Kazakhstan : « Quand la Terre Avala la Mer » (Film)

    « Quand la Terre avala la Mer » c’est le titre d’un documentaire à paraître fin de l’année. Un documentaire d’un genre un peu particulier puisqu’il relatera une histoire inventée mais basée sur des faits réels : le futur imaginaire du Kazakhstan, où toute vie aura bien disparu laissant la place à la désolation. Où à la mer aura succédé une terre stérile. La faute aux excès de la civilisation industrielle qui aura finalement épuisé l’environnement. Alors, on peut se rassurer, s’il s’agit là d’une fiction, cette vision d’un futur apocalyptique est plausible si l’Humanité ne réagit pas à temps.

    Dans un monde aseptisé de toute vie, où le temps semble s’être arrêté, elle observe. Au milieu d’un vaste désert de chaos, autrefois fourmillant de vie, la mer d’Aral n’est plus que l’ombre d’elle même. Épuisée par les excès de la toute puissance industrielle, son œil balaie le destin de ses fantômes passés, présents, et futurs. Le Kazakhstan, aux facettes claires obscures, est tiraillé entre deux natures.

    L’une est très sauvage, faite de steppes, déserts, montagnes arides et foisonnantes d’une multitude de créatures ancestrales. L’autre est jonchée d’effervescentes forêts de bitume et de montagnes de gratte-ciel, aspirant sa faune et son histoire. Issue d’un monde sauvage persistant, l’Antilope Saïga est l’un des derniers ponts entre un héritage passé et présent. À la croisée d’un monde visible et invisible, voici l’histoire qui suivit le jour où la terre avala la mer.

    ©ACBK Alyona Koshkina

    Voici le synopsis du documentaire imaginé par une équipe de douze jeunes cinéastes engagés. Chacun d’entre eux, quel que soit son rôle (réalisateur, scénariste, cheffe opératrice…) s’est rendu au Kazakhstan pour en rapporter des images bien sûr mais aussi pour apporter au film son regard personnel. Tous se sont rencontrés en 2017 alors qu’ils intégraient la même école pour une formation de deux ans, l’Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier de Ménigoute, la seule école dédiée au cinéma nature en Europe. Car s’ils viennent des quatre coins de la France, ces douze jeunes gens ont en commun l’amour de la Nature et la défense de l’Environnement leur tient particulièrement à cœur. « Quand la Terre avala la Mer » marque par ailleurs le début de leur vie professionnelle, un film pour lequel le groupe s’est investi de manière à maîtriser toutes les étapes de sa réalisation du scénario, aux prises de vues et de son, au montage, jusqu’à la postproduction finale.

    Concernant le scénario justement, l’équipe s’est inspirée de deux évènements ayant marqué l’histoire du Kazakhstan. Le premier fut une épidémie massive qui, en décimant 100 000 antilopes saïgas, a manqué d’entraîner de peu la disparition totale de l’espèce. Une épidémie dont la cause serait liée en partie au changement climatique. Paradoxe : les antilopes sont dorénavant trop peu nombreuses pour aider à la régénération de la steppe. Tout est déséquilibré.

    Les populations humaines et animales sont condamnées à migrer, s’adapter ou disparaître.

    Le second évènement marquant fut la catastrophique assèchement de la mer d’Aral. Alors qu’elle était le quatrième plus grand lac du monde en 1960, il a suffit d’une cinquantaine d’années pour qu’elle perde 75% de sa surface et 90% de son volume à cause d’énormes besoins en eau d’une agriculture intensive irrespectueuse des équilibres du vivant. Les populations humaines et animales qui en dépendent sont condamnées à migrer, s’adapter ou disparaître. Des écosystèmes s’appauvrissent et sont en train de disparaître.

    Captures de l’équipe de tournage.

    Outre ces drames, si le Kazakhstan a été choisi par l’équipe de tournage, c’est aussi en raison de son histoire marquante, sa faune riche, ses paysages de steppes et de plateaux exceptionnels, et des transformations nées de sa rapide industrialisation à l’époque soviétique. Car le pays n’est indépendant que depuis 30 ans à peine. Auparavant, il appartenait à l’Union Soviétique qui a transformé en profondeur le style de vie des peuples nomades vivant de l’élevage qui le peuplait alors. L’industrialisation à marche forcée du pays a laissé des marques indélébiles qui serviront à illustrer les moments les plus sombres du film : l’assèchement de la mer d’Aral qui a crée d’immenses déserts de sel, l’abandon de villages de pêcheurs, le déclin du nomadisme et aussi les ruines laissées par le régime (le réseau de tramway, la forêt submergée de Kaindy Lake, la capitale ultra moderne Nur-Sultan).

    ©ACBK Vladimir Terentiev

    Mais loin de ne proposer qu’un portrait dramatique, le spectateur peut aussi s’attendre à des visions merveilleuses comme la Stepnoy Reserve, l’un des lieux où les troupeaux d’antilopes saïgas font étape lors de leur migration annuelle. Au lac Tengiz on rencontrera d’immenses colonies de flamants roses. On s’émerveillera également des chaînes de montagnes hautes de plus de 7 000 mètres, des champs de tulipes à perte de vue dans de larges vallées. La beauté naturelle d’un pays et les dégâts environnementaux dont il a souffert et souffre toujours de par l’inconséquence des Hommes créent ce contraste particulier propice à la vision post-apocalyptique présentée par « Quand la Terre avala la Mer ».

    Captures de l’équipe de tournage.

    Une vision qui prend forme d’avertissement, car le Kazakhstan n’est évidemment pas le seul pays touché mais les catastrophes prennent ici une ampleur extrême, palpable, concrète. Si un message à portée environnementale se dégage indubitablement de Quand la Terre avala la Mer, pointent également de la frustration et de l’impuissance face à de tels drames écologiques et sociaux. Ce sentiment d’être peu de chose devant le TGV de la « modernité » lancé à toute vitesse. Et pourtant, il nous faudra tôt ou tard avoir le courage de sauter du train en marche pour construire un monde plus serein et paisible.
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    S. Barret


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