Des idées pour changer l’Histoire ? C’est le projet d’Isaac Asimov, célèbre auteur de science fiction décédé en 1992 et à l’origine de la série de Nouvelles Fondations, récompensée par le prix de la “meilleure série de tous les temps”. Asimov est particulièrement réputé pour ses prédictions rationnelles qui s’avèrent étonnamment justes. Asimov nous livre un récit inédit, un essai, rédigé à l’origine en 1959, présentant 5 “commandements” propices à la créativité et au débat d’idées. Publié le mois dernier dans le MIT Technology Review, l’essai est basé sur le libre cours imaginatif et sur la libre expression effectuée de manière organisée. A s’en inspirer sans modération.


1. Rassembler connaisseurs et excentriques

Pour l’auteur, le processus de créativité est similaire dans tous les domaines de recherche. La grande idée ne sort pas de nulle part, mais d’une connexion inattendue de plusieurs faits ou idées déjà étudiés. Pour faire émerger un concept inédit, il faut donc rassembler des personnes ayant des connaissances fines du sujet et d’autres qui n’ont pas peur de proposer des rapprochements un peu fous. Si cette connexion n’a pas nécessité d’audace, c’est qu’elle n’est qu’une idée corollaire à une idée plus ancienne.

 

2. Créer une ambiance de travail ouverte au réflexions

« Le plus important est de laisser une certaine quiétude et permissivité. Le monde, en général, désapprouve la créativité, et être créatif en public est particulièrement mal vu. Même émettre une supposition en public semble inquiétant. [En session de réflexion] les personnes doivent avoir le sentiment qu’on ne les désapprouvera pas. »

Ceci écarte naturellement deux types de personnes : ceux n’étant pas prêts à entendre des idées “stupides” et ceux ayant une réputation ou une autorité trop forte ce qui réduirait le groupe à une obéissance passive.

« Même si ces personnes sont individuellement très intéressantes, elles risquent de neutraliser les autres.»

 

3. Pas plus de cinq participants en même temps

« Le nombre optimal de personne dans chaque groupe ne doit pas être très élevé. Pas plus de cinq personnes ne sont nécessaires. Un nombre plus élevé de personnes permettrait d’apporter davantage d’informations, mais la tension créée par l’attente de pouvoir s’exprimer peut devenir très frustrante. »

 

4. Cultiver l’informel et éliminer le sentiment de responsabilité

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« La jovialité, l’usage des prénoms, les blagues, sont – je pense – à l’origine des idées. Pas en eux-mêmes, mais parce qu’ils participent à l’enthousiasme qui doit accompagner de la folie créatrice. »

L’auteur favorise donc les réunions chez l’un des participants ou dans une atmosphère conviviale au détriment des salles prévues à cet effet. Un concept particulièrement original dans une société très codée à son époque.

« La chose qui inhibe le plus cette créativité, est sûrement le sentiment de responsabilité. Les plus grandes idées des derniers siècles sont venues de personnes qui n’étaient pas payées pour avoir cette idée. […] Les idées sortent des portes secondaires. »

Se sentir coupable de ne pas avoir eu d’idée est selon Asimov le moyen le plus sûr pour que cette idée n’émerge jamais.


5. Trouver un psychanalyste et un arbitre

« Il faut qu’une personne ait un rôle proche de celui du psychanalyste, c’est-à-dire poser les bonnes questions pour laisser les personnes parler de leur passé afin d’obtenir de nouvelles connaissances. »

Malgré le fait que ces séances de réflexions se déroulent dans un cadre convivial, l’auteur préconise tout de même la mise en place d’un cadre, de règles. D’où le rôle de l’arbitre sans réel pouvoir censé guider les réflexions.

A l’heure ou les débats citoyens et politiques prolifèrent notamment avec les réseaux sociaux, ne serait-il pas utile de se donner quelques règles de “bonne conduite” à suivre librement ou pas et instaurer un cadre démocratique propice à la diffusion d’idées nouvelles? Le respect de ces “commandements” en politique influerait-il positivement sur les décisions à prendre ?

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In 1959, I worked as a scientist at Allied Research Associates in Boston. The company was an MIT spinoff that originally focused on the effects of nuclear weapons on aircraft structures. The company received a contract with the acronym GLIPAR (Guide Line Identification Program for Antimissile Research) from the Advanced Research Projects Agency to elicit the most creative approaches possible for a ballistic missile defense system. The government recognized that no matter how much was spent on improving and expanding current technology, it would remain inadequate. They wanted us and a few other contractors to think “out of the box.”

 Lire l’article de MIT Technology Review

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