Le 1er juin 2025, Greta Thunberg et Rima Hassan ont embarqué à bord du voilier Madleen depuis l’Italie. Leur objectif était clair : briser le blocus de Gaza et dénoncer le génocide en cours. Retour sur une expédition semée d’embûches et qui a attiré l’attention du monde entier.

Depuis mars 2025, la bande de Gaza est soumise à un blocus total par le pouvoir Israélien. Cet embargo empêche toute aide humanitaire de parvenir aux civils encore prisonniers de cette zone dévastée. Ce qui ne fait qu’aggraver une crise humanitaire déjà alarmante.

À l’heure actuelle, plus de 2 millions de personnes font face à une pénurie d’eau, de nourriture et de médicaments (OMS). Ainsi, d’après Amnesty International, ces deux mois de siège sont des preuves supplémentaires du génocide en cours. Greta Thundberg, militante écologiste suédoise et Rima Hassan, juriste et députée européenne, ont donc souhaité dénoncer l’éradication du peuple Palestinien. 

Comment ? Par une flottille direction Gaza qui a depuis été interceptée par Israël. Retour à bord du bateau pour comprendre ce qui s’y est passé, au-delà de l’imaginaire médiatique fabriqué autour de ce voyage humanitaire.

Briser le blocus par la mer : un voyage stratégique et symbolique pour Gaza

Ce 1er juin 2025, un voilier affrété par la Coalition de la Flottille de la Liberté a pris le large vers Gaza pour un voyage symbolique. Baptisé le « Madleen », comme la première pêcheuse professionnelle palestinienne à Gaza Madleen Kullab, il avait à son bord la députée Rima Hassan et la militante écologiste Greta Thunberg, mais aussi une dizaine d’autres activistes dont des journalistes et des médecins.

Lancée depuis quelques jours vers sa destination, l’embarcation a cependant intercepté une alerte de Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) à propos d’un bateau de fortune à proximité de leur position. Ainsi, l’équipage n’a pas hésité à temporairement dévier de son cap pour sauver des réfugiés de la noyade. Un geste fort, quand on sait que la Méditerranée est la frontière la plus meurtrière au monde.

L’équipage a très largement documenté sa traversée sur les réseaux sociaux. Il faut dire que dans un contexte aussi tendu, la visibilité reste la meilleure défense. Dans son journal de bord régulier, Rima Hassan révèle notamment que le navire a été survolé dans la nuit du mardi 3 juin par des drones de surveillance grecque.

L’armée israélienne est quant à elle intervenue dans la nuit du 8 au 9 juin. Elle a alors intercepté et dérouté le bateau pour l’escorter vers les côtes israéliennes, consignant les militants dans la cale.

Isolement, humiliations et privation de droits : le traitement des militants du Madleen

Une fois arrimés au port d’Ashdod, les militants ont été détenus sur place. Ils ont été soumis à des examens médicaux, fouillés et interrogés. D’après Baptiste André, lui et ses camarades ont subi des maltraitances une fois entre les mains des forces israéliennes. Malgré un retour triomphal en France, l’homme est amer. Il dénonce des privations de sommeil, ainsi que des restrictions d’accès à l’eau, la nourriture, ou encore aux sanitaires.

Rima Hassan a quant à elle été placée en isolement dans une geôle insalubre, avant d’entamer une grève de la faim. Son crime ? Avoir écrit « free Palestine » sur un mur… L’avocate Hadeel Abu Saleh dénonce une agressivité manifeste de la part des autorités envers l’eurodéputée.

L’intimidation atteint son paroxysme lorsqu’on les oblige à visionner la vidéo du 7 octobre 2023. L’enregistrement de près de 50 minutes est une compilation d’images montrant les massacres commis par les militants du Hamas. Et qui sert d’excuse pour ordonner l’extermination d’un peuple.

Interception du Madleen : quelles réactions politiques et quel impact médiatique ?

@Fotomovimiento/Flickr

Si le navire n’a pas atteint gaza, son périple aura eu le mérite d’attirer l’attention. L’histoire s’est en effet répandue comme une traînée de poudre, jusqu’à atteindre une visibilité mondiale. Elle a relancé le débat dans les médias, et déclenché des vagues de soutien.

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Seul le temps dira si ce baroud d’honneur aura influencé un réel changement diplomatique. En revanche, rien n’a bougé sur le terrain. Le gant de fer qui étouffe gaza ne semble pas près de se relâcher alors que le blocus continue de plus belle…

En France, les réactions des média ont par ailleurs été effroyablement prévisibles. Sans surprise, la droite réactionnaire a accusé Rima Hassan de n’être qu’un agent du Hamas. Le polémiste Eric Zemmour, lui, a clamé l’échec de l’opération de communication du Madleen.

Depuis son retour en France, Rima Hassan continue de s’attirer les foudres d’un bloc bourgeois acquis à Israël. Notamment car si elle condamne les atrocités commises, elle considère la lutte armée du Hamas comme légitime dans un contexte de colonisation.

Conclusion

« Le Madleen n’est pas arrivé jusqu’à Gaza. Mais il a atteint un autre rivage : celui des consciences ».

Le Madleen n’est pas arrivé jusqu’à Gaza. Il n’a pas livré ses médicaments. Il n’a pas non plus percé le blocus. Mais il a atteint un autre rivage : celui des consciences. Dans un monde saturé, ce voilier pacifiste rappelle que la solidarité peut aussi être un acte de désobéissance. Ces militants ont mis leurs vies en péril pour dénoncer le génocide en cours.

Qu’on les accuse de provocation ou qu’on salue leur courage, leur traversée a brisé un silence. Et si elle n’a pas changé le cours des événements, surtout à l’heure où le conflit israélo-iranien éclipse insidieusement les gazaouis, elle en a changé la narration. Le Madleen n’a pas seulement été un bateau, mais une balise morale. Un rappel que là où la politique échoue, il reste l’éthique du geste.

– F.D


Image d’entête @/Flickr

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