Qu’est-ce qui explique le vent de colère qui touche la France depuis bientôt trois mois ? En présence de Priscillia Ludosky, Datagueule explore les premières manifestations du mécontentement qui fait la une de l’actualité ces dernières semaines. Et qui trouve certainement l’une de ses sources dans une méfiance grandissante vis-à-vis de l’impôt et des taxes. Le point.
« Le consentement à l’impôt est un ouvrage fragile dont la légitimité repose sur des siècles d’efforts communs », analyse la dernière vidéo de Datagueule. Mais le mouvement social des « Gilets jaunes » depuis novembre dernier expose à quel point cet édifice est en train de se fissurer. Le sentiment d’injustice, celui de ne pas percevoir de contrepartie à la hauteur de l’effort consenti, provoquent une véritable scission entre une partie de la population et ses représentants, fracture qui met en danger la cohésion nationale et pourrait menacer le vivre-ensemble. Pour reprendre le mot de la vidéo, « quand les contribuables perdent de vue l’usage de leur contribution », la révolte plane.
Priscillia ludosky, qui avait lancé au printemps 2018 la pétition « Pour une Baisse des Prix du Carburant à la Pompe ! » et qui avait co-initié le mouvement des gilets jaunes en novembre dernier, confirme : ces dernières semaines, ses échanges avec la population ont d’abord fait remonté les problématiques liées au pouvoir d’achat, aux difficultés à payer les factures, y compris celles concernant les produits de première nécessité. Aujourd’hui en France, selon l’observatoire des inégalités, on compte de 5 à 8 millions de pauvres. La pauvreté a fortement progressé à partir de 2008 avec une accentuation des difficultés économiques (austérité) suite à la crise financière.
Mais comment expliquer une telle disparité dans un pays « moderne » comme la France ou même la Belgique ? Le système de redistribution ne fonctionne-t-il plus correctement ? Il serait certainement illusoire de rechercher une cause unique, tant la dynamique est complexe. Mais en passant au crible les différents impôts et taxes qui existent aujourd’hui en France, l’équipe de Datagueule illustre l’impression que partage une partie de la population : le sentiment d’être exclu et d’être concerné par une situation de plus en plus injuste.
Ainsi, le remplacement de l’impôt sur la fortune par l’impôt sur la fortune immobilière par Emmanuel Macron conduit à une chute de 340000 à 120000 le nombre de foyers concernés, soit une perte de 3,2 milliards d’euros dans les caisse de l’État… mais aussi à une chute de 50 % des dons aux associations. Une véritable hécatombe pour un secteur déjà en difficulté. Tout aussi interpellant, les effets contrastés des taxes à la consommation, essentiellement la TVA, dont le taux normal est de 20 % en France et qui représente pas moins de 54 % des recettes fiscales ! Rapportés à leurs moyens, les ménages les moins aisés consacrent 12,7 % de leur revenu disponible à la TVA contre seulement 4 % pour les plus aisés. Et les crédits d’impôt, quant à eux, bénéficient avant tout à ceux qui peuvent investir.
Mais en dépit d’un système qui expose ses limites et contradictions les plus profondes, Emmanuel Macron et son Premier ministre, Édouard Philippe, n’ont pas témoigné jusqu’à ce jour leur intention de remettre en question de manière radicale la fiscalité en France. Et encore moins celle d’instaurer plus de démocratie et de transparence dans le fonctionnement des institutions via la mise en de place de nouveaux mécanismes de participation, comme le Referendum d’Initiative Citoyenne. Tout ceci ne risque-t-il pas, in fine, de mener la société au bord de l’explosion ?
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