Alors que les technologies n’ont jamais été aussi perfectionnées, paradoxalement, les rapports relatant les dommages environnementaux n’ont jamais été aussi alarmants. L’utilisation à outrance du plastique jetable est souvent pointée du doigt comme responsable d’un impact écologique important, si bien que certaines villes vont jusqu’à bannir l’utilisation des bouteilles en plastique. Hydaway, une start up américaine, a présenté récemment une nouvelle bouteille éco-conçue et réutilisable. Révolution écologiquement viable ou gadget commercial ?

Les déboires de la bouteille plastique

Chaque année, les populations consomment près de 89 milliards de bouteilles en plastique à travers le monde. Si le Français préfère majoritairement l’eau du robinet, il consomme en moyenne 142 litres d’eau en bouteille, par an et par personne, dont la composition dérive du pétrole, une ressource épuisable et polluante déjà à sa source. En effet toutes les bouteilles plastiques comportent un élément bien précis « le  PET » ( ou « Polytéréphtalate d’éthylène » ), du pétrole raffiné. Si ce matériau peut être recyclé, 49% des bouteilles finissent compactées puis enfouies quand elles ne se perdent pas dans la nature et finissent dans l’océan.

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La dégradation totale d’une bouteille en plastique se compte en centaines d’années (entre 100 et 1000 ans), et le traitement des déchets entraîne un coût énergétique et financier considérable, dont certains pays peu scrupuleux n’hésitent pas à se priver en recourant à des méthodes irrespectueuses de l’environnement. De ce fait, les bouteilles et les composites plastiques en général envahissent les écosystèmes, ravageant la faune et la flore. Par ailleurs, l’élaboration de bouteilles en plastique libère chaque année 2 millions de tonnes de CO2. Outre les nuisances matérielles directes, leur fabrication participe donc aussi au réchauffement climatique.

Hydaway, ou la bouteille du future ?

Attristé par les 139 000 bouteilles plastique jetées chaque minute, l’américain Niki Singlaub a mûrement réfléchi à un nouveau concept plus respectueux de l’environnement et plus économique dès le court terme. Constatant les désastres écologiques liés à ce commerce florissant, l’eau des bouteilles plastique se vendant 100 à 300 fois plus cher que celle s’écoulant du robinet, il crée en 2012 « Hydaway » et présente quelques années plus tard ses « Hydaway Bottle » rétractables.

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Face à l’échec des gourdes, lourdes, rigides et encombrantes, Singlaub commercialisera une bouteille réutilisable pouvant contenir près de 600 ml de boisson. Là où son concept se démarque, c’est que la Hydaway tient dans la poche, grâce à sa structure siliconée, elle peut se rétracter à volonté. La sortie officielle de cette bouteille est prévue en septembre 2015 mais elle est déjà disponible à la prévente sur le site officiel pour un peu plus de 17€. Sa présentation à notamment faire le buzz sur les réseaux sociaux américains lors d’une campagne de financement participatif.

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Un gadget de plus ?

Certes, la bouteille Hydaway présente des avantages séduisants si on considère que les consommateurs sont prêt à bannir la bouteille en plastique au profit d’un gourde pliable, mais est-elle vraiment aboutie ? Avant toute chose, sa structure en silicone et ses embouts de plastique paraissent assez inappropriés, puisque si leur objectif est de proposer un produit répondant aux critères du développement durable, les matériaux choisis devraient être un minimum écologiques.

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Le silicone fut pourtant apprécié pour sa capacité à ne pas se désagréger. Sa dégradation en milieu naturel est donc longue ce qui en fait un déchet particulièrement embêtant. D’autres solutions existent pourtant comme le latex issu de l’hévéa (arbre d’Amazonie) dont les propriétés sont similaires une fois transformé en caoutchouc pouvant avoir des capacités biodégradables dans certaines conditions. De surcroît, le prix annoncé est difficilement compréhensible pour un produit issu d’une chaine industrielle classique sans employer de matériaux naturels.

Il peut se produire un effet indésirable d’addition alors qu’une soustraction est attendue. Par exemple, il est probable que la consommation de bouteilles en plastique continue à croitre au même rythme, additionnant l’impact d’une nouvelle production de bouteilles en silicone à celle-ci. Néanmoins certains pourront juger que le remplacement de la bouteille en plastique par un similaire réutilisable reste une bonne chose indépendamment de sa matière.

Aller plus loin et questionner le collectif

Dans ce type de problématique, il est important de questionner les grandes décisions collectives et ceux qui peuvent les mener. Citons par exemple San Francisco qui a interdit la vente de bouteilles d’eau en plastique sur tout son territoire avec pour objectif « zéro déchet » à l’horizon 2020. Dans ce cadre, une alternative comme Hydaway (et équivalents) apparait un mal (ou un bien) nécessaire. Sur la côte Est américaine, par exemple, on peut constater la démocratisation des gourdes et leur utilisation de plus en plus systématique, signifiant une prise de conscience de certains consommateurs.

Si l’émergence de concepts tel que la Hydaway semble rassurante, elle n’est toutefois pas suffisante. Sans l’appui des consommateurs, du monde politique et d’une profonde modification de l’appareil productif, cette nouvelle technologie se rajoutera à la longue liste des goodies inutilisés qui trainent aux fonds de nos tiroirs. Le concept semble néanmoins avoir trouvé son public aux États-Unis avec plus de 250 000 euros collectés grâce à 5 783 contributeurs ! La fameuse bouteille rétractable devrait bientôt inonder le marché.


Sources : wedemain.fr / espacebuzz.com / kickstarter.com

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