En pleine campagne nationale pour dénoncer les pratiques financières de Starbucks, l’association I-boycott vient de subir plusieurs attaques informatiques coordonnées visant à empêcher le fonctionnement régulier de l’association. Les responsables du projet de boycott national nous expriment leur indignation.
Depuis mercredi dernier, I-boycott aurait subi au moins trois attaques informatiques consécutives. D’abord contre l’application Buy Or Not via des requêtes en série (30 par secondes), ce qui a rapidement rendu le service inaccessible. « Deux jours après, c’est le site I-boycott qui a été piraté et a subi une attaque DDOS (attaque par déni de service. Ndlr.), le lendemain, c’était le tour buyOrNot », poursuit Levent Acar. Ce sont donc les différents sites de l’organisme qui semblent avoir été ciblés pendant plusieurs jours, ce qui suggère une attaque coordonnée.
Désormais, le fondateur d’I-Boycott souffle un peu : « toutes les plateformes d’I-boycott ont pu être rétablies, on a tout nettoyé. Cela aurait pu être pire », nous indique-t-il. Il pointe « une attaque menée de manière méthodique et pas seulement par malveillance » et souligne qu’il n’avait jamais été confronté à une telle situation jusqu’à présent. Selon lui, tout semble indiquer que les auteurs de l’attaque, qui n’ont pas pu être identifiés, ont voulu nuire aux infrastructures de la plateforme de boycott. Ainsi, pendant la durée des attaques, plusieurs milliers de requêtes d’utilisateurs ont été rejetées. « Cela aura potentiellement des répercussions pour nous, lorsqu’une application ne marche pas, les utilisateurs la désinstallent« , commente Levent Acar. À savoir que l’application fut lancée récemment et reste donc en pleine phase stratégie d’expansion.
I-Boycott se mobilise contre l’évasion fiscale
Cette série d’attaques coïncide avec une vaste campagne lancée il y a quelques semaines par I-boycott contre Starbucks et suivie par d’autres organisations comme Attac et Alternatiba. Principale cible de cette action, les pratiques d’évasion fiscale dont est accusée la multinationale. « On va se concentrer sur cette société et tant qu’elle ne prendra par des engagements sérieux on persistera », explique le militant.
Dans le détail, les organisateurs reprochent à la multinationale d’avoir recours à des « mécanismes d’optimisation fiscale depuis plus de dix ans pour échapper au fisc », mais aussi que « Starbucks coffee France n’a jamais payé d’impôt sur les sociétés depuis son installation en 2004, car elle ne déclare aucun bénéfice touché en France, alors que le nombre de franchises françaises ne cesse de croître ». Plus de 14 ans d’activité sans bénéfice déclaré ? Voilà une injustice qui a l’art d’indigner les militants d’I-boycott.
Pour faire plier la multinationale sur ce sujet – au cœur des problématiques liées à l’égalité et à la justice sociale – les militants multiplient les actions de terrain et interventions médiatiques. En intervenant de manière régulière sur le terrain devant les enseignes de la marque, I-boycott entend accentuer la pression de l’opinion publique et éventuellement provoquer un effet domino ou un précédent qui pourrait contraindre d’autres multinationales ayant des pratiques similaires à respecter leurs obligations fiscales, comme toute entreprise sur le territoire.
Pour rappel, I-Boycott a pour but d’organiser un boycott citoyen bienveillant, non seulement pour contraindre les marques les plus polluantes ou peu regardantes sur les droits sociaux à faire évoluer leurs pratiques, mais aussi afin de soulever un débat d’ampleur sur ces enjeux et nos choix de consommation. La plateforme de l’association recense les marques qui font l’objet des critiques les plus sévères et donne accès à des fiches produits via son application afin de guider les consommateurs dans leurs achats. Une démarche qui n’empêche pas les militants d’I-boycott d’admettre qu’une évolution structurelle est désormais également nécessaire pour contraindre les entreprises à évoluer.
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