« Il faut qu’il y ait un réveil des Français » Mickael Wamen, porte-parole des 8 ouvriers Goodyear condamnés à 24 mois de prison dont 9 fermes, témoigne sur le plateau du Grand Journal de Canal +. Un discours poignant qui permet de mieux comprendre le parcours du combattant mené pendant 6 ans par ces 1140 salariés licenciés. Un parcours semé d’embûches, de coups de gueule, de familles brisées et… de suicides.

800 personnes qui pointent à pôle emploi, 12 suicides, des dizaines de couples et de familles brisées, plusieurs dépressions et maintenant 8 syndicalistes qui risquent la prison ferme : la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord aura eu des conséquences terribles sur la vie des 1 143 salariés licenciés. Les 8 ex-Goodyear ont été condamnés mardi 12 janvier pour la « séquestration » de deux cadres dirigeants entre le 6 et le 7 janvier 2014. Un geste évidement illégal mais commis sans violence physique ni matérielle et pour lequel les deux cadres et l’entreprise avaient retiré leur plainte suite à un accord avec les syndicats. Les poursuites ont cependant été maintenues sur la volonté du procureur de la République, magistrat dépendant directement du ministère – contrairement aux juges, indépendants du pouvoir – ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs que cette condamnation est politique.


Une telle condamnation est en tous cas inédite en France : c’est la première fois dans la Ve République que des salariés sont condamnés à une peine ferme pour une action syndicale non violente. Pour comprendre le contexte, il faut savoir que cette multinationale a quadruplé son bénéfice en 2014 à 2,45 milliards de dollars, ce qui faisait de ce « plan social » un licenciement boursier. En parallèle, Goodyear a été condamnée en juin 2015 à verser 50 euros à 90 plaignants, pour avoir démantelé des machines (afin de les expédier en Europe de l’Est) alors que les ex-salariés souhaitaient relancer l’activité en SCOP. Le libéralisme tout puissant, la « politique de l’offre » montrent dans cette affaire toutes leurs limites. Et si la nouvelle question sociale, c’était justement de créer les moyens de se passer des détenteurs de capitaux, pour qui les humains, les usines et le travail ne sont que des variables d’ajustement pour maximiser leurs profits ? Sans nul doute, les SCOP (Société coopérative de production) et les SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) représentent une solution déterminante pour l’avenir.

Les 8 Goodyear ont fait appel de leur condamnation. Pétition de soutien à signer sur change.org.


Sources : dailymotion.com / politis.fr

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