En mars 2016, un étudiant islandais présentait son invention révolutionnaire à l’occasion d’un festival du design en Islande : une bouteille d’eau biodégradable. Faite à base d’agar, une substance créée à partir d’algues marines, elle demeure solide malgré le liquide… jusqu’à ce qu’elle soit vidée ! Découverte.

Ce n’est plus un secret, le plastique est une plaie environnementale d’envergure mondiale. Si des efforts ont été réalisés ces dernières années, certaines grandes surfaces ayant cessé de fournir des sachets et choisi de commercialise des cabas à la place, les solutions proposées restent souvent à la surface des choses et ne questionnent pas les modes de production. Il reste encore beaucoup à faire en amont. En témoigne d’une façon tristement éclatante le « septième continent », cette vaste zone d’une superficie égale à six fois celle de la France constituée de détritus de tous types (chaussures de sport, brosses à dent, sacs plastiques, bouteilles…) et de toutes tailles qui flotte dans le Pacifique nord. Et sa croissance ne s’arrête pas : sa superficie augmenterait de 80 000 km² chaque année ! D’autres zones du même type existent d’ailleurs dans les autres océans de la planète.

D’après la revue PLOS ONE, ce sont plus de « 269 000 tonnes constituées de plus de 5 mille milliards de particules de toutes tailles » qui flottent dans les océans, décharges à ciel ouvert d’un autre genre. En janvier 2016, la Fondation Ellen MacArthur a estimé qu’il y aurait autant de plastique que de poissons (en poids) dans les océans d’ici 2050. Quelque 1,5 million d’animaux en mourraient chaque année : tortues, albatros, dauphins, poissons, baleines, etc. La consommation de poissons de mer ramène, in fine, ces particules dans notre alimentation. Mais l’ignorance des consommateurs à travers le monde et l’indifférence des pouvoirs publics et industries à la question ne promet pas une résolution rapide du problème.

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S’accommoder du tout-jetable

Après le bio-plastique qui se dégrade en fertilisant naturel, l’éco-gobelet ou l’emballage comestible, une nouvelle invention se propose comme alternative écologique aux bouteilles en plastique. Étudiant en design de produits à l’Académie des Arts d’Islande, Ari Jónsson a conçu une bouteille biodégradable à base d’algues. Son invention a été exposée en mars 2016 à l’occasion du festival DesignMarch, à Reykjavik. « J’ai lu que 50% du plastique n’est utilisé qu’une fois puis jeté et je sens qu’il existe un besoin urgent de trouver des moyens de remplacer une partie de la quantité irréelle de plastique que nous faisons, utilisons et rejetons chaque jour », a-t-il expliqué à Dezeen.

Ses recherches l’ont conduit à recourir à l’agar, une substance à base d’algues et qui, combinée à l’eau forme une matière gélatineuse : l’ingrédient est d’ailleurs utilisé en cuisine comme épaississant ou gélifiant. Une fois les justes proportions trouvées, l’étudiant a réchauffé puis versé la substance dans un moule en forme de bouteille conservé au frigo. En faisant ensuite tourner le moule à l’intérieur d’un seau d’eau glacée, le liquide a pris forme de bouteille. Puis le moule a été placé au frigo quelques minutes avant que la bouteille d’agar en soit extraite. Résultat : une bouteille plastique saine et biodégradable. Mais celle-ci possède une caractéristique majeur : elle demeure solide tant qu’elle est pleine et commence à se décomposer sitôt vide. Autre particularité, si l’eau n’est consommée qu’après un certain temps, elle prend graduellement la saveur naturelle de la bouteille. Ari Jónsson avance que ceux à qui le goût plairait devraient même croquer dans la bouteille. Si le processus de production peut sembler archaïque, il fonctionne parfaitement et ne demande qu’à être industrialisé.

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La concurrence libre fait gagner le plastique

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L’initiative n’est heureusement pas isolée. Nous vous avions d’ailleurs parlé du bioplastique « made in France » à partir d’une autre algue. À partir de matériaux naturels, biologiques et biodégradables, des inventeurs de divers pays s’affairent à trouver des solutions alternatives au plastique. Des solutions qui, aussi ingénieuses soient-elles, paraissent de faible envergure face à l’industrie pétrochimique et, surtout, ne proposent qu’un aménagement du tout-jetable dans la logique illusoire du « capitalisme vert ». Et c’est là tout le problème. Le plastique synthétique étant moins cher, et les États n’offrant pratiquement aucune aide suffisante, la transition industrielle de large échelle est imperceptible. Bien trop lente pour ralentir, même un peu, cette crise environnementale qui nous assaille de toutes parts. Limiter les dégâts ? n’y a-t-il pas d’horizon collectif plus haut ?

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Sources : BioàlaUne.com / LeMonde.fr / LeFigaro.fr / Dezeen.com

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