En décembre dernier nous vous informions de l’incarcération, au Sénégal, de la militante française Coline Fay, de manière arbitraire et dans le cadre d’une intense répression de la part de l’ancien régime de Macky Sall. Depuis, Coline a été libérée et ce dimanche 24 mars, Bassirou Diomaye Faye, architecte du parti PASTEF, est devenu le 5e président de la République du Sénégal. Signe d’un vent d’espoir et de liberté ? Décryptage d’une crise politique complexe. 

En même temps que Coline Fay, le nouveau premier ministre et principal opposant de l’ex-président Macky Sall, Ousmane Sonko, était lui aussi emprisonné. On dénombrait au total, sous cette autorité, plus de 1500 détenus pour motif politique et près de 100 manifestants tués. Depuis, un nouveau parti est à la tête du pays.

A l’occasion de ce renouveau démocratique, nous avons décidé de donner la parole à trois Sénégalaises et Sénégalais, partisans du nouveau projet politique et anciens détenus politiques sous le régime de Macky Sall. Entretiens.

@pexels-papa-birame-faye

Mr Mondialisation : Maty Sarr Niang, Nafissatou Gueye, Matar Cissé, souhaitez-vous vous présenter ? Votre parcours, vos valeurs, vos combats,…

Maty Sarr Niang : Je suis une jeune fille d’une trentaine d’années issue d’une famille modeste. J’ai fait mes études primaires et secondaires à Pikine (banlieue dakaroise). J’avais commencé mes études supérieures dans une grande école de commerce mais par manque de moyens financiers, j’ai été obligée d’arrêter les études. Par la suite, j’ai commencé à travailler dans de petits commerces par-ci par là, jusqu’à avoir un certain revenu et je me suis payée une formation en journalisme et communication dont j’ai obtenu le diplôme en avril 2016.

Concernant les valeurs, je peux dire que je suis une femme de principes avec un grand cœur et qui aime aider, assister et défendre les plus faibles. Ce que j’aime le plus parmi les valeurs que Dieu m’a octroyées c’est le don de soi.

« Mes combats ont toujours été portés contre l’injustice. »

Mes combats ont toujours été portés contre l’injustice. C’est ce que je déteste le plus dans la vie. Même dans la vie courante, je n’aime pas voir subir une injustice.

Nafissatou Gueye : Je suis Nafissatou Gueye alias Yayou Serigne Saliou. Jadis j’étais la petite fille intelligente et studieuse, toujours première ou parmi les meilleurs à l’école. En résumé aujourd’hui je suis devenue une jeune femme, activiste, sympathisante du parti Pastef et je suis contre toute forme d’inégalités sociales et d’injustice.

Matar Cissé : Je suis journaliste sénégalais, reporter, spécialisé en science politique. Mon parcours a débuté au journal Sud Quotidien et Enquête en tant que stagiaire avant d’embrasser le journalisme du Web. Je fais partie des journalistes emprisonnés à la Prison de Reubeuss en Février 2023, coïncidant avec le jour du procès opposant le ministre Mame Mbaye Niang et l’opposant Ousmane Sonko [ndlr : l’opposant avait alors été condamné à 6 mois de prison ferme pour avoir affirmé “sans preuves” que Mame Mbaye Niang avait détourné 29 milliards de francs CFA d’une agence d’Etat].

« Mon seul combat est de participer à la libération de mon pays pour un Sénégal souverain, d’être un fervent défenseur de la démocratie et de l’État de droit ». 

S’agissant de mes valeurs, je cherche toujours à défendre mes propres opinions et convictions, c’est-à-dire le culte de la liberté dans ma profession. Mon seul combat est de participer à la libération de mon pays pour un Sénégal souverain, d’être un fervent défenseur de la démocratie et de l’État de droit. 

Marche des journalistes sénégalais (23/08/2008). Crédit : Serigne Diagne (Flickr).

Mr Mondialisation : Quels espoirs suscite l’élection de Diomaye Faye ? Quels changements concrets sont attendus pour les Sénégalais ?

« l’avènement de Diomaye marque la fin d’un système vieux de plus de 60 ans marqué par la corruption, le détournement de deniers publics, l’impunité, l’abus de pouvoir ».

Maty Sarr Niang : L’élection du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye suscite un grand espoir chez nous, la jeunesse, en particulier et chez les Sénégalais épris de justice en général. De fait, l’avènement de Diomaye marque la fin d’un système vieux de plus de 60 ans marqué par la corruption, le détournement de deniers publics, l’impunité, l’abus de pouvoir.

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Le projet que nous a présenté le parti Pastef – le partage équitable des ressources – est donc pour nous une aubaine dans la mesure où les ressources dont regorge notre pays n’étaient partagées qu’entre un groupe de personnes qui est là depuis l’indépendance du Sénégal. Mais aujourd’hui la jeunesse peut espérer avoir accès à un emploi décent et le Sénégalais se soigner sans se décarcasser. Nous pouvons espérer une réduction du coût de la vie, la fin de la corruption, de l’injustice et de l’impunité, la renégociation des contrats miniers, de pêche… En résumé le Sénégalais peut voir son pays sur les rails de l’émergence qui va lui profiter.

Nafissatou Gueye : L’élection de Diomay suscite la souveraineté, la réconciliation nationale et la rupture. Des changements sont attendus au niveau de l’éducation, l’enseignement, la vie chère, du loyer, des ressources naturelles, l’emploi des jeunes, la justice et l’ouverture d’enquêtes pour nos martyrs.

Matar Cissé : Depuis l’élection de Diomaye Faye, tout simplement, le peuple aspire au changement et au renouveau en quelque sorte. Le vent qui souffle est l’espoir qui se manifeste à travers des discours de liberté pour la libération de notre économie, avec la renégociation des contrats qui lient le Sénégal et ses partenaires internationaux. Il s’agit de l’esprit du gagnant-gagnant. 

S’agissant également du projet de la loi d’amnistie qui a été adopté à l’Assemblée Nationale, effaçant les faits de 2021 à 2023, les Sénégalais veulent que justice soit appliquée sur les morts, les blessées et de ceux qui ont été injustement emprisonnés ou torturés. (Ndlr : Selon Seydi Gassama, Directeur Executif d’Amnesty International Sénégal, ce projet de loi est un « affront aux familles des victimes » et « un déni de justice qui vise à assurer l’impunité aux responsables de la mort de dizaines de Sénégalais », après les manifestations et la violente répression gouvernementale entre 2021 et 2023).

Bassirou Diomaye Faye pour Senego TV.

Mr Mondialisation : Le parti Pastef, d’abord emmené par Ousmane Sonko, est devenu très populaire ces dernières années, comment l’expliquer ? Pourquoi le peuple sénégalais lui apporte-t-il sa confiance ?

Maty Sarr Niang : La confiance que le peuple sénégalais a vis-à-vis du parti Pastef est due à sa constance dans sa démarche. Le peuple mâture s’identifie à Ousmane Sonko de par son endurance, sa persévérance, l’éveil des consciences. Le projet qu’Ousmane Sonko a présenté au peuple sénégalais est un projet réalisable et réaliste. C’est pour cela que le peuple lui fait confiance.

Nafissatou Gueye : Cela s’explique par le discours que nous sert le premier ministre Ousmane Sonko, un homme selon moi digne, courageux et honnête qui a travaillé 15 ans aux Impôts et Domaines sans détourner 1 seul franc de nos francs CFA. Alors même qu’il a été accusé de corruption de la jeunesse et de terrorisme sans preuve et mis en prison sur aucune base légale. (ndlr : à savoir, Ousmane Sonko a aussi été accusé de viols, puis a été ensuite aquitté de ces accusations. Rappelons tout de même que les cas de viols sont rarement condamnés par la justice, d’autant plus dans une société patriarcale qui banalise le viol, comme le souligne Ndeye Khady Babou, médecin et co-coordinatrice du Réseau des féministes du Sénégal.).

Matar Cissé : Ousmane Sonko a réussi son pari d’après les Sénégalais, tout a commencé lorsqu’il a été radié de la fonction publique en tant qu’inspecteur des impôts, au moment où le candidat Amadou Ba était son directeur. C’est par la suite qu’il a créé son parti Pastef. Cela a suscité beaucoup d’intérêt de la part des Sénégalais, surtout lorsque le maire de Ziguinchor a commencé à divulguer des informations scandaleuses en pointant du doigt le régime du Président Sall. Le peuple commence à s’intéresser à sa personne et lui tend l’oreille du fait qu’Ousmane Sonko a réussi à se démarquer des autres opposants. 

Mr Mondialisation : À quels changements s’attendre vis-à-vis de la France ? Pastef mettra-t-il un coup d’arrêt au néo-colonialisme ?

« l’exploitation du Sénégal par un autre pays ne sera plus acceptée »

Maty Sarr Niang : J’ai toujours entendu le parti Pastef dire qu’il n’est pas contre un quelconque pays. Seulement que l’exploitation du Sénégal par un autre pays ne sera plus acceptée. Tout partenariat bilatéral ou multilatéral devra être gagnant-gagnant. 

Donc le néocolonialisme sera mis en arrêt et les relations “win-win” mises en places.

Nafissatou Gueye : Vis à vis de la France nous nous attendons à des négociations gagnant-gagnant, autrement dit 50/50 sur tous les secteurs à travers les contrats pétroliers, de pêche, d’investissement, etc. On s’attend surtout à revoir le système d’octroi des visas. Je trouve inadmissible que nos passeports soient gardés pendant 3 mois – et parfois plus -, pour nous refuser au final la demande de visa sans remboursement des frais de dossiers déjà versés.

Matar Cissé : Le changement est inévitable. Et la France l’a compris. D’abord les contrats pétroliers, gaziers, qui lient la France et le Sénégal notamment dans le domaine de la pêche industrielle et autres sont les partenariats à renégocier. C’est l’attente de la population. 

Aussi, l’utilisation du Franc CFA est un sujet déjà détaillé dans le programme de la coalition Diomaye Président 2024. Pastef est obligé de respecter ses engagements au sujet de l’arrêt du néocolonialisme, afin de développer le pays socialement et économiquement. Avec le temps, Pastef pourra réussir son pari et se débarrasser du sentiment anti-français. 

Les présidents Macron (France) et Sall (Sénégal) interagissent durant la session sur le financement de l’éducation aux Nations Unies, 2017. Credit: Michael Loccisano/Getty Images.

Mr Mondialisation : Vous avez été chacun incarcéré pour des raisons politiques, pouvez-vous nous en dire plus sur les conditions de vos arrestations, en quoi et qui dérangez-vous ?

Maty Sarr Niang : J’ai été arrêtée chez moi un mardi 16 mars 2023 par la sûreté urbaine et conduite en catimini au commissariat central. Une fois sur place, le policier m’a notifié que j’étais arrêtée pour atteinte à la sûreté de l’état, offense au chef de l’état, atteinte à la sûreté de l’état, atteinte à la sécurité publique, outrage à magistrat, usurpation de fonction, incitation à la haine.

Toutes ces accusations m’ont énormément surprises parce que je n’ai jamais commis ces actes. C’est à travers des captures de mes publications sur Facebook que j’ai été accusée de tout ça. Et c’était durant la période des manifestations où l’on tuait les Sénégalais et les emprisonnait sans motif. C’était entre mars et mai 2023.

Ce qui dérangeait le régime sortant me concernant était le fait que j’établissais la vérité alors que le pouvoir sortait pour mentir au peuple sénégalais vis-à-vis de leurs bavures.

Nafissatou Gueye : La section de recherche est venue me chercher dans mon lieu de travail en m’accusant d’être une terroriste. Disons que toute personne qui défendait le projet Pastef était un ennemi de l’ancien régime, on nous traquait de partout parce qu’ils disaient que nous incitions les jeunes – à travers nos pages internet – à descendre dans la rue et à résister à la dictature de Macky Sall.

En sortant de mon bureau, ils ont fait appel à beaucoup de renforts pour venir me perquisitionner à mon domicile. Ils n’ont rien trouvé. En sortant de chez moi, j’ai dénombré au moins 8 blindés avec des forces de sécurité armés jusqu’aux dents barricadant tout le quartier comme si j’étais un vulgaire malfrat. C’est là qu’ils m’ont acheminé jusqu’à la section de recherche de Colobane (quartier de Dakar). Ils ont refusé de me remettre mon téléphone… Je devais pourtant informer ma nounou de mon arrestation, alors qu’elle gardait mon enfant de 18 mois… Après deux jours de garde à vue j’ai été déférée au parquet pendant encore 11 jours avant d’être mise en mandat de dépôt pour une période de 6 mois.

Matar Cissé : J’ai été arrêté un jeudi 2 Février 2023 à Cité Keur Gorgui (Dakar) avec 14 autres Sénégalais, après le renvoi du procès pour diffamation opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang. J’ai ensuite été transféré au commissariat de la Foire à Dakar où j’ai dormi par terre, puis j’ai été déplacé le matin même vers le commissariat de Thiong. C’est alors qu’on nous a transférés au tribunal le lundi après 5 jours de garde à vue. Une fois au Tribunal, le substitut du Procureur nous a forcé de signer le procès verbal permettant de nous incarcérer à la Prison de Reubeuss.

Mr Mondialisation : L’arrivée au pouvoir de Pastef est-elle un soulagement, ou simplement une première étape vers une réelle justice sociale ?

Maty Sarr Niang : L’arrivée au pouvoir du parti Pastef constitue un énorme soulagement. Les Sénégalais et les militants de Pastef notamment ont tellement subi sous l’ère de Macky Sall que leur rendre justice ne serait pas trop demandé.

Je dis oui à la réconciliation nationale mais nous demandons d’abord justice pour nos martyrs et pour tous ces gens emprisonnés injustement pendant des mois. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons parler de réconciliation. 

Police à Dakar. Crédit : Rignese.

Nafissatou Gueye : Je dirai que c’est à la fois un soulagement et une première étape vers la justice sociale. Soulagement d’abord parce qu’on a réussi à porter le projet jusqu’à destination et c’était l’objectif. Certainement qu’on assistera dans les jours à venir à cette première étape dont vous parlez qui serait le début d’une vraie justice sociale.

Matar Cissé : Effectivement il s’agit d’un soulagement pour le peuple après tant d’années d’injustice. En revanche, l’attente d’une réelle justice sociale semble aujourd’hui encore exagérée étant donné qu’une loi d’amnistie a été adoptée par anticipation pour effacer les actes criminels de l’ancien régime. 

Mr Mondialisation : Autre chose à ajouter ?

Maty Sarr Niang : Je remercie le peuple sénégalais pour sa maturité. Certes c’était difficile mais à un moment donné le peuple a compris et a voulu le changement vers la paix et la stabilité. Je remercie ma famille. Je remercie aussi le leader Ousmane Sonko pour son soutien sans faille durant mes 10 mois d’arrestations arbitraires. Et je remercie tous les patriotes (ndlr : partisans du parti Pastef) qui m’ont soutenu durant ces moments difficiles.

« je lance un appel aux Sénégalais pour leur dire que nous avons un pays à construire »

Pour finir, je lance un appel aux Sénégalais pour leur dire que nous avons un pays à construire donc donnons nous la main afin d’aider notre nouveau président à développer notre cher Sénégal. Le “peu” de chacun de nous pour le bonheur de tous. Je vous remercie.

« Seule la lutte libère »

Nafissatou Gueye : Seule la lutte libère. On a lutté, on a gagné et un vent de liberté souffle partout à Dakar depuis que Diomaye est élu à la tête de ce pays. Il faut juste rendre grâce à Dieu et dire Al Hamdoulilah.

Matar Cissé : Je me pose simplement quelques questions depuis que le PDS (Parti Démocratique Sénégalais – d’inspiration libérale) s’est allié avec le Pastef pour l’élection de Diomaye Faye. Qu’ont-ils (Pastef) à y gagner ? D’autant plus que Karim Wade (ancien leader du PDS) était exclu de la liste des candidats.

Récemment et avant les élections, le fils de Abdoulaye Wade s’est allié avec le Pastef en vue des présidentielles. Les accords issus de ce partenariat n’ont pour l’instant pas été dévoilés au public. Il faut savoir que Karim Wade entretient des liens avec l’émir du Qatar, lequel cherche à renouer de nouveaux partenariats avec le Sénégal après l’élection de Diomaye Faye. 

Or, les Qataris ont également des liens étroits avec la France, qui pourrait en profiter pour maintenir sa domination sur le Sénégal sous une autre forme.

Conclusion

Nous remercions Maty Sarr Niang, Nafissatou Gueye et Matar Cissé pour leurs précieux témoignages. Rappelons que Mr Mondialisation est un média apartisan, et que nous restons prudents quant aux futurs agissements du nouveau régime. Si le retour à l’Etat de droit, à la justice sociale, mais aussi la fin du néocolonialisme et de la corruption, semblent être en bonne voie, Mariane révèle également les intentions du premier ministre Ousmane Sonko de criminaliser l’homosexualité dans une pays qui la réprime déjà, a-t-il déclaré sur Twitter (ci-dessous).

Ensuite, la criminalisation des partisans Pastef et de ses leaders par l’ex-président Macky Sall, craintif de son élan populaire, fut abusive, arbitraire et meurtrière. Nous tenons en revanche à rappeler, quant aux accusations de viols portées par Adji Sarr envers Ousmane Sonko, qu’il reste important de croire la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles (quels que soient les enjeux politiques et démocratiques derrière).

L’acquittement de ces accusations ne signifie pas l’innocence de l’accusé : Ndeye Khady Babou nous rappelle qu’au Sénégal une seule femme victime de violences sexistes et sexuelles sur 5 porte plainte. Parmi elles, à peine une sur 8 obtient gain de cause… Quelque que soit la culpabilité ou non d’Ousmane Sonko, ses propos au sujet de la plaignante encouragent la culture du viol dans une société déjà profondément misogyne : “Même si j’avais décidé de violer, je n’allais pas violer une guenon qui a fait un AVC” a t-il déclaré (propos relayé par Brut).

Cela dit, et notamment par souci démocratique, il nous semblait essentiel de donner la parole à ces anciens prisonnières et prisonniers politiques, victimes de la violente répression de l’ancien régime envers les partisans pacifistes de Pastef. Il nous semblait essentiel également de rendre compte de la vague d’espoir que suscite – notamment au sein de la jeunesse – le nouveau gouvernement dans un pays en crise démocratique, sociale et économique profonde. 

– Benjamin Remtoula (Fsociété)


Crédit photo de couverture : Papa birame Faye (Pexels).

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