat de la part du businessman dès lors que les conclusions des ONG et des organisations internationales, spécialisées dans leur domaine, déclarent le contraire. En effet, selon IFAW (Le Fond international pour la protection des animaux), voici la situation du lion :

« La population des lions d’Afrique et leur aire de répartition connaissent un déclin alarmant. Durant les 20 dernières années, le nombre de lions d’Afrique a diminué d’au moins 48,5% en raison des abattages de représailles, de la perte de leur habitat et de leurs proies, de leur surexploitation par la chasse aux trophées, par le commerce, les maladies et d’autres causes d’origine naturelle ou humaine. Aujourd’hui, il reste moins de 40 000 lions d’Afrique, pour la plupart répartis dans une poignée de pays. Parmi les populations restantes, les 2/3 ne sont ni protégés ni viables à long terme. »

Pour les éléphants, la situation est encore plus dramatique. On parle d’un risque de disparition total dans les dix prochaines années si de plus grandes mesures ne sont pas prises pour enrayer le braconnage. Lire le dossier complet.

Les annexes de la CITES semblent prévoir de gérer uniquement le commerce et la revente des parties des animaux (ivoire, cornes, etc.) à des fins lucratives et non la chasse en elle-même. Une faille légale qui autorise ce type d’aberrations d’exister. De plus, il existe des failles dans les institutions quant à l’application des réglementations existantes.

Pour que ces safaris ne soient plus une réalité, il semble en aller de la responsabilité des gouvernements et de l’action des citoyens. Il existe une véritable nécessité de sensibiliser et/ou de s’investir sur le terrain afin de préserver une biodiversité fragilisée. En 2013, la Zambie a par exemple interdit la chasse du lion et du léopard sur son territoire.

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Sources : Eco(lo) / IFAW / SciencesetAvenir /IFAW

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